2019/04/26

6. Le cadeau surprise (6/11)





Une semaine plus tard, Catherine reçut le paquet par la poste. Elle le déchira fiévreusement, impatiente d’en voir le contenu. Lorsqu’elle aperçut les illustrations du packaging, sa pudeur s’éveilla et empourpra ses joues. Une partie d’elle n’arrivait pas à croire à ce qu’elle faisait et la traitait de pauvre fille. Soudain, un bruit se fit entendre dans la maison. Paniquée, Catherine jeta dans la poubelle les morceaux de carton et cacha l’emballage de la poupée gonflable dans le meuble sous l’évier. Afin de se donner une contenance, elle s’empara d’une pomme et commença à l’éplucher. Après dix secondes, elle s’arrêta. Fausse alerte, Guy n’était pas rentré

Fixant le fruit dénudé dans sa main et l’économe dans l’autre, elle se dit qu’en continuant de la sorte elle allait perdre les pédales. Mieux valait donc mettre les pieds dans le plat dès ce soir quitte à subir les foudres de son mari.

Contre toute attente, Guy ne se mit pas en colère. Lorsque Catherine lui tendit son cadeau surprise après le repas, il en parut touché. L’air grave, il lut à voix haute le nom du produit : « Maryline la chaudasse » puis observa attentivement les photos de la poupée au dos de l’emballage. Rouge comme une tomate, Catherine se lança dans des explications laborieuses : « Tu comprends... Comme parfois je suis affairée... Pas tout le temps disponible... J’ai pensé que... Enfin... Elle est blonde comme moi... Dotée d’une forte poitrine et de... ».

« Oui et aussi de trois orifices » reprit son mari en hochant de la tête comme s’il acquiesçait aux arguments d’un commercial très persuasif.

« Ça, ça te fait plaisir ? » bredouilla-t-elle sans savoir encore sur quel pied danser. 

Mais Guy ne répondit pas à sa question. Lui tournant le dos, il déclara comme s’il s’agissait d’une mission de la plus haute importance : « Je vais l’essayer dans la chambre d’amis ». Et d’un pas vif, il quitta la cuisine. Mortifiée, Catherine resta immobile pendant plusieurs secondes. Elle éprouvait de grandes difficultés à digérer ce qui venait de se passer. À la limite, elle aurait préféré que Guy soit vexé et l’engueule. Ça l’aurait presque rassurée. Là, il s’était comporté d’une étrange manière. Elle ne l’avait pas reconnu. On aurait dit qu’il avait toujours souhaité s’offrir ce joujou pour adulte sans jamais oser passer à l’acte. Oui, c’était ça, elle avait réalisé malgré elle un de ses fantasmes inavouables. « Quelle idiote susurra-t-elle en s’emparant rageusement des assiettes tachées de sauce tomate sur la table.

(À suivre)

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