Pour elle, le sexe était
devenu une corvée. La faute à la libido exacerbée de Guy. Depuis qu’ils étaient
ensemble (trente et un ans maintenant !), ils avaient fait l’amour pratiquement
tous les jours. Si ça n’avait tenu qu’à elle, une fois tous les trois mois
aurait suffi. Hélas, pas pour son mari qui lui avait fait comprendre qu’il ne
survivrait pas à ce régime. « Ce serait comme une castration » lui
avait-il expliqué avec un air de chien opéré justement.
2019/04/18
2019/04/17
1. Le surnom pesant (1/11)
Alors qu’elle introduisait
le linge sale dans le tambour de la machine à laver, Catherine sentit sa
présence derrière elle. On était en plein milieu de l’après-midi. Le soleil
cognait comme un bulldozer. Même dans la buanderie la chaleur était infernale.
« Biquette »
murmura Guy en emboitant sa bedaine et son sexe dur dans le creux de ses reins
et l’arrondi de ses fesses.
Elle se raidit. Depuis
combien de temps lui donnait-il ce surnom imbécile ? Bien vingt-cinq ans
et malgré sa désapprobation, Guy avait continué à l’appeler ainsi. Pourtant,
son mari n’avait pas d’ancêtre paysan et n’avait jamais côtoyé d’animal de ce
style. « Biquette ». Quel chemin tortueux avait emprunté son esprit
pour en arriver à ce mot qu’il croyait plein d’affection ?
C’était aussi le mot qui
annonçait qu’il avait envie de baiser. Lorsqu’il le prononçait, elle savait à
quoi s’attendre. Monsieur ressentait le besoin urgent de se vider les burnes.
Sans conviction, elle administra une claque aux mains velues qui pressaient sa
taille.
« Guy » protesta-t-elle
mollement. « Je suis en train de m’occuper du linge ».
« Justement »
rétorqua l’homme d’une voix ronronnante. « Ça va te détendre ».
« On l’a déjà fait une
fois ce matin au lit » négocia-t-elle en tâchant de cacher son irritation.
« Quand on aime, on ne
compte pas » dit-il en glissant ses mains sous sa blouse bleu pâle.
Sauf que contrairement à son
mari, Catherine comptait et n’en pouvait plus.
(À
suivre)
2019/04/16
2019/04/15
La course aux mots
Je viens de finir une nouvelle érotique. Après avoir terminé
un texte pour enfant, j’avais envie d’écrire un texte moins exigeant, un truc
pour me faire plaisir. Finalement, la rédaction de cette nouvelle entre guillemets
a été laborieuse, un peu comme d’hab’. Plus je vieillis plus j’éprouve des
difficultés pour écrire. J’ai du mal à me concentrer et je cherche de plus en
plus mes mots. Là où d’autres alignent les phrases en se frisant les moustaches,
moi je rame pour en écrire une seule, galérien du stylo que j’utilise de moins
en moins. Attention, je ne sous-entends pas par-là que les écrivains au clavier
trépidant (j’ai hésité avec : à la plume intrépide) produisent des œuvres
de moindre qualité que les miennes, je dis juste que j’ai compris que je
n’appartenais pas à cette espèce formidable (la plupart des écrivains dont
j’aime les textes sont des graphomanes, j’en parlerai plus tard). Aussi,
lorsque je travaille, je ne me fixe pas de nombre de mots à écrire, ce genre
d’objectif me flingue. Si je me dis bon là, coco, tu es parti pour 500 mots (un
objectif équivalent au remplissage d’une carte postale pour les prolifiques),
je sais que je ne vais pas y arriver, au bout de deux phrases, je perds mon
courage, je me liquéfie, me traite de minable et à la fin, échouant dans mon
entreprise, ai le sentiment d’avoir fait de la merde (ce qui n’a aucun rapport,
je sais, mais c’est comme ça). Voilà sans doute pourquoi je n’éprouve aucune
satisfaction au nombre de mots ou de pages que j’ai réussi à écrire au bout
d’un certain temps plutôt long en général. Une part de moi sait que cette
comptabilité m’empoisonne et joue sur mes humeurs. Si, pour avancer, certains
ont besoin de s’astreindre à écrire au quotidien une certaine quantité de mots,
je sais qu’avec moi cette méthode ne fonctionne pas. Pas la peine de me
torturer donc. J’en chie déjà bien assez comme ça.
C’est tout pour aujourd’hui.
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