Une semaine plus tard,
Catherine reçut le paquet par la poste. Elle le déchira fiévreusement,
impatiente d’en voir le contenu. Lorsqu’elle aperçut les illustrations du packaging,
sa pudeur s’éveilla et empourpra ses joues. Une partie d’elle n’arrivait pas à
croire à ce qu’elle faisait et la traitait de pauvre fille. Soudain, un bruit
se fit entendre dans la maison. Paniquée, Catherine jeta dans la poubelle les
morceaux de carton et cacha l’emballage de la poupée gonflable dans le meuble
sous l’évier. Afin de se donner une contenance, elle s’empara d’une pomme et
commença à l’éplucher. Après dix secondes, elle s’arrêta. Fausse alerte, Guy
n’était pas rentré
Fixant le fruit dénudé dans
sa main et l’économe dans l’autre, elle se dit qu’en continuant de la sorte
elle allait perdre les pédales. Mieux valait donc mettre les pieds dans le plat
dès ce soir quitte à subir les foudres de son mari.
Contre toute attente, Guy ne
se mit pas en colère. Lorsque Catherine lui tendit son cadeau surprise après le
repas, il en parut touché. L’air grave, il lut à voix haute le nom du
produit : « Maryline la chaudasse » puis observa
attentivement les photos de la poupée au dos de l’emballage. Rouge comme une
tomate, Catherine se lança dans des explications
laborieuses : « Tu comprends... Comme parfois je suis
affairée... Pas tout le temps disponible... J’ai pensé que... Enfin... Elle est
blonde comme moi... Dotée d’une forte poitrine et de... ».
« Oui et aussi de trois
orifices » reprit son mari en hochant de la tête comme s’il acquiesçait
aux arguments d’un commercial très persuasif.
« Ça, ça te fait
plaisir ? » bredouilla-t-elle sans savoir encore sur quel pied
danser.
Mais Guy ne répondit pas à
sa question. Lui tournant le dos, il déclara comme s’il s’agissait d’une
mission de la plus haute importance : « Je vais l’essayer dans
la chambre d’amis ». Et d’un pas vif, il quitta la cuisine. Mortifiée,
Catherine resta immobile pendant plusieurs secondes. Elle éprouvait de grandes
difficultés à digérer ce qui venait de se passer. À la limite, elle aurait
préféré que Guy soit vexé et l’engueule. Ça l’aurait presque rassurée. Là, il
s’était comporté d’une étrange manière. Elle ne l’avait pas reconnu. On aurait
dit qu’il avait toujours souhaité s’offrir ce joujou pour adulte sans jamais
oser passer à l’acte. Oui, c’était ça, elle avait réalisé malgré elle un de ses
fantasmes inavouables. « Quelle idiote susurra-t-elle en s’emparant
rageusement des assiettes tachées de sauce tomate sur la table.
(À
suivre)
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