2019/05/03

11. L’heure de la vengeance (11/11)





D’abord elle se précipita dans la cuisine pour prendre le couteau à viande. À mi-chemin, elle changea d’avis. Non, le couteau c’était trop classique

Bifurquant dans la salle de séjour, elle prit le fer à repasser puis gravit les marches menant à l’étage supérieur. Plus elle progressait plus les mauvais souvenirs l’assiégeaient et renforçaient sa rancœur. Les remontrances injustes de Guy, les couinements insupportables de ses étreintes, le temps toujours plus long qu’il passait avec Maryline, tout cela tournait dans sa tête comme un manège vomitif. « Je vais te détruire la gueule » se promit-elle en insérant la clé dans la serrure de la porte. Résolution qui fut ébranlée cinq secondes plus tard avec l’éclairage du lieu.


Catherine ne reconnut pas la chambre d’amis. Auparavant blancs, les murs étaient devenus bleu ciel. Les meubles avaient été également remplacés. Sans doute acquis chez des antiquaires, ils étaient plus raffinés que les précédents. Notamment le lit qui possédait de très jolis motifs à son chevet (des anges et des nuages aux formes rebondies). Comment diable Guy avait-il pu réussir ce tour de passe-passe ? Mais Catherine avait déjà la réponse. Il avait tout simplement accompli ces changements pendant ses courtes absences. Voilà pourquoi la clé et aussi les nombreuses menaces de son mari à son adresse pour ne pas qu’elle monte (ce qu’elle n’avait fait qu’une fois après le premier essai de Guy avec la marchandise. Ainsi, elle n’avait pas pu sentir l’odeur de la peinture !)

Décontenancée, elle eut l’impression d’être une intruse. L’endroit ressemblait désormais à une chambre de princesse. Elle sentait bon la mandarine et avait été décorée avec un soin méticuleux. 

Contre le mur de gauche se trouvait une coiffeuse avec tout le nécessaire de maquillage. Une armoire dotée de deux miroirs ovales occupait le fond de la pièce. L’une de ses portes entrouvertes laissait voir plusieurs tenues suspendues à des cintres. Un grand vase contenant un somptueux bouquet de fleurs se dressait également sur la table de chevet. Et au centre de cette ahurissante disposition, Maryline, vêtue d’une nuisette en satin rouge, souriait béatement.

Catherine crut presque que la poupée gonflable l’attendait.

« Depuis le temps » semblait-elle se plaindre. « Qu’est-ce que tu foutais ? ».

Instinctivement, Catherine cacha le fer à repasser derrière son dos. Face à Maryline, elle n’en menait pas large. Aussi vite qu’elle était montée, sa rage dégringola dans les oubliettes de ses émotions.

Il faut dire que la Maryline remplie d’air ne ressemblait en rien à la Maryline en deux dimensions sur les photos de l’emballage. Avec le décor, sa tenue, elle avait fière allure. Catherine aurait pu la confondre avec un être de chair.
Doucement, elle fit un pas en avant, le fer à repasser toujours derrière son dos.

Sa chair justement... Comment était-elle ? Posant l’appareil sur un coin du lit, elle s’assit auprès de la femme objet. D’une main tremblante, elle effleura son épaule puis le haut de son bras. C’était incroyablement doux ! Pas comme la peau mais presque...

Enhardie par cette sensation, elle se pencha alors vers Maryline collant son bassin contre le sien. Et ses lèvres ? Quel goût avaient-elles ? Soudain, un bruit sourd retentit. Catherine devint livide. Dans sa précipitation, elle avait fait tomber le fer à repasser. « Oh non ! Quelle idiote ! » pensa-t-elle, pétrifiée de terreur.

Une minute plus tard, Guy surprit sa femme en compagnie de Maryline. Contrairement à ce que craignait la première, il se fendit d’un grand sourire.
« Mais oui bien sûr ! » exulta-t-il en se dévêtant.« Un plan à trois ! C’était ça qui manquait ! »
FIN

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