2019/04/02

1. Une liaison prometteuse (1/9)


Il l’avait rencontrée à une soirée entre amis. Enfin entre amis, lui était le pote d’un pote de l’hôte. Elle semblait être à peu près dans le même cas que lui, connaissant à peine les personnes présentes. À table, ils s’étaient retrouvés l’un en face de l’autre. Il lui avait souri et elle lui avait souri. Mangeant quasiment à la même cadence, tous les deux s’étaient arrêtés au moment du plat, la fourchette à hauteur de la bouche portant la même quantité de gratin, s’étaient regardés puis avaient ri. Il l’avait tout de suite trouvé charmante, une jolie brune aux yeux brillants, avec une voix onctueuse comme un flan à la vanille. Cette voix lui avait d’ailleurs procuré plusieurs érections, plus ou moins franches, plus ou moins rigides.
Ils conversèrent de tout et de rien puis, à la fin de la soirée, il lui proposa de boire un dernier verre chez lui. À son grand étonnement, elle accepta. Ils se jetèrent l’un sur l’autre à proximité de la porte de son appartement. Il la lécha, la doigta puis la ramona debout sur le paillasson. Ils burent un verre ensuite et remirent le couvert sur la table de la salle à manger. Alors qu’il la besognait, il pouvait voir à travers les fenêtres du balcon les silhouettes des immeubles de la ville dont certains yeux, malgré l’heure tardive, projetaient encore de la lumière.
- Tu es magnifique, lui dit-elle après avoir éjaculé par terre.

Elle avait souri de ce sourire entendu qui signifiait que ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait ce compliment.
Elle s’était levée puis avait regardé le paysage à son tour.
- Tu veux une cigarette ?
- Je ne fume pas.
Il s’approcha d’elle lui entourant la taille avec les bras :
- Je ne sais toujours pas comment tu t’appelles…
Elle se défit de son étreinte.
- À quoi ça sert ?
Cette réponse le surprit. Il la dévisagea, cherchant dans ses traits fins un signe d’humour.
Manifestement pas.
- Tu ne veux pas me le donner ?
- Il ne vaut mieux pas.
- Mais pourquoi ?
Elle haussa les épaules puis enfila sa culotte.
- Que fais-tu ? Demanda t-il, inquiet.
- Je dois y aller, répondit-elle laconiquement.
- Mais il est tard !
- Je vais appeler un taxi.
Elle mettait déjà sa veste. Désemparé et encore nu, il la regardait se diriger vers la porte :
- Tu es sûre de vouloir partir ?
- Oui.
- Tu n’es pas bien ici ?
- Je ne sais pas.
- Tu ne veux pas qu’on se revoit ?
- Je ne sais pas.
Elle referma la porte derrière elle. Il se laissa tomber sur le canapé comme un sac. Par son attitude étrange, cette femme l’avait poignardé. À la limite, il aurait préféré mille fois rentrer chez lui seul ce soir-là.

(À suivre)

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