2019/12/07

L'entretien téléphonique (Crise internationale 8)









Boosté par cette perspective de challenge, il réattaqua :

- Toi et moi, on se ressemble. J’entends par là qu’on est mû par les mêmes idéaux, la justice, la démocratie, les droits de l’homme. Pour ainsi dire, depuis plus d’une décennie maintenant, nos deux pays sont sur la même longueur d’onde, l’Afghanistan, la Syrie, autant de terrains d’entrainement qui ont permis de nous rapprocher, de forger notre entente... 

Dès la prononciation du mot justice, Moumoute avait produit des bruits de bouche, signe qu’il avait décroché. Trèbon qui l’avait compris avait accéléré son débit et décidé de simplifier au maximum ses propos.

- Bref, nous luttons pour le Bien, asséna-t-il, content de ce raccourci compréhensible par un enfant de deux ans.

- Ouais, pour le Bien ! réagit Moumoute dont le concept avait réactivé des connexions poussiéreuses dans le cerveau.

- Nous sommes le Bien ! surenchérit Trèbon, emporté par son élan.

- Le Bien ! répéta Moumoute, plus parce que ça l’amusait et lui rappelait l’ambiance dans les stades de football que par conviction. D’ailleurs, il commençait à en avoir ras-le-bol de cet échange. Aussi, somma-t-il à son homologue d’abréger.

Refroidi par cette injonction, Trèbon prit sur lui et demanda :

- Ne projettes-tu pas bientôt d’attaquer le Mal quelque part ?

- What ?

- Une guerre, balbutia le président français. Projettes-tu d’attaquer bientôt un pays mauvais ? Parce que... si tu le fais, on pourrait s’associer... Comme pour la Syrie et l’Afghanistan. Together. Brothers in arms. Like a candle in the wind.

Alors qu’il s’attendait à un moment de réflexion, la réponse du businessman au casque jaune chips fusa comme un gaz au chou farci de haricots rouges.

- Qu’est-ce que tu me donnes en échange ?

Déstabilisé, Trèbon ne sut que répondre. Et quand il trouva, l’autre avait raccroché depuis une trentaine de secondes.

 

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