2019/09/06

Le RER des privilégiés (Métroscopie 97)



À peine sorti de chez moi, un gaillard d’un mètre 90 m’interpelle : « S’xuse moi, t’aurais pas une cloppe là ?! ». 
« Non, je ne fume pas ».
 Le type se met à marmonner des insultes puis me dépasse en me lançant un regard du tueur. Lundi qui commence bien. 


Je suis légèrement en retard, je n’assisterai pas au passage éclair de FAST dans ma gare. Je me demande d’ailleurs si FAST n’est pas un transport spécial pour gens importants et businessmen. Un RER chéros, hyper rapide et toujours à l’heure, sorte de TGV des banlieues. Bref, pas pour un type comme moi. 

Sur le quai, tous les écrans électroniques sont morts. Je me demande aussi s’il n’existe pas des gares pour gens importants et businessmen. Avec quai en duvets de canard et supers écrans 3D.

Dans le train, un type téléphone fièrement à l’étranger. Sur sa cuisse droite git son bonnet tendance comme une méduse échouée. À côté de lui, une femme a littéralement le nez dans un document rempli de graphiques. A-t-elle l’intention de se faire vomir ? À la fin de sa conversation téléphonique, le type au bonnet regarde l’écran de son téléphone avec un air content – j’imagine que son interlocuteur lui a envoyé une photo cool, fun et drôle comme cela se fait maintenant pour clore un coup de fil.

Plus tard, un type avec les yeux vitreux passe dans le wagon, posant sans conviction des petits cartons à côté des passagers indifférents. Il ne récoltera aucun argent et descendra à ma station accompagné à distance d’une femme portant un foulard sur la tête et un gros sac sous le bras. Solitude des sans-frics.




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