Il l’avait rencontrée à une soirée entre
amis. Enfin entre amis, lui était le pote d’un pote de l’hôte. Elle semblait
être à peu près dans le même cas que lui, connaissant à peine les personnes
présentes. À table, ils s’étaient retrouvés l’un en face de l’autre. Il lui
avait souri et elle lui avait souri. Mangeant quasiment à la même cadence, tous
les deux s’étaient arrêtés au moment du plat, la fourchette à hauteur de la
bouche portant la même quantité de gratin, s’étaient regardés puis avaient ri.
Il l’avait tout de suite trouvé charmante, une jolie brune aux yeux brillants,
avec une voix onctueuse comme un flan à la vanille. Cette voix lui avait
d’ailleurs procuré plusieurs érections, plus ou moins franches, plus ou moins
rigides.
Ils conversèrent de tout et de rien puis, à
la fin de la soirée, il lui proposa de boire un dernier verre chez lui. À son
grand étonnement, elle accepta. Ils se jetèrent l’un sur l’autre à proximité de
la porte de son appartement. Il la lécha, la doigta puis la ramona debout sur
le paillasson. Ils burent un verre ensuite et remirent le couvert sur la table
de la salle à manger. Alors qu’il la besognait, il pouvait voir à travers les
fenêtres du balcon les silhouettes des immeubles de la ville dont certains
yeux, malgré l’heure tardive, projetaient encore de la lumière.
- Tu es magnifique, lui dit-elle après avoir
éjaculé par terre.
Elle avait souri de ce sourire entendu qui
signifiait que ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait ce compliment.
Elle s’était levée puis avait regardé le
paysage à son tour.
- Tu veux une cigarette ?
- Je ne fume pas.
Il s’approcha d’elle lui entourant la taille
avec les bras :
- Je ne sais toujours pas comment tu
t’appelles…
Elle se défit de son étreinte.
- À quoi ça sert ?
Cette réponse le surprit. Il la dévisagea,
cherchant dans ses traits fins un signe d’humour.
Manifestement pas.
- Tu ne veux pas me le donner ?
- Il ne vaut mieux pas.
- Mais pourquoi ?
Elle haussa les épaules puis enfila sa
culotte.
- Que fais-tu ? Demanda t-il, inquiet.
- Je dois y aller, répondit-elle
laconiquement.
- Mais il est tard !
- Je vais appeler un taxi.
Elle mettait déjà sa veste. Désemparé et
encore nu, il la regardait se diriger vers la porte :
- Tu es sûre de vouloir partir ?
- Oui.
- Tu n’es pas bien ici ?
- Je ne sais pas.
- Tu ne veux pas qu’on se revoit ?
- Je ne sais pas.
Elle referma la porte derrière elle. Il se
laissa tomber sur le canapé comme un sac. Par son attitude étrange, cette femme
l’avait poignardé. À la limite, il aurait préféré mille fois rentrer chez lui
seul ce soir-là.
(À
suivre)
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