Tandis qu’il soliloquait,
ses poings serrés frappaient la table de plus en plus vite. On aurait dit un de
ces jouets qu’on enclenche à l’aide d’une clé et qui se mettent à taper
frénétiquement sur un tambour. Ses yeux pleuraient et des auréoles sombres se
développaient sur sa chemise cintrée. Un possédé qui allait d’une seconde à l’autre
vomir une substance glauque et visqueuse !
- Je veux de
l’efficacité ! Je veux de l’initiative ! Je veux de la
performance !
Maintenant il s’agitait sur
sa chaise comme un gamin capricieux qui refuse de boire sa soupe. Ses pieds
battant le sol accompagnaient ses poings toujours en action. Un boucan infernal
emplissait la pièce faisant vibrer les lustres et irritant les nerfs.
Pourtant personne ne
bougeait ni ne bronchait. Dans ce cas précis mieux valait attendre que la crise
présidentielle passe si on ne voulait pas quitter prématurément le
gouvernement.
Enfin Manuel Trèbon
s’arrêta. Les cheveux en bataille, la face ruisselante, il claquait des dents
comme un rescapé d’avalanche. Un ministre se leva mais d’un geste autoritaire,
le chef d’État lui fit signe de se rasseoir.
- Ça va, dit-il en plongeant
son visage dans le creux de ses mains.
Puis, se redressant
brusquement, il lança un regard fou à l’assemblée qui en eut la respiration
coupée net.
- Je veux qu’on prépare
l’avion présidentiel, annonça-t-il d’une voix rauque. Et je veux que le
ministre des verres d’eau, celui des portes et des courants d’air et celui de
l’heure viennent avec moi.
- Pour aller où ?
demanda le premier cité, accessoirement ministre de l’Europe et des affaires
étrangères.
- Aux states, rétorqua le
jeune lièvre à nouveau fringuant. Nous allons faire une visite surprise à
Donald Moumoute !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire