Comment est mon humeur, aujourd’hui ? Très
simple, au moment où je traverse la rue pour aller vers la gare, je crois voir
un grand balèze torse nu et énervé tenant une barre de fer dont l’extrémité est
maculée de sang et de bouts de cervelle. Voilà comment est mon humeur. Temps
crade, gens crades. Aucune envie de me mêler à eux. Et pourtant, y faut, éh
ouais. On appelle ça gagner son pain. Moi, perso, j’appelle ça se faire enfiler
pour rien.
Dans le wagon, je me décale pour qu’un type à
capuche puisse s’asseoir. Of course, le type à capuche ne me remercie même pas.
Ça coûte des tunes de nos jours. Pendant un instant, je le fixe en me demandant
si ce n’est pas la mort en personne. Puis mes pensées allant plus loin (vertigineuses
pensées !), je me demande si tous les types à capuches ne sont pas des
enfants de la mort, ce qui signifierait qu’elle peut se reproduire ! Et là
question, oui, mais avec qui, quoi ? Et surtout comment ce qui-quoi
peut-il bander pour la mort ? Je regarde à nouveau le type à capuche. Et
si je lui demandais... À cet instant, comme pour me retenir, une gamine en
minijupe coince son cul rebondi contre mon épaule (je suis assis côté
couloir)... Je me mets aussitôt à rougir. C’est vrai, quoi, j’ai dû foutre plus
de 10000 mains au cul dans ma vie, mais une épaule au cul, c’était la première
fois ! En plus, dans ce cas précis c’est le cul qui est venu à l’épaule,
pas le contraire... Ça chamboule !
À la station Edgar Quinet-ligne 6, trois SDF, assis
sur le quai d’en face, l’un portant un bonnet, l’autre une casquette et le
dernier une grande touffe de cheveux blonds et dorés jettent sur notre convoi
surpeuplé des regards amusés de visiteurs de zoo. Sortant de sa veste une lampe
de poche, l’homme à casquette se met alors à nous envoyer des signaux.
Traduction du message : « allez c’est bon, bougez-vous, on vous a
assez vu ! ». Notre métro ne se le fait pas dire deux fois. Il se
barre.
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