2012/11/26

Avoir un bon docteur (Extrait 5)


Cela fait trois semaines que je suis en arrêt de travail. Pour dépression. J’ai consulté trois médecins pour obtenir un arrêt potable. Le premier ne voulait même pas me filer un jour. Estimant que ma dépression était mineure, il m’avait prescrit un régime à base de vitamines et recommandé de faire du sport. « Courez ! » s’était-il écrié comme le prophète du dieu jogging « Ca va vous remettre d’aplomb ! ». Je lui aurais bien fait bouffer son stéthoscope qui frémissait servilement à ses paroles. Autour de moi, les gens passent leur temps à courir et ils en deviennent dingue – ce ne sont plus des mois d’arrêt qu’il leur faudrait mais des caissons d’hibernation. Ils sont terrifiants. Croient-ils qu’en courant, rien ne leur arrivera ? Croient-ils qu’ils gagnent quelque chose à détaler ainsi dans tous les sens ? A la limite, si cette action avait pour but de remplir leurs esprits de piétinements, je comprendrais. Mais sinon, franchement…

2012/11/24

Ma mère (Extrait 4)



Ma mère habite dans le même bâtiment que moi. Au onze. Au troisième étage. Quand je vais chez elle, c’est sa télé qui me réceptionne. Elle est toujours allumée. Lorsque ma mère s’absente, je me demande même si elle ne reste pas allumée. Ma mère déteste les hommes. Elle n’a connu que des déceptions avec eux. Pas un pour rattraper l’autre comme elle dit. Aussi, elle ne veut plus en voir un seul passer le pas de sa porte. Même pas le facteur. Je suis le seul à pénétrer dans son antre. 

2012/11/21

Le centre commercial (Extrait 3)



Le truc qui rassure tout de suite, c’est d’être à côté d’un centre commercial. Vraiment, lorsqu’on vit à côté d’un tel édifice, on se retire facile la moitié des angoisses. 

2012/11/19

L'appartement (Extrait 2)


Mon appartement est un trois pièces. Ses murs doivent être en polystyrène (j’ai pas encore essayé d’en traverser un en courant) vu qu’on entend parfaitement ce que font et disent les voisins. Dans la salle à manger, j’ai mis une plante (un ficus) qui s’appelle Joséphine. Je lui parle et elle ne me répond pas. Quand je sens qu’elle désapprouve mon point de vue, je ne l’arrose pas pendant une semaine. 

2012/11/15

L'immeuble (Extrait 1)



J’habite un immeuble en banlieue. Le truc date des années 70, une longue barre blanche constituée de matériaux fragiles. D’un côté, le parking, de l’autre un cimetière, pas très loin un centre commercial puis d’autres immeubles, plein d’autres, l’air mal foutus, bizarres.

2012/11/13

L'immeuble




L’immeuble a été écrit dans la douleur. Un truc que je portais depuis longtemps. Il y a eu plusieurs faux départs et puis un jour, c’est vraiment parti. Au fur et à mesure de son écriture, je me suis rendu compte que cette histoire ne suffirait pas. Il manquait des éléments pour que le tableau soit complet. Ce roman est donc le premier volet d’une trilogie – il raconte l’histoire de Boris qui vit seul dans un immeuble en banlieue. Comme il n’aime pas bosser, il s’est mis en arrêt maladie. Comme il n’aime pas ses voisins, il les évite comme la peste. De temps à autre, il va manger chez sa mère qui habite dans le même immeuble que lui, au onze. Même si sa vie est au point mort, elle lui convient et il est prêt à tout pour garder sa tranquillité. Hélas pour lui, des événements extérieurs vont perturber son train-train, l’obligeant à agir.

Extrait au prochain post

2012/11/03

Les deux petits vieux (Scène de vie 5)



Deux petits vieux s’installent à la terrasse déserte d’un café.
Lui est noir, maigre, avec une barbe blanche et porte un costume  en velours jaune trop grand.
Elle est vêtue d’une veste courte et sombre qui doit avoir son âge, d’un jean et de tennis bon marché. Sa paire basique de lunettes lui mange le visage.