Matin brumeux, poisseux, pas joyeux. Je suis dans
GHIR à contrecœur.
À ma gauche, une femme décortique le CV d’un
contrôleur comptable et financier (ça travaille dans l’espace ?) dont
l’objectif avoué est de limiter les risques de je sais pas quoi et de toutes
façons m’en fous. Ce genre de truc pue la vantardise à plein nez. Si le type
avait la certitude de se faire embaucher en affirmant qu’il se touche le bout
du nez avec le bout de la langue, il le ferait. Y’a pas à tortiller du cul pour
marcher droit, ce monde est taillé pour les esbroufeurs.
En face de moi,
Charles (je le sais parce que sa compagne, veste rouge et fute en toile bleu,
visage fin et légèrement maquillé, p’tite coupe sympa et dans le vent, l’a
nommé pour lui demander son Closer), la trentaine un tantinet dégarnie, la
veste en cuir moulante et marron a ouvert sa revue Challenge – pour les hommes
qui en veulent et qui en ont et qui perdent leurs cheveux sans que ça les
touche – Sur une photo de l’article qu’il lit, on peut voir un costard cravate
vieux mais super souriant (à croire qu’il est content d’être vieux), une phrase
ressort, grosse et grasse (un peu comme le costard-cravate sur la photo
d’ailleurs) : « Il faut balayer la peur ressentie de la
concurrence du voisin ». Bref, encore un qui dans la vie n’a jamais pris
de transport en commun et ne s’est pas retrouvé dans cette situation tristement
angoissante et mille fois répétée de vouloir entrer dans un wagon pouvant
contenir au maximum 50 personnes alors que les gens sur le quai sont 200. Les
donneurs de leçons exercent toujours leur art d’une certaine hauteur.
Au niveau de Gentilly (non, les gens qui habitent
cette ville ne sont pas tous gentils et ils ne descendent pas non plus des
Bisounours), une femme s’appuie lourdement sur moi. En ce moment, ce genre de
truc m’arrive souvent et ça m’agace. Putain, ok, je l’admets, je suis hyper
naze et moche mais pas au point quand même d’avoir une gueule de dossier,
bordel de merde !
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