D’abord elle se précipita
dans la cuisine pour prendre le couteau à viande. À mi-chemin, elle changea
d’avis. Non, le couteau c’était trop classique
Bifurquant dans la salle de
séjour, elle prit le fer à repasser puis gravit les marches menant à l’étage
supérieur. Plus elle progressait plus les mauvais souvenirs l’assiégeaient et
renforçaient sa rancœur. Les remontrances injustes de Guy, les couinements
insupportables de ses étreintes, le temps toujours plus long qu’il passait avec
Maryline, tout cela tournait dans sa tête comme un manège vomitif. « Je
vais te détruire la gueule » se promit-elle en insérant la clé dans la
serrure de la porte. Résolution qui fut ébranlée cinq secondes plus tard avec
l’éclairage du lieu.
Catherine ne reconnut pas la
chambre d’amis. Auparavant blancs, les murs étaient devenus bleu ciel. Les
meubles avaient été également remplacés. Sans doute acquis chez des
antiquaires, ils étaient plus raffinés que les précédents. Notamment le lit qui
possédait de très jolis motifs à son chevet (des anges et des nuages aux formes
rebondies). Comment diable Guy avait-il pu réussir ce tour de
passe-passe ? Mais Catherine avait déjà la réponse. Il avait tout
simplement accompli ces changements pendant ses courtes absences. Voilà
pourquoi la clé et aussi les nombreuses menaces de son mari à son adresse pour
ne pas qu’elle monte (ce qu’elle n’avait fait qu’une fois après le premier
essai de Guy avec la marchandise. Ainsi, elle n’avait pas pu sentir l’odeur de
la peinture !)
Décontenancée, elle eut
l’impression d’être une intruse. L’endroit ressemblait désormais à une chambre
de princesse. Elle sentait bon la mandarine et avait été décorée avec un soin
méticuleux.
Contre le mur de gauche se
trouvait une coiffeuse avec tout le nécessaire de maquillage. Une armoire dotée
de deux miroirs ovales occupait le fond de la pièce. L’une de ses portes
entrouvertes laissait voir plusieurs tenues suspendues à des cintres. Un grand
vase contenant un somptueux bouquet de fleurs se dressait également sur la
table de chevet. Et au centre de cette ahurissante disposition, Maryline, vêtue
d’une nuisette en satin rouge, souriait béatement.
Catherine crut presque que
la poupée gonflable l’attendait.
« Depuis le temps »
semblait-elle se plaindre. « Qu’est-ce que tu foutais ? ».
Instinctivement, Catherine
cacha le fer à repasser derrière son dos. Face à Maryline, elle n’en menait pas
large. Aussi vite qu’elle était montée, sa rage dégringola dans les oubliettes
de ses émotions.
Il faut dire que la Maryline
remplie d’air ne ressemblait en rien à la Maryline en deux dimensions sur les
photos de l’emballage. Avec le décor, sa tenue, elle avait fière allure.
Catherine aurait pu la confondre avec un être de chair.
Doucement, elle fit un pas
en avant, le fer à repasser toujours derrière son dos.
Sa chair justement...
Comment était-elle ? Posant l’appareil sur un coin du lit, elle s’assit
auprès de la femme objet. D’une main tremblante, elle effleura son épaule puis
le haut de son bras. C’était incroyablement doux ! Pas comme la peau mais
presque...
Enhardie par cette
sensation, elle se pencha alors vers Maryline collant son bassin contre le
sien. Et ses lèvres ? Quel goût avaient-elles ? Soudain, un bruit
sourd retentit. Catherine devint livide. Dans sa précipitation, elle avait fait
tomber le fer à repasser. « Oh non ! Quelle idiote ! » pensa-t-elle,
pétrifiée de terreur.
Une minute plus tard, Guy
surprit sa femme en compagnie de Maryline. Contrairement à ce que craignait la
première, il se fendit d’un grand sourire.
« Mais oui bien
sûr ! » exulta-t-il en se dévêtant.« Un plan à trois ! C’était
ça qui manquait ! »
FIN
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fille bien mystérieuse, the
tree of life
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