- Qu’est-ce que ces
Mexicains font devant chez moi ? vociféra Donald Moumoute à Paul Robson
qui à cause du boucan des pales dut faire un effort considérable pour
comprendre sa phrase.
L’hélicoptère amorçait sa
descente devant la maison blanche. C’était le transport de prédilection du
number one quel que soit le chemin à parcourir. Deux rues à traverser et hop,
on s’envolait ! En l’occurrence, l’engin revenait d’un fast food tout
proche. Le président avait eu une envie pressante et comme il adorait manger
sur place et taper la commande sur l’écran tactile...
- Je doute que ce soient des
Mexicains, mister president, l’informa son conseiller en reconnaissant à
travers le hublot le chef d’État français escorté de trois de ses ministres.
- What ?
- Je dis : je doute
que...
Mais l’homme trépidant sauta
de l’appareil, il avait un tweet à envoyer à ce suppôt de Satan du Turkménistan
du nord. Ses six big macs dans le ventre l’avaient inspiré et requinqué !
Il pétait le feu et l’autre allait voir ce qu’il en coûtait de menacer de
détruire la Maison blanche.
- Donald ! hurla Manuel
Trèbon en courant à sa rencontre. Derrière lui, ses trois ministres eurent
beaucoup de mal à rester dans son sillage. Surtout celui des affaires
étrangères, Jean-Yves Le Brillant qui brillait de moins en moins avec l’âge et
supportait difficilement la chaleur ambiante, proche des trente-cinq degrés.
- Donald ! répéta
l’infatigable trentenaire (dont la devise était : si à quarante ans tu ne
deviens pas président de la République, tu as raté ta life !). Je viens
d’apprendre que tu allais faire la guerre au Turkménistan du nord ! La
France peut t’aider ! Nous avons un sous-marin indétectable qui navigue
dans le secteur. Et notre porte-avions est sur le point d’être
opérationnel ! Donald ! Donald ?
Mais le vieux lion passa
devant le jeune coq sans même le regarder. Lorsqu’il atteignit le perron, il
susurra à son service d’ordre : « Empêchez ces chicanos de pénétrer
ici. Je connais ces sans cent (équivalent anglais des sans dents). Ils
prendraient vite leurs aises et établiraient leur bidonville dans le bureau
Ovale.
Deux malabars en costumes
noirs se postèrent devant l’entrée de la Maison blanche, s’ajoutant aux deux
agents de sécurité déjà présents. Autant le dire tout de suite : un mur ne
l’aurait pas mieux condamnée.
Livide, Manuel Trèbon
clignait des yeux comme après un mauvais rêve.
- Il... Il ne m’a même pas
regardé.
- Je dirai pas ça, majesté,
tenta de nuancer Bruno Ledéputé. Je dirai que...
- Si, si, il ne m’a même pas
regardé, insista l’élyséen prépubert en mode zozotement et poings serrés.
- Peut-être était-il
préoccupé par le conflit à venir, suggéra Christophe Castagnette qui craignait
un nouveau caprice.
- Où est Jean-Yves, demanda
subitement le zébulon du pouvoir.
Les deux ministres
regardèrent derrière eux.
- Il arrive, dirent-ils en chœur.
Les traits tirés et le
visage luisant de sueur, le ministre des affaires étrangères s’intercala
péniblement entre ses deux collègues.
Hochant de la tête, le
Rastignac picard sourit.
- Très bien. On ne va pas se
laisser abattre, décréta-t-il. On passe au plan B.
- Au plan B ?
s’écrièrent les trois serviteurs du roi avec surprise.
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