2019/10/29

Le complot des costards cravates (Métroscopie 129)



Mains dans les poches, je remonte un courant de collégiens dans les vappes. La nuit enveloppe encore les cités banlieusardes. Des gens qui doivent habiter près de leur taff ou alors sont au chômage, baladent leurs cleps. Il y a aussi une femme de ménage qui nettoie les vitres des portes d’entrée d’un immeuble avec son chiffon usé et multi-tâches. Je m’arrêterai bien boire un café dans un rade mais si je m’exécute, je rate Mona et ça, c’est impensable. Mona est le dernier RER qui me permette d’arriver pile-poil à l’heure au boulot (et donc de conserver ma dignité)… S’il n’arrive pas en retard.
 
Dans mon wagon, un seul costard-cravate en train de lire une revue s’intitulant : Challenge. Cela fait longtemps que je n’en avais pas vu. Seraient-ils en train de disparaître comme les dinosaures autrefois (suite à la flambée du cours de la cravate au mois précédent) ? Ou alors se cachent-ils afin de mieux nous endormir (et là ici, dans les transports en commun, il n’y a aucun mal) et de passer à l’offensive au moment où nous ne serons plus du tout sur nos gardes ? Et l’article que celui-ci est en train de lire : « Franck Riboux à l’écoute de la société », ne serait-il pas un message codé donnant l’heure et le lieu d’une réunion clandestine pour monter un plan d’attaque ?… Méfiance, méfiance.

A la station Grésillons, une voix féminine conseille aux usagers d’acheter leurs billets dans les distributeurs automatiques pour aller plus vite. Bientôt, les rares employés SNCF dans les gares ne serviront plus qu’à ça : indiquer les automates.

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