Grande passerelle. Parfois, je suis frappé par
l’assurance avec laquelle les gens vont vers leur transport. Leur démarche,
l’expression de leur visage, leur regard, tout en eux
clame : « je suis là, j’existe et je sais où je vais et rien ni
personne ne m’empêchera d’y aller ! ». On croirait des immortels
bienheureux, satisfaits de l’ordre des choses et du monde. Moi, à côté, j’ai
l’air malade, piteux et renfrogné. Et si je cours c’est pour éviter de me faire
écraser par ceux qui me précèdent.
2020/01/11
2020/01/10
L’incident comique (Métroscopie 194)
En plus de la grande passerelle, la gare de
Massy-Palaiseau possède une autre particularité. Dès le matin, un hotdoguier
est ouvert pour ceux qui ont une irrépressible envie de gras friteux et
ketchup-mayonnesque. Deux, devrais-je dire, car ils sont deux à vendre des
sandwichs dans leur vieille camionnette. Si ce n’est pas trop mortel !
2020/01/09
Bourré (Métroscopie 193)
Ça commence bien, un zombie rasant le quai bouscule
les gens en criant des excuses avec des airs de fin du monde comme si un RER
invisible était présent. Il y a du peuple pour attendre ALDO (pensent-ils qu’en
nommant ainsi notre transport nous allons être plus jouasses ?), trop de
peuple et en plus ce peuple n’est pas content. Une myriade d’ondes négatives
plane au-dessus des têtes, noires, poilues et vrombissantes.
2020/01/08
Opération Maison blanche (Crise internationale 16)
- C’est-à-dire ?
interrogea Bruno Ledéputé, perdu et dépité.
Manuel Trèbon le fixa comme
le dernier des crétins.
- Jean-Yves va servir des
verres d’eau à ces gardes et pendant le temps qu’ils seront occupés à se
désaltérer nous pénétrerons à leur insu chez Donald Moumoute.
Jour de grève (Métroscopie 192)
Jour de grève.
Sur le quai, les gens ont des mines perplexes, comme si les rails
allaient se dissoudre sous leurs yeux. Un RER se nommant WWXPZ est à quai. Il
n’a aucune destination. Pourtant, les gens pénètrent dedans avec assurance. Je
m’approche d’une femme à l’intérieur d’un wagon et lui demande si elle sait où
va ce RER avec ce nom de plaque d’immatriculation à dormir debout. Elle me
répond sans hésiter Paris puis me demande à son tour si je ne suis pas monsieur
Pillet. J’ai un mouvement de recul tandis que ses yeux se plantent dans ma
personne comme si j’étais un steak-frites à point. Ça y est, j’ai compris, ce
transport est un convoi de doux-dingues ! Cette femme voit des messieurs
Pillet partout, cette autre lit le Vingt Minutes à l’envers... À cet instant,
le signal sonore de fermeture des portes retentit. Malgré mes appréhensions, je
bondis à l’intérieur du wagon !
2020/01/07
La mort ? (Métroscopie 191)
Comment est mon humeur, aujourd’hui ? Très
simple, au moment où je traverse la rue pour aller vers la gare, je crois voir
un grand balèze torse nu et énervé tenant une barre de fer dont l’extrémité est
maculée de sang et de bouts de cervelle. Voilà comment est mon humeur. Temps
crade, gens crades. Aucune envie de me mêler à eux. Et pourtant, y faut, éh
ouais. On appelle ça gagner son pain. Moi, perso, j’appelle ça se faire enfiler
pour rien.
2020/01/06
Angoisses (Métroscopie 190)
Tiens, marrant, les gueules de ce vendredi ont une
gueule de lundi. Ça ficherait presque la trouille. Comme si j’étais entré dans
la quatrième dimension : Paf ! du jeudi soir, tu passes direct au
lundi matin. Week-end sucré ! Plus de repos! Petit à
petit, ton jean large et ton sweat cool changent, se transformant en costard et
en cravate. Puis tes pensées ensuite : Je veux cette promotion, je veux
cette promotion... En tout cas, une chose est sûre. Ce n’est pas aujourd’hui
qu’on boostera la croissance.
2020/01/05
Un peu de bourrinage (Métroscopie 189)
Sur les rails, deux pigeons se font la cours. Il est
huit heures moins vingt. IMRE va bientôt arriver. J’ignore si ces oiseaux ont
une conscience mais ils ont bien choisi l’endroit de leurs papouilles. Sur la
ligne du A, par exemple, ils auraient eu peu de chances d’éviter l’engin. Là,
ils ont le temps de le voir venir même en pleine copulation. Malgré le froid,
ça sent encore la belle journée ensoleillée. Tant mieux. Mon moral n’aura pas à
faire d’apnée dans mes shoes. Après cinq minutes d’attente, IMRE entre en scène
comme un vieillard atteint d’une maladie grave et incurable. Les fronts des
gens sont si proches des wagons qu’ils sont à la limite de les toucher et de
créer des étincelles. Pour une fois, je me comporte comme un bourrin. Je
n’attends même pas que les gens descendent du wagon pour y monter. Et le pire,
c’est que je n’ai même pas honte. Se comporter comme un bourrin de temps en
temps gomme en partie les actes bourrins dont a été trop souvent la victime
auparavant. Et puis renaître connard qu’est-ce que c’est bon !
2020/01/04
Sale nouvelle (Métroscopie 188)
Etant un peu à l’avance, je prends un RER s’arrêtant
à toutes les gares et s’appelant EPIS (tant pis). Peu de monde à l’intérieur,
ce qui présage qu’il doit mettre un sacré temps pour faire le trajet qu’il a à
faire. Assis de biais sur son siège, un costard cravate rouge coupé court
enregistre son parcours de métro sur un ordinateur de poche. Apparemment,
l’objet est si perfectionné que le type doit même mettre en mémoire les chemins
des couloirs pour les changements. En face de moi, un type lit le Canard
Enchaîné en le tenant d’une seule main, paume ouverte... Un garçon de café.
La claque (Crise internationale 15)
- Qu’est-ce que ces
Mexicains font devant chez moi ? vociféra Donald Moumoute à Paul Robson
qui à cause du boucan des pales dut faire un effort considérable pour
comprendre sa phrase.
L’hélicoptère amorçait sa
descente devant la maison blanche. C’était le transport de prédilection du
number one quel que soit le chemin à parcourir. Deux rues à traverser et hop,
on s’envolait ! En l’occurrence, l’engin revenait d’un fast food tout
proche. Le président avait eu une envie pressante et comme il adorait manger
sur place et taper la commande sur l’écran tactile...
2020/01/03
Petite erreur (Métroscopie 187)
Comme j’ai été trop rilax au moment d’entrer dans
mon RER, je me tape le début du voyage debout comme un Anthonien. Juste en
dessous de moi, une femme assise entame une partie de jeu bizarre sur son
portable. Vu comment elle hésite à valider son choix, elle ne doit pas plus
comprendre les règles que moi. Super bizarre. En même temps, quand on
réfléchit, la façon dont notre vie se déroule dans son ensemble est bizarre.
Alors, oui, pourquoi ne pas commencer la journée par un jeu imbitable. C’est
peut-être la meilleure façon de la saluer, lui rendre hommage.
2020/01/02
Hyper tension (Métroscopie 186)
Oula, je ne sais pas si c’est le froid mordant de ce
matin ou parce qu’on est lundi et que la majorité d’entre nous a un boulot de
merde qui lui sort par les trous de nez, mais les gens sont nerveux.
Heureusement que le gars qui distribue des journaux gratuits ne joint pas des
flingues avec.
2020/01/01
Au bord de la cata (Métroscopie 185)
Le quai est bondé. Cela faisait longtemps que je ne
l’avais pas vu comme ça. C’est à se demander s’ils n’inaugurent pas un nouveau
RER. Non, c’est ce bon vieux croulant de GHIR. Je choppe le premier strapontin
qui me tend les bras. Dehors, le temps est à chier. Le ciel gris et froid rampe
sur les moches immeubles en construction comme une loche mutante
post-explosion-nucléaire. Et après, on veut qu’on aille au boulot avec le
sourire. Encore faudrait-il être heureux.
Crise de nerfs (Crise internationale 14)
Tandis qu’il soliloquait,
ses poings serrés frappaient la table de plus en plus vite. On aurait dit un de
ces jouets qu’on enclenche à l’aide d’une clé et qui se mettent à taper
frénétiquement sur un tambour. Ses yeux pleuraient et des auréoles sombres se
développaient sur sa chemise cintrée. Un possédé qui allait d’une seconde à l’autre
vomir une substance glauque et visqueuse !
2019/12/31
Christian (Métroscopie 184)
Cette matinée, par le soleil, est à nouveau
fabuleuse. Et je vais à mon boulot pourri comme un con. La seule chose qui me
soulage un peu est de savoir que je ne suis pas le seul.
Inscription à :
Articles (Atom)