2019/04/03

2. Chaudes retrouvailles (2/9)



Les mois passèrent. Avec le temps, il considéra cet épisode avec humour. Lorsque, entre potes, arrivait le moment des anecdotes salaces, il se vantait d’avoir couché avec une espionne. Pour rendre son histoire plus croustillante, il ajoutait de faux détails : La demoiselle avait un accent de l’est et un calibre dans son sac à main. Elle avait exigé que les rideaux soient tirés et inspecté minutieusement toutes les pièces avant l’acte. Un des talons de ses bottes était en fait un sex toy dernière génération. Même s’ils y croyaient à moitié, ses potes, hilares, le questionnaient pour en savoir encore plus. Alors, pour leur faire plaisir, il rajoutait de nouveaux détails…
Finalement, cette histoire prit pour lui l’allure d’un rêve. À tel point qu’il en arriva à se demander s’il l’avait réellement vécue. Puis il l’oublia…
Or, un jour qu’il se baladait dans un parc, il la revit. Le choc fut terrible. Un éclair s’abattant à ses pieds ne l’aurait pas plus ébranlé. Elle était assise seule sur un banc à côté des joueurs d’échec. Les jambes nues et prolongées par des talons, elle écrivait sur un petit calepin. Tous les hommes alentours lui jetaient des coups d’œil en loucedé. Elle croisait et décroisait ses jambes, mine de rien, l’air pénétré. Ses vêtements près du corps laissaient deviner ses formes charmantes. Par endroits et suivant ses mouvements de tête, des éclats de soleil se reflétaient sur sa nuque et ses cheveux sombres. Une bombe. Elle aurait laissé tomber son stylo par terre et sur les cinq cent mètres à la ronde, tous les hommes se seraient précipités pour le ramasser. Il y aurait certainement eu des morts.

Consciente des regards masculins qui la dévoraient, elle daignait en croiser un de temps à autre. Pas trop longtemps tout de même. Le veinard aurait pu croire qu’elle se montrait open.

Mêlé à un groupe d’hommes qui suivait une partie d’échec, il n’y tint plus. Le cœur tambourinant, il se sépara de ses semblables et s’approcha de la demoiselle. Ses pieds crissaient sur les cailloux et les ombres figées des feuillages. Dans son dos, il sentait tous les regards des joueurs d’échec braqués sur lui. Assis sur un banc en face, un jeune homme avec des lunettes de soleil qui s’apprêtait à l’abordage se ratatina. Au loin, un ballon rechigna à rebondir.
Elle leva la tête, d’abord impassible, puis, à sa vue, sourit.
Ne s’attendant pas à cette réaction, il mit du temps à lui rendre ce sourire.
- Tu te souviens de moi ?
Elle acquiesça et rangea son calepin et son stylo dans son sac.
- Si on marchait ? Proposa-t-elle avec malice.
Il acquiesça à son tour. Elle se leva et lui saisit le bras.
Sous les yeux éberlués des joueurs d’échec et du jeune homme aux lunettes de soleil, ils prirent le chemin vers les terrains de tennis. Sans se parler, ils avancèrent entre les rangées d’arbres qui se remettaient à bourgeonner. Bien qu’elle lui tenait le bras, c’était elle qui le guidait, sourire aux lèvres. Il ne pouvait s’empêcher de regarder les autres mâles allant à leur rencontre. Même accompagnés, certains la reluquaient de haut en bas. Elle n’y prêtait pas plus attention que ça, habituée à ce genre d’examen oculaire. Clair, elle était vraiment sexy. La musique que produisaient ses talons commençait à l’exciter. Son sexe se raidit progressivement.
- Qu’étais-tu en train de faire ? Parvint-il quand même à dire.
Elle se contenta de serrer ses doigts dans le pli de son coude et de l’entrainer derrière un large tronc d’arbre avoisinant un mur en pierres.
Là, elle l’embrassa fougueusement. Il fourragea dans sa culotte humide et chaude. S’accroupissant, elle engloutit son morceau turgescent. Appuyant ses mains contre l’arbre, il fit des mouvements de va et vient dans la bouche de la demoiselle. Puis elle se redressa, offrant sa croupe superbe. Il y alla franco comme on rentre dans une auberge. Des coups longs, profonds et fermes. Sur la cime de l’arbre, un oiseau gazouillait. On entendait aussi les gens marchant sur l’allée en train de rire ou de discuter. Parfois, entre deux soupirs de plaisir, elle laissait échapper un petit gémissement. L’oiseau alors lui répondait.
Un vieillard écarquilla les yeux lorsqu’il vit le couple surgir de derrière l’arbre.

(À suivre)

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