Sur les rails, deux pigeons se font la cours. Il est
huit heures moins vingt. IMRE va bientôt arriver. J’ignore si ces oiseaux ont
une conscience mais ils ont bien choisi l’endroit de leurs papouilles. Sur la
ligne du A, par exemple, ils auraient eu peu de chances d’éviter l’engin. Là,
ils ont le temps de le voir venir même en pleine copulation. Malgré le froid,
ça sent encore la belle journée ensoleillée. Tant mieux. Mon moral n’aura pas à
faire d’apnée dans mes shoes. Après cinq minutes d’attente, IMRE entre en scène
comme un vieillard atteint d’une maladie grave et incurable. Les fronts des
gens sont si proches des wagons qu’ils sont à la limite de les toucher et de
créer des étincelles. Pour une fois, je me comporte comme un bourrin. Je
n’attends même pas que les gens descendent du wagon pour y monter. Et le pire,
c’est que je n’ai même pas honte. Se comporter comme un bourrin de temps en
temps gomme en partie les actes bourrins dont a été trop souvent la victime
auparavant. Et puis renaître connard qu’est-ce que c’est bon !
À l’intérieur de mon wagon, une adolescente
grassouillette vêtue d’une veste militaire fouille dans son énorme sac sur
lequel sont représentées des boules de billard, en sort son carnet de liaison,
l’ouvre puis saisit une puce qu’elle insère dans son portable, portable qu’elle
reconstitue en prenant des pièces de l’objet dans ses poches et en les
assemblant. Bientôt les collégiens trimballeront sur eux leur vaisseau spatial
et moi, avec seulement mes clés, ma carte Navigo dans les poches et mon gros
sac à dos contenant de la paperasse, j’aurais l’air d’un vieux con.
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