2020/12/16

Fixette contraceptive (Hollywood cauchemars 22)

 

 


 

La chambre suivante était libre. Sans échanger un mot, nous nous désapâmes puis nous frottâmes les parties génitales. En moins de temps qu’il n’en faut à un pharmacien pour refourguer à son client un traitement contre la calvitie et l’excès de morve hivernal (même en été), l’acteur hissa son pavillon égrillard (une tête de gland surplombant deux œufs de caille).

Seulement, au lieu de me combler les orifices comme un grand nombre de mâles, lui louvoya. Il fit glisser sa pine le long de ma colonne vertébrale, mordilla mes lobes d’oreilles, renifla mes mollets et ma chatte. Une véritable anguille qui n’arrêtait pas d’onduler autour de mon corps et de me manipuler comme un casse-tête (heureusement que j’étais souple !).

Était-ce donc cela l’amour à la française ? Un mélange de kinésithérapie et de yoga ? En tout cas, l’effet était moyen, je mouillais tiède et au compte-gouttes.

- Baise-moi, l’encourageai-je d’une voix langoureuse.

L’autre fit la sourde d’oreille et continua ses préliminaires fastidieux. Si bien que je voulus lui attraper la queue. Hélas, lorsque ma main l’effleurait, elle parvenait toujours à se dérober. « Cassée ! » disait alors J. J. Dujardin en se marrant comme un bossu.

À force, j’en eus marre et le dégageai d’un coup de pied.

- Qu’est-ce qui te prend ? s’étonna-t-il, outré.

- Écoute, faut que tu choizes, fis-je sévèrement. Soit tu pratiques l’ostéo, soit tu fais des blagues ou soit tu baises, mais pas tout en même temps !

- OK, OK, grogna-t-il. On baise.

Et il s’introduisit en moi. Au début, je ressentis du plaisir. Puis, petit à petit, le sourire bloqué de l’acteur allant et venant m’accapara.

Comme tout à l’heure, l’angoisse m’envahit. Qui avait installé ce maudit rictus sur son visage ? Était-ce un savant fou ? Un docteur en marge ? L’homme qui avait opéré J. J. Dujardin avait-il récupéré ce sourire sur un cadavre ?

J’imaginais l’acteur le bas du visage ensanglanté sur une table en bois et au-dessus de lui, le sourire neuf tenu par des câbles. Des éclairs intermittents éclairant la scène et le rire démentiel du tailleur de barbaque.

J’avais beau essayer de me concentrer sur l’ébat, la vue de ce sourire récurrent me rendait malade. Et à qui appartenait-il ? Le chirurgien hors-la-loi l’avait-il prélevé d’un psychopathe ?

Plus je le voyais et plus j’en étais convaincue. Oui, ce sourire n’avait rien de bienveillant. C’était un sourire de tordu, jubilant à l’accomplissement du mal.

Alimentée par cette idée, une vision d’horreur m’apparut. Le sourire se flétrit et projeta des larves !

Ce fut trop !

- Stop ! dis-je en freinant le coup en instance.

- Quoi encore ! éructa J. J. Dujardin, furax.

- La lumière. Faut l’éteindre. Je jouis mieux dans le noir.

 

2020/12/04

Exagération (Adieu ligne 13)

 

 


 Lorsque le trafic est perturbé le temps de parcours entre chaque station donne l’impression d’effectuer plusieurs fois de suite le trajet Paris-Marseille sous terre.

2020/12/03

Progrès technique ? (Pensée)

 


Les inventions type bagnole ou téléphone sont moins dues au désir de progrès chez l'homme qu'à celui bien plus impérieux de faire du bruit.

Conversation entre collègues (Hollywood cauchemars 21)


 

Nous grimpâmes les escaliers lentement. À intervalles réguliers, J. J. Dujardin tournait la tête dans ma direction et m’adressait un clin d’œil plein de concupiscence. J’y répondais par un sourire neutre du style : « OK, j’te suis mais t’attends pas à ce que je te turlute ».

À l’étage, l’acteur me pelota fiévreusement, attardant ses mains sur mes fesses et mes mamelles. Je laissai faire.

À côté de nous, un autre couple se bouffait le visage avec de forts bruits de succion. Deux viandes stone et en manque. Dans pas longtemps, l’une pomperait l’autre indifférente aux va et vient des gens. Puis d’autres dans le même état se mêleraient à elles, les sexes humides et durs. Les nichons jailliraient de leurs bonnets et les toisons pubiennes exhiberaient leurs frisotis. Un enchevêtrement obscène se formerait, constitué de couilles et de trous du cul. Et de cette créature informe, huileuse et spasmodique s’élèveraient des râles et des couinements spongieux.

Une main étreignit ma hanche que J. J. Dujardin claqua violemment.

- Qu’est-ce que tu fais ? gueula-t-il à son propriétaire, l’homme du couple emmêlé.

- Ben, je pensais que…, bredouilla le vicelard, confus.

- Tu penses mal !, vociféra l’acteur. T’avises pas de retoucher à ma femme sinon je te pète la gueule !

- Désolé, fit l’autre dans une posture de soumission.

J. J. Dujardin rangea son poing vengeur, prit ma main puis s’enfonça dans le couloir. Quand nous fûmes assez loin des deux partouzeurs, il éclata de rires :

- Non mais t’as vu la tête du mec que j’ai menacé ! J’ai cru qu’il allait se pisser dessus ! Pas dit qu’il regagne de la vigueur !

Son rire redoubla puis, prenant un air agressif, il me pointa du doigt :

- Ne t’avises pas de retoucher à ma femme ou je te casse la gueule !

Nouvelle poilade. Manifestement, il ne fallait pas grand-chose pour le rendre heureux. À moins que cette sensibilité extrême ne provienne de sourire en toc. Comme une conséquence de sa greffe, un effet incontrôlable. Sourire qui dans ce couloir sombre m’inquiétait un peu.

- Allons baiser au calme !, s’écria-t-il en ouvrant une porte.

Son visage s’illumina à la vue d’un blond en train de tendre son manche aux bouches alléchées de deux jeunettes.

- Matt ! Qu’est-ce que tu fous là ? On m’avait dit que tu t’étais barré à Hawaï pour deux semaines !

- Eh Jean ! fit Matt Damon en agrippant les tignasses à hauteur de ses boules et en les aidant à vaincre leur timidité. Ça fait plaise ! Ben non, tu vois, je suis parti. Après the Monuments Men, on m’a proposé un autre taf dans la foulée. J’ai décidé de reporter mes vacances au soleil.

- Ouah super ! Chuis trop content pour toi ! Et c’est quoi ?

- Tu comprendras que je ne peux pas t’en parler en détails mais c’est un gros, gros projet, sourit-il, les yeux sur son braque sucé en long, en large et en profondeur.

- T’inquiète, je comprends, approuva J. J. Dujardin. On ne sait jamais ce qui peut se passer. Et si ça foire, tu trouveras un autre gros, gros projet. Je ne me fais pas de souci pour toi.

- Et toi ? Où t’en es ? lui lança dans un soupir languide l’acteur amerloque.

- Oh moi, tu sais, je suis en stand by. Je me questionne : est-ce que je poursuis ma carrière ici ? Et si oui, est-ce que je me spécialise dans le film indép’ ou le blockbuster ?

- Si tu veux mon avis mais ce n’est que mon humble avis…

- Oh, je t’en prie, Matt, vu ton immense carrière, tes conseils valent de l’or.

À cet instant-là, l’autre se raidit.

- Eh fais gaffe ! Tu as failli m’arracher un bout de zeube !, vitupéra-t-il à l’adresse d’une des avaleuses.

Puis il reprit :

- Ouais, où j’en étais ?

En cherchant dans sa mémoire, son regard bifurqua vers moi et m’examina avec intérêt :

- Dites-donc, émit-il d’une voix à la confiture de framboise. Ça vous dirait de vous joindre à nous ? Une partie à cinq entre gens de bonne compagnie ?

- Non merci, déclina Jean Jérôme, pas partageur. Hasta luego, mon pote !

 

2020/11/26

Rembobinage amer (Hollywood cauchemars 20)

 



 

- Oh merde, ça a dû être immense ! Ce type dégage tellement de testostérone !

Il me fixait intensément, espérant que je lui raconte mon expérience en détail. En pure perte. Je n’avais aucune intention de m’étaler là-dessus. D’abord parce que mes histoires de cul ne regardaient que moi. Ensuite parce que cet épisode s’était révélé particulièrement décevant. Tout comme J. J. Dujardin, j’avais vu en Sean Penn une bête de sexe. Or, il n’en était rien. Dans l’intimité, l’acteur était porté sur les relations sado-maso et les jeux de rôles. Ainsi, après s’être vêtu en gamin, il avait volontairement brisé un vase pour que je le punisse.

Déboussolée au départ, j’avais néanmoins joué le jeu. Je lui avais violemment tiré l’oreille puis traité de tous les noms. En pleurs, il m’avait juré qu’il ne recommencerait plus puis avait cassé un autre objet comme de bien entendu. Explosion de ma colère et fessée. Après l’avoir défroqué, j’avais eu un moment d’hésitation.

Sur ses fesses remarquablement sculptées avaient été tatouées des cibles avec des points. Remuant énergiquement la tête, je l’avais alors frappé. D’abord moyennement sur les cibles à dix points puis plus fort sur les cibles à vingt. Enfin je m’étais déchainée sur les cibles à cinquante.

Sous la pluie de coups, Sean Penn avait hurlé et s’était tordu de douleur. À un tel point que j’avais cru l’affaire réglée. C’était mal connaitre le gus. Pleurnichant et hoquetant, il avait remis son short puis m’avait fixé pendant une éternité. Je n’avais su que faire. Le jeu était-il terminé ? Le Sean Penn adulte avait-il réintégré son corps ou bien...

En tout cas, je l’avais espéré. J’en avais marre de ce cirque. C’est alors que j’avais entendu des gouttes tomber sur le sol. Mes yeux s’étaient écarquillés devant l’auréole sombre sur sa braguette ainsi que la rivière bredouillante en train de couler le long de sa cuisse.

Merde, ce con se pissait dessus ! Ulcérée, j’avais couru vers la sortie. S’élançant derrière moi, Sean Penn n’avait pas été pas loin de m’attraper. En même temps, il m’avait supplié, je me souviens encore de ses mots : « Attends, ne pars pas ce n’est pas fini ! J’ai été sale, tu dois me tordre la bite ! ».

La chance avait voulu qu’il trébuche et se rétame par terre sinon dieu sait quels autres sévices j’aurais dû lui infliger. Bref, mon fantasme sur Sean Penn était passé à la trappe. L’un des deux seuls acteurs pour lequel j’aurais mouillé l’océan Atlantique m’avait dégoûté de lui. Tout comme l’autre d’ailleurs, Brad Pitt. À croire qu’il vaut parfois mieux rester dans le désir.

- Alors ? insista J. J. Dujardin qui tenait vraiment à ce que je lui parle de ce rapport catastrophique.

- Alors je peux t’assurer d’une chose : Sean Penn n’a jamais cogné Madonna.

Ébranlé par ma réponse, l’acteur fit la moue et leva un sourcil. Il vida ensuite sa coupe puis alla s’en chercher une autre.

- Il y a un truc qui me turlupine, entamai-je en buvant dans la mienne.

- Quoi d’autre ?

- Je fais des rêves louches. Un peu toujours les mêmes et j’ai le sentiment qu’ils m’annoncent un drame.

- Comment ça ?

- Ils me disent que de baiser uniquement avec des acteurs va causer ma perte. Et parallèlement que je ne peux pas faire autrement. C’est un peu comme un cercle vicieux.

Pendant mes explications, les sourcils de J. J. Dujardin effectuèrent une drôle de gymnastique. Le droit s’abaissa tandis que le gauche se releva. Puis ce fut le contraire. Clairement, il ne comprenait rien à ce que je lui racontais. Et, j’imaginais, n’était pas loin de me prendre pour une dingue. Seule ma superbe plastique le retenait.

Quand il remarqua ma coupe vide, il me proposa d’aller en chercher une autre.

Je déclinai l’offre.

- Si on montait ? me fit-il en me montrant du menton un escalier en colimaçon derrière les tables du buffet.

Comment expliquer mon état d’esprit à cet instant-là ? J’étais lasse et légèrement ivre. Tout ce que je venais de dire à l’acteur lui était passé  par-dessus la tête. J’aurais obtenu plus d’attention de la part d’une chaussette. Un coup dans l’eau.

J’étais lasse et amère. Toute personne à ma place se serait barrée, laissant le type et son sourire artificiel face à un vide humiliant. Eh bien moi non. J’acquiesçai puis me levai en même temps que lui. Pourquoi ? Allez savoir ! J. J. Dujardin me plaisait moyen. De plus, c’était un acteur, eh oui, encore un ! Si mes mauvais rêves étaient prémonitoires, je m’enfonçais. Or, à cette heure, je m’en fichais. Un peu comme l’alcoolique titubant qui prend encore un verre, mon orgueil avait cédé à mes sales penchants. Quoi que. Mon attitude pouvait aussi signifier l’inverse. Qu’en couchant à nouveau avec un acteur je me rebellais. Choisissez l’interprétation qui vous plait. Moi, je botte en touche.

2020/11/24

The good doctor (Bernard le canard 12)

Cette bande dessinée n'est pas de moi, elle est de mon pote Rico et c'est un monument d'absurdité. Normalement ce blog ne sert qu'à exposer mes œuvres mais cette série est dotée d'un humour si particulier (pour ne pas dire unique) que je n'ai pas pu résister à l'envie, avec l'autorisation de Rico, de la mettre en ligne. Merci mon pote !

 


 

2020/11/19

Cheese perpétuel (Hollywood Cauchemars 19)


 

Trop occupé à se servir au buffet, J. J. Dujardin n’avait rien capté de la scène. C’était bien les français, ça, un peuple au cerveau colonisé par la panse.

- Je te conseille ces petits canapés à la mûre et au foie gras, dit-il avec son sourire impeccable. Absolument délicieux !

Questions : l’opération pour installer un tel sourire était-elle lourde ? Combien de temps devait-on rester sur le billard ? Et de quels genres d’instruments le chirurgien se servait ?

- Je n’ai pas faim.

- Oh toi, tu n’as pas l’air dans ton assiette (les français et leurs métaphores culinaires !). Le mieux c’est d’en parler.

Nous nous installâmes sur un canapé, prenant au passage deux coupes de champagne. À cet endroit, la musique nous parvenait en sourdine. Kendrick Lamar que j’avais reconnu semblait chuchoter. Les quelques personnes présentes parlaient à voix basses comme partageant des secrets. Peut-être à cause des doux clapotis de la fontaine à proximité. Mais peut-être aussi me faisais-je des idées ?

Bien que j’eus du mal à l’admettre, les propos de Ralph m’avaient chamboulée. Mes tempes bourdonnaient et une salive âcre imprégnait ma bouche.

- Alors, qu’est-ce qui ne va pas ? attaqua de but en blanc l’acteur français.

Son sourire de bouffon me parut si outrageant que je faillis l’envoyer paître. Cependant, je me retins. J’avais besoin de parler ne serait-ce que pour sortir de mon état de confusion.

- J’ai un problème et je n’arrive pas à le résoudre.

Il but la moitié de sa coupe et pour une fois afficha un air sérieux (tout en conservant les coins de ses lèvres en hauteur).

- Lequel ?

- Je ne couche qu’avec des acteurs.

Ses yeux s’allumèrent.

- Et c’est tout ? Je veux dire où est le problème ? En général, les acteurs sont cools et beaux ! Pour preuve ! fit-il en se désignant.

- Mouais, mouais, maugréai-je sans conviction.

- Attends, s’excita-t-il. Je ne sais pas avec qui tu as fricoté mais tu es gâtée ici. Ryan Gosling, James Franco, Matthew McConaughey, tous ont un putain de sex appeal ! (il leva les yeux en l’air, cogitant). Sauf si tu n’as fréquenté que des acteurs de seconde zone. Alors là, je comprends.

- J’ai une tête et un corps à me taper des branquignols ? m’insurgeai-je, hors de moi.

- Non, non, bien sûr, se rattrapa t-il. Et puis tu es avec moi (il réfléchit encore). Et Sean Penn ! Quel monstre ! Tu t’es fait Sean Penn ?

Hochement de tête de ma part.