2018/06/06
2018/06/04
2018/06/03
2018/06/02
2018/05/30
2018/05/29
2013/06/17
Mon vieux portable (Scène de vie 15)
Moi, mon téléphone
portable, je l’aurais bien gardé toute ma vie. Y me plaisait bien son design
tout pourrave. Je ne pouvais pas faire de photo. Je ne pouvais pas mater la
télé ni faire de l’internet. Y captait pas partout et j’entendais pas sa
sonnerie ringarde. Souvent, je l’oubliais chez ouame et je le retrouvais le
soir naze, totalement HS. Je le rechargeais avec amour en lui promettant de
l’emmener avec moi le lendemain matin.
Le porter sur moi, c’était une fierté.
Sentir son poids dans la poche droite ou gauche, ça me transportait. J’étais
jouasse comme un jeune chien fou avec son os en plastoc fluo qui couine. Puis
un jour, le drame.
2013/06/05
Le bonjour du poète Ali
Ton train
arrive en retard et tu en as marre
T’as le
bonjour du poète Ali
Tu
t’énerves parce que tu ne sais plus où tu as rangé ta chemise grise
T’as le
bonjour du poète Ali
Tu
psychotes parce que tu as grossi un peu
T’as le
bonjour du poète Ali
Ton voisin
fait trop de bruit
Tu ne
trouves pas de place de parking
La baguette
augmente encore de 5 centimes
T’as le
bonjour du poète Ali
Ton évier
est bouché
Tu t’es
pris la tête avec ta copine
Tu ressens
des pincements au niveau des lombaires
T’as le
bonjour du poète Ali
Quel que
soit ton problème
T’inquiète
Le poète
Ali compatit
Et te passe
le bonjour
Avec le
sourire
Tu peux
même aller le voir
A la
station Auber
Entre les
automates et les tourniquets
C’est là
qu’il habite
Si ton cœur
est trop lourd
Pour
t’épancher
Il
t’écoutera
J’ai
souvent des migraines
Je voudrais
la dernière tablette numérique
Pour les
vacances, j’hésite entre la Grèce et l’Italie
Tu pourras
tout lui dire
A la fin,
il te chuchotera à l’oreille
Un poème
Qui
chassera tous tes ennuis
Et tu
repartiras, léger
Disant à
chaque personne croisée
Eh, arrête
de tirer cette tronche
Et de te
faire de la bile
T’as le
bonjour du poète Ali !
2013/05/28
Philippe Djian, Marguerite Duras et l'animatrice radio (Scène de vie 14)
La nana qui anime l’émission radio sur Marguerite Duras a un
look de despote foldingue. Une épaisse tignasse blonde et bouclée couvre sa
tête et s’agite comme une mer démontée à chacun de ses hochements intempestifs.
Philippe Djian la rejoint sur scène, la démarche gauche ne sachant pas trop
comment placer son corps dans cet espace qui aimante les regards. Il porte une
tenue décontract’, un jean clair, des bottes en cuir marron, une chemise en
coton pâle.
2013/05/22
Balade nocturne en Vélib (Scène de vie 13)
J’ai froid au départ. Mais c’est normal. Très vite, le corps
chauffe avec les coups de pédale. La nuit tombe. Au bout de la rue, les tours
de la Défense font penser aux éléments d’une station lunaire. Restaus et bars
alternent, occupés par une clientèle jeune et huppée. Je prends la direction du
bois de Boulogne.
2013/05/14
Paris est magique! (Scène de vie 12)
L’idée était pourrie. Donner rendez-vous au Trocadéro aux
supporters du PSG pour fêter le titre de champion de France ne pouvait que
partir en sucette. D’ailleurs, les patrons de bar de l’endroit l’avaient
pressenti, baissant les rideaux de fer de leurs établissements.
2013/05/11
La femme du coin (Scène de vie 11)
Elle s’est installée dans un coin, contre la
vitre de la façade. À la façon mécanique dont elle s’est dirigée vers la table,
on devine que c’est sa place. Elle aurait pu y aller les yeux fermés. Et elle
aurait certainement tiqué si une personne s’y était trouvée, sans gêne
provocatrice.
Mécaniquement, le vieux garçon ventripotent s’approche d’elle. Il a le visage rouge et blasé. Sa tenue négligée comporte des taches. Quand les clients se font rares, il se poste devant le comptoir et regarde le match de foot sur l’un des grands écrans quadrillant la salle.
À cause du temps maussade, la terrasse est en grande partie vide. Trois magrébins discutent, emmitouflés dans leurs volumineux anoraks. Une femme d’âge mûr et excitée fait des va et vient entre la table et le coin tabac, achetant des gratte-grattes. Un SDF barbu tend un récipient en plastique aux passants pressés et indifférents.
À cause du temps maussade, les clients sont pingres. Ils renâclent à donner un pourboire et quand ils le font, le pourboire est minable. Quelques pièces jaunes aux reflets pâles. Le vieux garçon fait la tronche à cause de ça. Et également à cause de la journée qui s’étire en longueur, qui refuse de finir, qui s’obstine dans le surplace. Il est à peine quinze heures. Un vent rageur balaie la terrasse contraignant les magrébins à plier l’échine. Les nuages de fumée qu’ils expulsent par leurs bouches se déchirent et rendent l’âme.
Au bout de l’avenue, une nuée de véhicules irascibles s’entassent en attendant l’assentiment lumineux d’un feu de signalisation. Des édifices en verre déserts aux logos absurdes se disputent avec les arbres qui reverdissent les regards sans buts. Le gris pesant du ciel, du trottoir et des murs enfle dans les têtes tandis que le froid tenace peaufine ses morsures. Le SDF obtient une cigarette.
Mécaniquement, le vieux garçon ventripotent s’approche d’elle. Il a le visage rouge et blasé. Sa tenue négligée comporte des taches. Quand les clients se font rares, il se poste devant le comptoir et regarde le match de foot sur l’un des grands écrans quadrillant la salle.
À cause du temps maussade, la terrasse est en grande partie vide. Trois magrébins discutent, emmitouflés dans leurs volumineux anoraks. Une femme d’âge mûr et excitée fait des va et vient entre la table et le coin tabac, achetant des gratte-grattes. Un SDF barbu tend un récipient en plastique aux passants pressés et indifférents.
À cause du temps maussade, les clients sont pingres. Ils renâclent à donner un pourboire et quand ils le font, le pourboire est minable. Quelques pièces jaunes aux reflets pâles. Le vieux garçon fait la tronche à cause de ça. Et également à cause de la journée qui s’étire en longueur, qui refuse de finir, qui s’obstine dans le surplace. Il est à peine quinze heures. Un vent rageur balaie la terrasse contraignant les magrébins à plier l’échine. Les nuages de fumée qu’ils expulsent par leurs bouches se déchirent et rendent l’âme.
Au bout de l’avenue, une nuée de véhicules irascibles s’entassent en attendant l’assentiment lumineux d’un feu de signalisation. Des édifices en verre déserts aux logos absurdes se disputent avec les arbres qui reverdissent les regards sans buts. Le gris pesant du ciel, du trottoir et des murs enfle dans les têtes tandis que le froid tenace peaufine ses morsures. Le SDF obtient une cigarette.
2013/04/25
Récupérer son manuscrit (Scène de vie 10)
Le patron portugais et son fils me jettent le même regard
outré : Mais évidemment que Cristiano Ronaldo est le meilleur joueur du
monde !... Il y avait bien longtemps que je n’étais pas venu dans cette
brasserie. A part le fils du patron qui a grossi rien n’a changé. Les plats,
surtout, sont toujours aussi copieux.
Dans mon assiette, trois épaisses tranches de rôti de veau superposées émergent d’une sauce rougeâtre coincée entre une montagne de salade composée et une autre de pommes de terre dauphine. Je vais sans doute prendre cinq kilos. Mais qu’importe, j’ai besoin de force aujourd’hui. Je commande d’ailleurs une deuxième bière, histoire d’atténuer mon angoisse.
Pour une fois, les faits divers dans le journal ne m’absorbent pas. Je peine à les lire et les mélange. Est-ce qu’un animateur célèbre de TV a bien braqué une boulangerie ? Et l’agresseur au marteau a-t-il péri sous une avalanche en faisant du hors piste ?
Le patron me propose un dessert. J’hésite, pensant à ma ligne (je me sens ballonné en ce moment, pas très bien dans ma peau). L’homme sec m’assure que c’est le dessert le plus léger du monde, que je ne vais rien sentir. J’abdique. Un pot rempli de fromage blanc, de miettes de gâteaux et de caramel remplace mon assiette vide… Bah, au point où j’en suis.
Dans mon assiette, trois épaisses tranches de rôti de veau superposées émergent d’une sauce rougeâtre coincée entre une montagne de salade composée et une autre de pommes de terre dauphine. Je vais sans doute prendre cinq kilos. Mais qu’importe, j’ai besoin de force aujourd’hui. Je commande d’ailleurs une deuxième bière, histoire d’atténuer mon angoisse.
Pour une fois, les faits divers dans le journal ne m’absorbent pas. Je peine à les lire et les mélange. Est-ce qu’un animateur célèbre de TV a bien braqué une boulangerie ? Et l’agresseur au marteau a-t-il péri sous une avalanche en faisant du hors piste ?
Le patron me propose un dessert. J’hésite, pensant à ma ligne (je me sens ballonné en ce moment, pas très bien dans ma peau). L’homme sec m’assure que c’est le dessert le plus léger du monde, que je ne vais rien sentir. J’abdique. Un pot rempli de fromage blanc, de miettes de gâteaux et de caramel remplace mon assiette vide… Bah, au point où j’en suis.
2013/04/05
Le sac plastique (Scène de vie 9)
Cinquième étage d’un immeuble. Je me mets au balcon pour
humer l’air de cette fin de journée. Dans le ciel, des nuages bruns dégringolent,
comme trop lourds, remplis de plomb et d’acier. Plus bas, la cours circulaire est
vide. Enfin pas tout à fait.
2013/03/21
Eloge du dopage
Pour ceux qui observent avec attention les hommes et leurs
comportements, il est amusant de noter qu’au sujet du dopage dans le sport, suivant
les circonstances, ce sont les mêmes qui condamnent violemment le dopage –
lorsqu’un cas de dopage est révélé - et
ce sont les mêmes qui s’extasient telles des vierges devant un acteur
bodybuildé lorsqu’un record a été pulvérisé. Ne soyons pas dupes. Plus. Ni
hypocrites. Assez. Non. Il suffit. Temps mort.
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