2019/05/03

11. L’heure de la vengeance (11/11)





D’abord elle se précipita dans la cuisine pour prendre le couteau à viande. À mi-chemin, elle changea d’avis. Non, le couteau c’était trop classique

Bifurquant dans la salle de séjour, elle prit le fer à repasser puis gravit les marches menant à l’étage supérieur. Plus elle progressait plus les mauvais souvenirs l’assiégeaient et renforçaient sa rancœur. Les remontrances injustes de Guy, les couinements insupportables de ses étreintes, le temps toujours plus long qu’il passait avec Maryline, tout cela tournait dans sa tête comme un manège vomitif. « Je vais te détruire la gueule » se promit-elle en insérant la clé dans la serrure de la porte. Résolution qui fut ébranlée cinq secondes plus tard avec l’éclairage du lieu.

2019/05/02

Fait divers (Transport 13/15)








10. La clé du « logis » (10/11)





Aux premiers ronflements de son mari, elle se leva puis s’approcha de son pantalon posé sur la chaise du bureau. Retenant sa respiration, elle glissa une main dans une des poches. Elle ne contenait qu’un papier plié en quatre : la liste des courses. Quant à l’autre, elle ne lui remit dans la paume qu’un étui à capote.

Estomaquée, Catherine fixa l’objet neuf comme s’il allait lui rire au nez en exécutant des petits sauts. Merde, avec Maryline, Guy enfilait des capotes ! Comme pour un être humain ! En même temps, elle comprenait maintenant pourquoi il ne la sortait jamais de sa chambre pour la laver (avant cette découverte, elle s’était imaginé que son mari préférait laisser ses semences dedans. Une manière comme une autre de marquer son territoire).

2019/05/01

9. Jalousie (9/11)



Les jours suivants, Guy se comporta de façon identique. Il visita deux fois Maryline pour ses besoins sexuels, délaissant brutalement sa femme. Cependant, malgré ce changement, il devint irascible. Quelque chose n’allait pas avec la poupée gonflable. Elle ne lui donnait pas suffisamment de plaisir. Alors pour oublier sa frustration, il se défoulait sur Catherine, lui reprochant tout et n’importe quoi comme lors de la brève période sans coït.

Catherine eut le douloureux sentiment de revenir à la case départ. À cette différence près qu’elle ne pouvait plus rien y faire. Maintenant, Guy ne semblait plus éprouver de désir à son égard. Il ne cherchait même plus à la baiser.

2019/04/30

8. Confusion mentale (8/11)





Catherine eut beaucoup de mal à encaisser le choc. Pourquoi son mari avait-il décidé de boucler la chambre ? Avait-il peur qu’elle regrette son cadeau et qu’elle le jette aux ordures ? Ou bien souhaitait-il par ce geste établir une frontière entre son couple et sa relation avec sa partenaire artificielle ?

Cela avait été déjà le cas quand il s’était passionné pour le modélisme. Pendant un temps, Catherine s’était vue interdire l’accès au garage où son mari construisait des engins de guerre. Puis, un jour, sans raison apparente, cette lubie l’avait quittée. Catherine avait pu pénétrer dans son univers intime et s’y faire prendre par la même occasion.

2019/04/29

7. Visite nocturne (7/11)




 
Après son expérience avec Marilyne, Catherine s’était contentée de lancer un regard interrogateur à son mari.

« Ça va » avait-il lâché évasivement.

Cependant, à son air préoccupé, elle avait senti qu’il n’était pas vraiment satisfait (un peu comme lorsqu’elle n’y mettait pas du sien au lit selon son point de vue).

2019/04/26

6. Le cadeau surprise (6/11)





Une semaine plus tard, Catherine reçut le paquet par la poste. Elle le déchira fiévreusement, impatiente d’en voir le contenu. Lorsqu’elle aperçut les illustrations du packaging, sa pudeur s’éveilla et empourpra ses joues. Une partie d’elle n’arrivait pas à croire à ce qu’elle faisait et la traitait de pauvre fille. Soudain, un bruit se fit entendre dans la maison. Paniquée, Catherine jeta dans la poubelle les morceaux de carton et cacha l’emballage de la poupée gonflable dans le meuble sous l’évier. Afin de se donner une contenance, elle s’empara d’une pomme et commença à l’éplucher. Après dix secondes, elle s’arrêta. Fausse alerte, Guy n’était pas rentré

2019/04/25

Retour de bâton (Transport 12/15)




5. Insomnie (5/11)






Dans la nuit, Catherine se réveilla brusquement. Les yeux encore embués de sommeil, elle examina son mari qui dormait comme un homme ayant copulé deux fois la veille. Ouf, il était toujours le même. Elle n’alla pas jusqu’à soulever le drap pour continuer son examen. Non, pas la peine, maintenant qu’elle était certaine d’avoir rêvé. Elle soupira encore un peu chamboulée.

Dans son rêve, Guy se transformait en vieillissant. À soixante ans, deux bosses apparaissaient sur son front. À soixante-dix, ses jambes se couvraient de poils. À quatre-vingts, les cornes de sa tête atteignaient leur ultime développement tandis qu’un masque de lubricité figeait définitivement ses traits. Parallèlement à cette métamorphose son appétit sexuel augmentait. Catherine avait beau user des stratagèmes de sa fille rien n’y faisait. Le satyre l’assaillait avec toujours plus de fougue. Une fois par jour, deux fois, dix fois, cinquante fois ! À la fin, il n’était plus qu’une érection ambulante ! Une insatiable bite sur pieds !

2019/04/23

Classification (Transport 11/15)


4. Conversation téléphonique (4/11)




- Ça y est, annonça-t-elle dans un souffle. La deuxième rafale est passée.
- Bien, rétorqua Annabelle sur un ton las. Tu vas pouvoir être tranquille pour le reste de la journée.
Étant restées proches, la mère et la fille s’appelaient au moins cinq fois par jour. Elles se racontaient tout, des petits tracas à leurs problèmes de couple. À cause du divorce récent de sa fille, c’était d’ailleurs plutôt Catherine qui s’épanchait beaucoup sur ce sujet.
Il y eut un silence que le soupir d’Annabelle interrompit.
- Oui, je sais ce que tu penses, ma fille, concéda Catherine. Tu ne comprends pas pourquoi je n’ai rien dit.
- Écoute maman, on en a déjà parlé des milliers de fois, maugréa la trentenaire sans cacher son agacement. Moi, avec Xavier, quand je ne voulais pas, je lui disais non et il n’y revenait pas.