Mains dans les poches, je remonte un courant de collégiens
dans les vappes. La nuit enveloppe encore les cités banlieusardes. Des gens qui
doivent habiter près de leur taff ou alors sont au chômage, baladent leurs
cleps. Il y a aussi une femme de ménage qui nettoie les vitres des portes
d’entrée d’un immeuble avec son chiffon usé et multi-tâches. Je m’arrêterai
bien boire un café dans un rade mais si je m’exécute, je rate Mona et ça, c’est
impensable. Mona est le dernier RER qui me permette d’arriver pile-poil à
l’heure au boulot (et donc de conserver ma dignité)… S’il n’arrive pas en
retard.
Dans mon wagon, un seul costard-cravate en train de lire
une revue s’intitulant : Challenge. Cela fait longtemps que je n’en avais
pas vu. Seraient-ils en train de disparaître comme les dinosaures
autrefois (suite à la flambée du cours de la cravate au mois précédent) ?
Ou alors se cachent-ils afin de mieux nous endormir (et là ici, dans les transports
en commun, il n’y a aucun mal) et de passer à l’offensive au moment où nous ne
serons plus du tout sur nos gardes ? Et l’article que celui-ci est en
train de lire : « Franck Riboux à l’écoute de la société », ne
serait-il pas un message codé donnant l’heure et le lieu d’une réunion
clandestine pour monter un plan d’attaque ?… Méfiance, méfiance.
A la station Grésillons, une voix
féminine conseille aux usagers d’acheter leurs billets dans les distributeurs
automatiques pour aller plus vite. Bientôt, les rares employés SNCF dans les
gares ne serviront plus qu’à ça : indiquer les automates.
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