2020/01/25

La France contre le Turkménistan du nord (Crise internationale 18)








À son retour en France, Manuel Trèbon, pétant le feu informa son équipe du nouveau cap à prendre. Les médias officiels qui en faisaient partie se mirent tout de suite à l’ouvrage. Chaque journal télévisé rivalisa de zèle pour dépeindre avec noirceur le Turkménistan du nord. On le qualifia de dictature atroce autant de fois qu’il était possible. On montra des images en boucle, toujours les mêmes, de défilés militaires avec ses soldats aux visages glacés qui lèvent leurs pieds au-dessus de leurs casquettes, ses files interminables de chars et dans la tribune présidentielle, le leader du pays, debout, entouré de ses généraux médaillés, le menton haut et le regard fier. On parla du peuple opprimé et des nombreux opposants qui croupissaient dans les nombreuses geôles turkménistaises (une statistique établissait qu’il y avait une prison pour cinq habitants là-bas). Un expert passa sur toutes les chaines et expliqua que le mot « liberté » avait été supprimé du vocabulaire. Un autre qui suivit le même trajet raconta que la torture était enseignée dès la maternelle. Kon Je Nou fut comparé à tous les affreux qui avaient dirigé un État. On le décrivit comme un mélange de Staline et d’Hitler, Staline pour son penchant à réprimer, Hitler pour sa volonté de conquête. On montra également des extraits vidéo de tirs de missiles en soulignant qu’en toute illégalité et en dépit des protestations onusiennes, le Turkménisan du nord continuait de s’armer. Bref, on prépara bien l’opinion publique pour l’intervention présidentielle.

2020/01/21

Triste constat (Adieu ligne 13 Métroscopie 199)


Que tu prennes la ligne 13  du nord au sud ou du sud au nord, si tu ne chopes pas une place assise, tu es nassé les trois quart du temps (pour ne pas dire ligoté).

2020/01/19

Opération Maison blanche (Crise internationale 17)









Déterminé, il dégaina son smartphone. Sur le site de la présidence américaine un message fraichement posté disait que Donald Moumoute se dirigeait vers la salle des tweets. En le lisant, le premier des Français ne put s’empêcher de lâcher un soupir d’admiration. Tout de même, ils étaient forts ces Américains. Leur maîtrise du net et de la com’ avait atteint un tel niveau qu’ils pouvaient publier toutes les cinq minutes une info sur ce qu’allait faire leur grand manitou. Pas à dire, la France avait encore pas mal de boulot pour rattraper son retard par rapport aux États-Unis. Conviction qui s’affermit en lui lorsqu’il pénétra dans la salle des goodies.

2020/01/17

Briseur de rêve (Mots des autres 62)


Un père à sa fille qui lui dit qu'elle veut devenir exploratrice :"Mais qui va te payer pour explorer le monde ?"

2020/01/15

Seul au monde (Pensée 47)


Marchant à toute allure sous le déluge, le parapluie abaissé jusqu'au menton et le nez dans l'écran dans son smartphone, il s'était construit sa propre cabine téléphonique.

2020/01/14

Révolution ! (Métroscopie 198)



Comme moi, le jour peine à se réveiller emmitouflé qu’il est dans d’épais nuages noirs. Un tract de Besancenot dans la poche (que je ne lirai sans doute jamais), je monte dans GHIR en baillant et complètement dans les vapes. 

2020/01/13

Gueule de dossier (Métroscopie 197)



Matin brumeux, poisseux, pas joyeux. Je suis dans GHIR à contrecœur. 

À ma gauche, une femme décortique le CV d’un contrôleur comptable et financier (ça travaille dans l’espace ?) dont l’objectif avoué est de limiter les risques de je sais pas quoi et de toutes façons m’en fous. Ce genre de truc pue la vantardise à plein nez. Si le type avait la certitude de se faire embaucher en affirmant qu’il se touche le bout du nez avec le bout de la langue, il le ferait. Y’a pas à tortiller du cul pour marcher droit, ce monde est taillé pour les esbroufeurs.

2020/01/12

Gros culs (Métroscopie 196)



Ce matin, sur cette grande passerelle, moi et mes semblables qui piétinons l’asphalte avec amour et en chœur, ressemblons vraiment à un troupeau. Je ne serais d’ailleurs guère étonné si au bout de cette longue ligne droite, une machine nous mettrait chacun à part et immobiliserait pour nous foutre un doigt. Au loin, je vois IMRE se faire la malle sans moi. La prochaine fois, je crèverais tous tes sièges avec mon cran d’arrêt et taguerai des poils de nez et d’oreille sales sur tes wagons, enculé de tes morts. 

2020/01/11

Futures stars (Métroscopie 195)



Grande passerelle. Parfois, je suis frappé par l’assurance avec laquelle les gens vont vers leur transport. Leur démarche, l’expression de leur visage, leur regard, tout en eux clame : « je suis là, j’existe et je sais où je vais et rien ni personne ne m’empêchera d’y aller ! ». On croirait des immortels bienheureux, satisfaits de l’ordre des choses et du monde. Moi, à côté, j’ai l’air malade, piteux et renfrogné. Et si je cours c’est pour éviter de me faire écraser par ceux qui me précèdent.

2020/01/10

L’incident comique (Métroscopie 194)



En plus de la grande passerelle, la gare de Massy-Palaiseau possède une autre particularité. Dès le matin, un hotdoguier est ouvert pour ceux qui ont une irrépressible envie de gras friteux et ketchup-mayonnesque. Deux, devrais-je dire, car ils sont deux à vendre des sandwichs dans leur vieille camionnette. Si ce n’est pas trop mortel !

2020/01/09

Bourré (Métroscopie 193)



Ça commence bien, un zombie rasant le quai bouscule les gens en criant des excuses avec des airs de fin du monde comme si un RER invisible était présent. Il y a du peuple pour attendre ALDO (pensent-ils qu’en nommant ainsi notre transport nous allons être plus jouasses ?), trop de peuple et en plus ce peuple n’est pas content. Une myriade d’ondes négatives plane au-dessus des têtes, noires, poilues et vrombissantes.

2020/01/08

Opération Maison blanche (Crise internationale 16)








- C’est-à-dire ? interrogea Bruno Ledéputé, perdu et dépité.

Manuel Trèbon le fixa comme le dernier des crétins.

- Jean-Yves va servir des verres d’eau à ces gardes et pendant le temps qu’ils seront occupés à se désaltérer nous pénétrerons à leur insu chez Donald Moumoute.

Jour de grève (Métroscopie 192)



Jour de grève.  Sur le quai, les gens ont des mines perplexes, comme si les rails allaient se dissoudre sous leurs yeux. Un RER se nommant WWXPZ est à quai. Il n’a aucune destination. Pourtant, les gens pénètrent dedans avec assurance. Je m’approche d’une femme à l’intérieur d’un wagon et lui demande si elle sait où va ce RER avec ce nom de plaque d’immatriculation à dormir debout. Elle me répond sans hésiter Paris puis me demande à son tour si je ne suis pas monsieur Pillet. J’ai un mouvement de recul tandis que ses yeux se plantent dans ma personne comme si j’étais un steak-frites à point. Ça y est, j’ai compris, ce transport est un convoi de doux-dingues ! Cette femme voit des messieurs Pillet partout, cette autre lit le Vingt Minutes à l’envers... À cet instant, le signal sonore de fermeture des portes retentit. Malgré mes appréhensions, je bondis à l’intérieur du wagon !