2022/08/29

Lulu et le brontosaure de Judith Viorst

 


Récupéré dans une bibliothèque en plein air. Lu en une seule traite à 6 heures mat’ après m’être empêtré dans un essain de nouvelles plus inquiétantes les unes que les autres sur le net (je ne veux plus sortir de chez moi). Lulu veut un brontosaure pour son anniversaire en dépit du refus catégorique de ses parents. Comme elle n’en fait qu’à sa tête, elle s’en va dans la forêt peuplée d’animaux féroces et sauvages. Le début de l’histoire pour un lecteur qui a plus de 8 ans patine un peu. Oui, on a compris que Lulu est une peste. Oui, on a compris que ses parents cèdent à tous ses caprices. J’ai failli reprendre mon smartphone pour savoir si la plus grosse centrale nucléaire d’Europe en Ukraine n’avait pas explosé. Et puis, et puis… Lulu entre dans la forêt et ça devient plus fun, plus drôle, plus surprenant. Les répétitions qui menaçaient de noyer le récit au départ, lui donnent un rythme nouveau et exaltant. L’autrice s’amuse et s’invite dans l’histoire, multipliant les blagues et réflexions absurdes. À la fin, on a le cœur léger et le cheese aux babines. Si, si, pendant deux minutes facilement, avant que ton smartphone ne t’alerte de l’alliance de la dixième vague de sous variant Covid avec le réchauffement climatique.

 

2022/08/25

The gray man

 

 


 Vu en quatorze fois. Sorte de James Bond avec Captain America en méchu moustachant. Certains diront que Ryan Gosling est hypnotique. Moi je dirais plutôt mutique, limite moule vide sur un tas de ses congénères dans une rue à la brocante de Lille. Son jeu n’est pas sans rappeler celui de Drive, sauf qu’il n’est pas tout le temps dans une bagnole. Rien ne l’émeut vraiment. Et quand une bombe explose près de lui, il se recoiffe avec son souffle (pas besoin de peigne). Sinon rien de nouveau sous le soleil dans ce film d’action qui n’a d’ailleurs pas la prétention de renouveler le genre (plutôt de le perpétuer outrageusement). Les flingues et les grenades ont plus de dialogues que les personnages et les morts s’accumulent comme les coquilles de moules dont j’ai déjà parlé plus haut, oui, à la brocante de Lille, rappelez-vous. Limite le spectacle de ces amas sombres et luisants sur les trottoirs touchent plus que les types en train de crever par TGV entiers dans le film. Je sais que ce n’est pas le but recherché. Mais, mêmes si tous les butés, éclatés, écrabouillés, explosés, désossés et j’en passe sont des salauds de première, ne méritent-ils pas un peu de compassion ? Et vu que maintenant les spectateurs sont totalement insensibilisés à leur fin tragique, ne devrait-on pas les déguiser en moules ? Je dis ça, c’est juste une idée au passage. La prend qui veut. Tiens bizarre, j’ai soudain une grosse envie de frites.

2022/08/24

La thèse soutenue par le film Walter

 


 

Je veux revenir sur ma critique du film précédent où je disais que dans cette comédie ratée c’était paradoxalement l’acteur comique confirmé, Alban Ivanov, qui coulait le rafiot avec ses vannes lourdes vociférées comme une poissonnière (registre de la mer). J’ai été injuste avec lui. Car, après avoir maté la fin qui s’étire à rattraper son retard de sommeil, j’ai cru comprendre que c’était voulu. Il joue un méchant donc forcément ses blagues sont nazes. Leur répétition bourrine campe le personnage, un truand sans état d’âme bien vulgaire. Par contraste, ses jeunes complices apparaissent sympathiques avec leur humour de cour d’école niveau sixième. On sent l’intention de délivrer un message chez les auteurs de ce film. La fin d’ailleurs suscite le questionnement : pourquoi le salaud joué par Alban Ivanov termine en prison alors que ses gentils sbires restent en liberté, écopant seulement de travaux d’intérêts généraux ? Vous me direz, la réponse est contenue dans la question. Pas tout à fait. Cette clémence scénaristique pour les quatre bras cassés du long métrage (très long) est en rapport avec leur pratique de l’humour. Ces types sont braves parce qu’ils arrivent à être drôles de temps en temps. Telle est la moralité de « Walter ». Quand on s’efforce de ne pas être vulgaire, on est forcément bon et, de ce fait, aucune tuile ne peut nous tomber sur la gueule. Eh ouais.

2022/08/23

Walter


 

 

L’exemple parfait du film où les idées sont sympas sur le papier mais qui ne fonctionne pas du tout à l’écran d’ordi (mais en fait sur tous les écrans). C’est vrai, imaginer un gars de la sécurité en chef de guerre qui met en déroute une bande de pieds nickelés en plein braquage, je le dis net, j’achète (pas cher mais j’achète). J’imagine bien les types qui ont créé le scénar se marrer à chaque trouvaille de leur cru comme celle où le guerrier rend en centuple ce que les malfrats du dimanche lui ont fait subir : ah, ah ouais génial, tope-là mon pote ! Ouaip, sauf que devant la caméra, ça pschitte un fond de coca tiède en voie de dégazéification. Et pourtant encore, je le répète, y’a plein de bonnes idées – des répliques marrantes et des situasses à fort potentiel de poilade. Alors c’est quoi, le blème ? Le rythme peut-être, mollasson ou irrégulier. Les acteurs aussi. Paradoxalement c’est le comique confirmé dont le jeu sonne le plus faux. A part gueuler avec sa voix de vieux clébard errant à ses acolytes qu’il va tous les enculer, on ne cerne pas trop à quoi il sert. Toutes ses interventions sont à côté de la plaque et aplatissent la farce qui rame déjà pas mal. Bref, en regardant d’un œil ensommeillé cette comédie, j’ai souvent pensé : ah pas mal ça, suivi d’un oh comme c’est dommage.