2019/12/11

Régression (Métroscopie 164)



Plus je prends le B, plus je régresse. Au début j’arrivais à trouver une place puis je suis passé au strapontin puis maintenant je reste debout, appuyé contre une paroi du wagon. Et le pire c’est que ma situation peut encore se dégrader. Je peux passer de debout contre une paroi du wagon à debout une main crispée sur la barre de métal puis à debout près des portes sans pouvoir m’accrocher à rien du tout, puis enfin, honte ultime, à debout sur le quai un dixième de seconde après que les portes du RER m’aient claqué au nez. Rien que d’y penser, j’ai la nausée. Euh... y’a pas un docteur dans l’assistance pour m’arrêter ?... 

Je suis tellement démoralisé que je pourrais presque dépenser une partie de mon maigre salaire pour embaucher un coach de TV réalité afin de regagner un peu de niaque et de désir d’écraser mon prochain (si proche dans les transports en commun, trop proche).

Devant moi, une blondinette dit à ses copines que son stage dans un centre de dépistage de sida a été sympa. Deux types portant des écouteurs se blottissent dans leur musique. J’observe le soleil étendre langoureusement ses bras lumineux sur la ville. La journée va être belle, c’est déjà ça.

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