Déterminé, il dégaina son
smartphone. Sur le site de la présidence américaine un message fraichement
posté disait que Donald Moumoute se dirigeait vers la salle des tweets. En le
lisant, le premier des Français ne put s’empêcher de lâcher un soupir
d’admiration. Tout de même, ils étaient forts ces Américains. Leur maîtrise du
net et de la com’ avait atteint un tel niveau qu’ils pouvaient publier toutes
les cinq minutes une info sur ce qu’allait faire leur grand manitou. Pas à
dire, la France avait encore pas mal de boulot pour rattraper son retard par
rapport aux États-Unis. Conviction qui s’affermit en lui lorsqu’il pénétra dans
la salle des goodies.
De forme rectangulaire,
cette pièce ressemblait à une galerie marchande. Plusieurs vitrines
s’alignaient exposant des objets en rapport avec la présidence actuelle. Ici
des Donald Moumoute en peluche, là des mugs avec sa signature pressée (le terme
de rature l’aurait mieux définie), plus loin des boutons rouges de différentes
tailles accompagnés de la fameuse sentence : « In god we
trust », etc.
- Ils ont tout compris,
s’émerveilla Manuel Trèbon en commandant trois-quatre articles sur internet
pour s’en inspirer (un coloriage de la Maison blanche, une perruque
présidentielle, le modèle réduit d’Air Force One, un puzzle de trois mille
pièces d’une réunion dans le bureau Ovale).
Tout content de ses achats
et de l’exploitation qu’il pourrait en faire à son retour en France, il
traversa en quatrième vitesse la pièce qui retraçait l’histoire du bâtiment et
présentait ses différents locataires puis encore plus vite la fameuse salle des
porcelaines garnie de pièces d’une beauté exceptionnelle.
D’après son GPS, la tweet
room était la deuxième porte à droite du couloir dans lequel il venait de
déboucher. Le pas conquérant et le sourire glorieux, il se dirigea vers elle
puis... attendit. Il lui fallut un certain temps pour réaliser que son portier,
Christophe Castagnette n’était pas là. Puis encore un autre pour se souvenir de
la façon dont une porte s’ouvrait.
Alors qu’il approchait une
main tremblante de la poignée, celle-ci s’abaissa brusquement. Donald Moumoute
apparut et ses yeux s’écarquillèrent à la vue de Manuel Trèbon.
Le réflexe du meilleur des
jeunes Français l’empêcha de subir le même sort que ses ministres. Il serra la
main du président américain et ce dernier le remit instantanément : le
blanc-bec français qui s’était permis de lui broyer les doigts devant les caméras.
- Qu’est-ce que tu
veux ? lui lança-t-il agressivement.
- Te proposer un deal, dit
Manuel Trèbon en accentuant son étreinte.
- OK, je t’écoute, fit
l’autre en réussissant à dégager sa main.
- Si tu acceptes que la
France se joigne à ton pays pour combattre le Turkménistan du nord, expliqua le
président français. Je t’accorde une revanche.
- Une revanche, grimaça
l’américain qui ne comprenait pas.
Alors Manuel Trèbon tendit
sa main et la remua exagérément.
- Une nouvelle manche,
précisa-t-il sur le ton d’un commentateur sportif. Avec plus de télés, sur le
terrain de ton choix.
Les yeux de Donald Moumoute
s’allumèrent.
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