Boosté par cette perspective
de challenge, il réattaqua :
- Toi et moi, on se
ressemble. J’entends par là qu’on est mû par les mêmes idéaux, la justice, la
démocratie, les droits de l’homme. Pour ainsi dire, depuis plus d’une décennie
maintenant, nos deux pays sont sur la même longueur d’onde, l’Afghanistan, la
Syrie, autant de terrains d’entrainement qui ont permis de nous rapprocher, de
forger notre entente...
Dès la prononciation du mot
justice, Moumoute avait produit des bruits de bouche, signe qu’il avait
décroché. Trèbon qui l’avait compris avait accéléré son débit et décidé de
simplifier au maximum ses propos.
- Bref, nous luttons pour le
Bien, asséna-t-il, content de ce raccourci compréhensible par un enfant de deux
ans.
- Ouais, pour le Bien !
réagit Moumoute dont le concept avait réactivé des connexions poussiéreuses
dans le cerveau.
- Nous sommes le Bien !
surenchérit Trèbon, emporté par son élan.
- Le Bien ! répéta
Moumoute, plus parce que ça l’amusait et lui rappelait l’ambiance dans les
stades de football que par conviction. D’ailleurs, il commençait à en avoir
ras-le-bol de cet échange. Aussi, somma-t-il à son homologue d’abréger.
Refroidi par cette
injonction, Trèbon prit sur lui et demanda :
- Ne projettes-tu pas
bientôt d’attaquer le Mal quelque part ?
- What ?
- Une guerre, balbutia le
président français. Projettes-tu d’attaquer bientôt un pays mauvais ?
Parce que... si tu le fais, on pourrait s’associer... Comme pour la Syrie et
l’Afghanistan. Together.
Brothers in arms. Like a candle in the wind.
Alors qu’il s’attendait à un
moment de réflexion, la réponse du businessman au casque jaune chips fusa comme
un gaz au chou farci de haricots rouges.
- Qu’est-ce que tu me donnes
en échange ?
Déstabilisé, Trèbon ne sut
que répondre. Et quand il trouva, l’autre avait raccroché depuis une trentaine
de secondes.
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