Contre toute attente, cette
surenchère dévia de sa trajectoire funeste. Rétrospectivement, les spécialistes
parlent de crise de Cuba inversée, c’est-à-dire avec un départ tonitruant et
une fin grotesque, digne d’une dispute entre piliers de comptoir. Cela
venait-il du fait que Kon Je Nou bluffait, conscient de ne pas avoir les moyens
de ses promesses de destruction ? (mais l’homme était si imbu de lui-même
qu’on pouvait en douter). Ou que le hamburger en toc avait calmé les ardeurs de
Donald Moumoute ?
Ces hypothèses restent à
vérifier. Celle reposant sur la bêtise incommensurable des deux protagonistes
reste la plus probable. En effet, sans ce facteur, leurs intimidations
n’auraient pas changé subitement de nature. Tous les experts sont bien d’accord
sur ce point.
À la fanfaronnade du plus
gros bouton, Kon Je Nou se mit au niveau de Donald Moumoute et
répliqua : « Bouton de joystick toi-même ! À côté du
mien, ton bouton ressemble à une tirette, vieux gâteux sans cervelle ».
Le « vieux
gâteux » mit Donald Moumoute dans tous ses états. De la vaste cour des
grands de CM2, il bascula dans celle étriquée des petites sections.
« Viens donc me le dire
en face, gros lard ».
Ce à quoi l’autre
répondit : « Où tu veux quand tu veux ».
Ainsi, les signes
avant-coureurs d’une troisième guerre mondiale laissèrent place aux prémices
d’une simple bagarre. Tout le monde en fut surpris, y compris les proches des
deux chefs d’État. Mais bien qu’invraisemblable, cette issue devint la seule
possible.
Après s’être mutuellement
provoqués devant la terre entière, Donald Moumoute et Kon Je Nou ne pouvaient
plus reculer. Ils devaient se battre. Leurs peuples le réclamaient (pour une
fois qu’on ne les sollicitait pas).
De plus, cela octroierait un
sursis à l’humanité, chacun reportant l’usage de ses bombes nucléaires. Mais
avant d’aborder ce combat exceptionnel, revenons au tout début de la prise de
bec des deux hommes et retournons en France chez Manuel Trèbon.
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