2022/01/08

Critique des films The Punisher par Raymond Domenech (Oh non encore du foot)

 


 Le grand rêve de Raymond Domenech a toujours été de devenir critique de cinéma. Hélas, lorsqu’il a remarqué que sélectionneur de l’équipe de France était nettement mieux payé que cette profession, il a vite tranché. Heureusement, pour OH NON ENCORE DU FOOT, l’homme a accepté de nous parler gratuitement (si, si) des films qu’il a vu, réalisant ainsi son vieux rêve le temps de quelques billets. Aujourd’hui, les deux films sur le Punisher, cru 2004 et 2007.

 

Nicolas Anelka m’a tanné pour que je parle de ces deux films qui ne sont pas des chefs d’œuvre, donc j’en parle – Bien. Deux films sur le héros de comic sont sortis au cinéma, l’un en 2004, l’autre en 2007. Le premier est joué par un blondinet bodybuildé, le deuxième par un brun limite grassouillet avec une gueule de boucher. Avec un tel casting, on pourrait croire a priori que le deuxième film collerait plus à la bédé et à son univers sombre, éh bien non. Autant le film de 2004 est réussi autant celui de 2007 ressemble à une farce grotesque. Dans le premier, Franck Castle alias le Punisher voit sous ses yeux son fils et sa femme assassinés par des maffieux aux ordres de John Travolta. Survivant miraculeusement à leur attaque, il décide de se venger. Deux scènes rendent ce film intéressant – lorsqu’un tueur muni d’une guitare vient narguer Franck Castle dans un snack (s’ensuit une course poursuite infernale en voiture), lorsqu’un autre tueur, colosse russe semblant être sorti tout droit d’un dessin animé, vient éliminer le héros chez lui. Bref, rien que pour ces deux scènes, ce film d’action vaut le coup. Pour l’autre film – à moins de vouloir se payer une franche rigolade – pas la peine de s’abimer les yeux. Le fils et la femme de Franck Castle sont morts depuis belle lurette. Alone, notre héros dégomme du mafieux à la queue leu leu. L’acteur qui joue Franck Castle est mauvais. A part deux ou trois grimaces qui se veulent viriles, son jeu est nul (il ferait mieux de nous servir des côtes de porc). D’ailleurs tous les acteurs de ce film sont mauvais. Etonnamment, même celui qui pourtant assurait dans la série The Wire. Néanmoins comme le scénario du film est mauvais, on n’est pas trop choqué. Une scène résume à merveille cette daube au titre racoleur : War Zone : A la fin, les deux méchants tiennent en otages une mère et sa fille. Le punisher est désarmé, blessé, à la merci de ses ennemis. L’un des méchants décide soudain de lui balancer une arme contenant une seule balle pour qu’il choisisse de tuer soit la fille, soit la mère… On croirait presque la série animée des Simpsons si les morts ne s’accumulaient pas et les protagonistes ne faisaient pas autant la gueule.

2022/01/02

Critique de Windows on the world de Frédéric Beigbeder par Franck Ribéry (Oh non encore du foot)

 

Pourquoi Franck Ribéry fait si peu de têtes ? Parce qu’il sait que chaque coup donné au ballon fait perdre des neurones et que ces neurones perdus sont autant de pages de littérature envolées. Aujourd’hui, pour OH NON ENCORE DU FOOT ! Franck nous parle du livre de Frédéric Beigbeder : Windows on the world.

 

J’avais commencé du même auteur 99 francs et ça m’avait vite gavé. Pas allé au bout. J’avais ensuite vu le film et là, j’avais accroché – puis, il n’y a longtemps, me souvenant de l’avoir trouvé drôle, j’avais décidé de le revoir. J’ai vite décroché – même gavage que le livre – A part pour la scène de « rupture » dite dans toutes les langues. Bref, sans beaucoup d’enthousiasme, j’ai attaqué Windows on the world – qui aborde les attentats du 11 septembre – donc un sujet bien casse-gueule, qui exige que l’auteur qui s’y colle en ait dans l’estomac. Et là, bien forcé de constater que Frédéric Beigbeder n’en a pas de l’estomac. Le récit qui alterne entre les voix de personnages prisonniers dans le World Trade Center et celle de l’auteur « enquêtant » sur l’attentat reste lisse et superficiel – On ne croit pas au personnage du père texan, double en pensées de l’auteur. On ne croit pas aux derniers instants de ces victimes de l’attentat. Il manque quelque chose. Et ce quelque chose est sans doute cette force qui rend charnus les mots, qui les propulse en éclats virevoltants dans l’imaginaire du lecteur. Frédéric Beigbeder écrit bien comme je pourrais dire qu’il écrit poliment. Des formules à la Oscar Wilde (et dieu sait que les formules d’Oscar Wilde sont chiantes), des références tapageuses, des anecdotes croustillantes, un soupçon de culture (arf, les éternelles citations de « grands hommes ») – L’auteur use de tous ces artifices pour rendre intéressant son récit qui ne l’est pas – ou, si par moments, il faut quand même le reconnaitre. Et ces moments sont quand l’auteur se raconte – alors là, oui, le récit fonctionne, hélas, à petites doses, insuffisantes pour donner à l’ensemble une réelle profondeur.

Tout ceci dit, j’ai lu le bouquin jusqu’au bout (mystère à élucider : Bien qu’il ne nous plaise pas, pour quelle raison lit-on un livre complètement ?). Bien pour la plage après une semaine de vacances au même endroit ou un match amical à domicile. Vaut une huitième passe en retrait à son gardien sous les sifflets du public.

 

2022/01/01

Critique de Survivant de Chuck Palahniuk par Franck Ribéry (Oh non encore du foot)

 


 

Franck Ribéry est un lecteur invétéré. A chaque mi-temps d’un match, pour donner de l’allant à ses coéquipiers, l’homme lit à haute voix des extraits de roman ou de poésie. Comme il le dit si bien lui-même : « On ne peut jouer au foot comme un artiste sans fréquenter les mots de ceux qui savent leur donner chair ». Aujourd’hui : Franck nous rapporte sa lecture de « Survivant » de Chuck Palahniuk.

 

Quelques années auparavant, j’avais lu Fight Club du même auteur et je m’étais fait profondément chier (et pourtant je l’avais lu jusqu’au bout, époque où je me forçais à lire même les livres qui m’emmerdaient, époque heureusement révolue). Impression de lire un scénar de film. D’ailleurs, le film m’avait semblé nettement meilleur que le bouquin dont je n’avais pas du tout saisi l’humour ravageur. Quand Thierry Henry m’a tendu « Survivant », deuxième bouquin de Chuck Palahniuk, j’étais donc légitiment sceptique. « Tu me fais une blague ? » lui avais-je demandé, connaissant l’esprit facétieux du joueur mais aussi de l’homme. Sans répondre, Thierry avait souri puis remué son bras tendu, insistant pour que je prenne le book. Ma curiosité était trop forte. J’avais pris le book et l’avais lu. D’un trait. Sans prendre le temps de me changer (je me souviens encore de la couleur de la serviette que j’avais enroulée autour de la taille : verte à pois bleus). Comme quoi, les œuvres d’un même auteur peuvent susciter des réactions contraires. Autant je suis partisan de ne pas lire jusqu’au bout un bouquin qui est chiant, autant, j’approuve qu’on donne plusieurs chances à un auteur, même si ses œuvres précédentes étaient nazes – exceptions faites de Beigbeder, Levy et autres Jardin (un seul être doit se cacher derrière ces trois noms, encore un coup de Fantomas !)…

« Survivant » m’a donc captivé de A à Z. Début sur des chapeaux de roues, le narrateur a pris les commandes d’un avion long courrier. Il a viré les passagers ainsi que les pilotes. Son but : se scratcher dans le désert australien. Mais avant de se scratcher, il va raconter « à la boite noire » comment il en est arrivé là…

Persos zarbis, atmosphère délétère (glauque ?), violence maximale, humour dévastateur, ce bouquin ressemble à une grenade qui vous pète à la gueule sans en avoir l’air. Plusieurs fois. Certaines scènes sont vraiment démentes, et c’est l’une des rares fois où je me suis demandé comment l’auteur avait fait pour imaginer de tels trucs. Je me suis aussi demandé si l’auteur, avec cet écrit qui ne ressemble vraiment à aucun autre et qui est inclassable, n’était pas majeur, à l’instar d’un Bret Easton Ellis (surtout pour American Psycho).

Bref, j’ai hâte de me pencher sur ses autres œuvres, notamment Monstres Invisibles que m’a aussi conseillé Thierry.

En tout cas, c’est un réel plaisir de tomber sur ce genre bouquin.

Si je le convertissais en geste technique, je dirais qu’il vaut bien une reprise de volée en pleine lucarne !

Non, deux ! Soyons pas pingre.

2021/12/31

Critique de « Nous sommes tous des playmobiles » de Nicolas Ancion par Franck Ribéry (Oh non encore du foot)

 

 


Franck Ribéry adore lire. A tel point qu’il souhaiterait que tous les ballons de football du monde entier soient recouverts de passages de romans ou de nouvelles. Pour l’instant, la FIFA n’a pas validé cette idée  mais, parait-il, l’étudie très sérieusement. « Peut-être mon transfert au Real Madrid accéléra les choses » ironise Franck qui connaît la force d’inertie des dirigeants de la haute instance de football. A défaut, pour OH NON ENCORE DU FOOT, le joueur nous fait part de ses impressions de lecture. Aujourd’hui le recueil de nouvelles de Nicolas Ancion « Nous sommes tous des playmobiles »

 

C’est marrant. Quand on apprécie un livre on a beaucoup plus de mal à en parler que lorsqu’on ne l’apprécie pas. Allez savoir pourquoi. Donc, j’ai apprécié ce recueil de nouvelles et l’ai lu pratiquement d’une traite. Bon, comme tout recueil de nouvelles, les histoires sont inégales. Certaines dégagent trop de bons sentiments et de morale telles la tache de sauce ou l’échappé belle. Il y a aussi la facile du pauvre type qui ne demande pas grand-chose à la vie, juste échanger avec une serveuse à jolis seins. Et puis la chiante sur le monde littéraire – bien écrite néanmoins et qui donne envie d’aller voir Bruxelles – deux types raptent un autre de l’académie française et lui font subir, entre autre, des outrages de vocabulaire. Et puis il y a des petits joyaux dont, principalement « Georges et les dragons », qui est paradoxalement celle qui utilise le moins « l’exceptionnel ». Enfin, la dernière histoire « Haute pression », superposition haletante de plusieurs récits qui éclaire la vie sur son absurdité.

Ceci dit, l’écriture de Nicolas Ancion est celle d’un véritable écrivain. Même si certaines nouvelles sont sans plus (mais cela est normal), le recueil se lit aisément et dans n’importe quelle position (si, si). Plus que les histoires, ce sont les mots de l’auteur qui entraînent. Et puis Nicolas Ancion est un enfant de la bédé et cela se voit. Maniant à merveille l’art du décalage, il multiplie (j’évite comme les petits pains) les images saugrenues et burlesques. Bref, enfin un auteur qui pète normalement. Un auteur à l’écriture simple et fraîche ! Un auteur qui mérite vraiment d’être lu. Je suis d’ailleurs curieux de lire ses autres œuvres… et aussi de visiter Bruxelles.

 

2021/12/30

Critique de la prochaine fois roman de Marc Lévy par Franck Ribéry (Oh non encore du foot)

 


En plus d’être footballeur, Franck Ribéry est passionné de littérature. A l’un de nos confrères qui lui demandait s’il en avait ras le bol d’être tout le temps blessé, Franck avouait que non, cela lui permettait de lire des livres et donc, de découvrir de nouveaux auteurs. « Si je comprends bien, vous préférez lire plutôt que de jouer au foot » avait alors sournoisement persiflé le confrère. « Entre les deux, mon cœur balance » avait répondu laconiquement le joueur.

Exceptionnellement pour OH NON ENCORE DU FOOT ! Franck Ribéry nous parle de ses dernières lectures. Aujourd’hui, le quatrième roman de Marc Lévy : La prochaine fois.

 

Pour une fois, j’avais dérogé à la règle qui consiste à ne pas lire l’interview d’un auteur avant d’avoir lu une de ses œuvres. J’ignore pourquoi. Donc, je lis une ou deux interview de Marc Lévy sur internet. Très vite, j’arrête. Les réponses de l’homme sont creuses. A part le fait qu’on apprend qu’il vend ses livres par millions d’exemplaires et qu’il remercie prétentieusement la chance de ce succès inespéré, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Marc Lévy est lisse. En était-il de même pour son œuvre ?

J’ai donc ouvert son quatrième roman : La prochaine fois qui raconte l’incroyable histoire d’amour de Jonathan, expert d’un peintre fictif russe et de Clara, galeriste (comme par hasard). Déjà, je suis frappé par le style de Marc Lévy. En fait, il n’y en a pas. On retrouve le même genre d’écriture dans la littérature américaine populaire à l’eau de rose. Même genre de personnages aisés et même genre de dialogues pseudo drôles et pré cuits. Comme son auteur, les personnages sont lisses, très facilement identifiables et prévisibles. L’ami de Jonathan, Peter, commissaire priseur, est un noceur au bon cœur. Jonathan est gentil comme un labrador utilisé pour le sauvetage en mer. Clara est douce et fraîche comme un gâteau à la carotte et aux noisettes et ainsi de suite… De ce côté-là, pas de surprise, le lecteur évolue en territoire connu. Parfois, néanmoins, il y a quelques passages poétiques, notamment celui sur la fuite du peintre russe, là, un autre Marc Lévy s’exprime, plus  personnel et créatif…

Je le reconnais pourtant, j’ai dévoré le bouquin. Dans son histoire, Marc Lévy a réussi « à faire vibrer l’intrigue » et c’est sans doute en cet art qu’il excelle. Rendre le récit attractif et palpitant. Incorporer à son histoire d’amour gnan-gnan des éléments qui magnétisent. Même si les personnages sont pénibles, on veut savoir la suite. Lire plus vite les pages pour connaitre le dénouement. Dévaler les mots jusqu’au bout du récit. Dans ce domaine, l’art de raconter, il n’y a rien à dire. Marc Lévy maîtrise. Malgré sa tête à claques de produit marketing, il n’est donc pas étonnant que ses livres se vendent par millions. Un bon conteur sait envoûter les esprits.

 

2021/12/24

Du sublime de la touche (Oh non encore du foot)

 

 


Monica Stanfeld n’est plus à présenter. Crevant l’écran dans « Petits trous bien humides II » et le « facteur bourrine toujours 500 fois », elle a accumulé les récompenses : Hot d’or 2007, grand prix européen de la meilleure fellation 2008, prix de la double pénétration de la ville de Melun 2008, statuette d’argent du stupre et de la dépravation à Venise en 2009, etc… Contrairement à ses collègues qui manifestent un intérêt feint pour le ballon rond parce qu’il est populaire, Monica Stanfeld a toujours aimé le football et baigné dedans. Fille d’un arbitre de national et d’une supportrice inconditionnelle du grand OM, elle a connu très tôt les stades et leurs ambiances éthyliques et chaleureuses. Elle avouera d’ailleurs avoir eu son premier rapport à l’âge de 17 ans avec un gardien de but et un arrière central. Et son premier orgasme à la vue d’un passement de jambes parfaitement exécuté par Chris Waddle en coupe d’Europe. Aujourd’hui, pour Oh Non Encore Du Foot, elle se propose de commenter certains gestes techniques ou actions du foot qui la mettent encore en émoi :

Ce que j’aime dans la touche, c’est qu’elle se fait hors du terrain et avec les mains. Elle transgresse les règles du foot et moi, j’aime ça, la transgression.  Sans transgression, point d’excitation. Une touche est excitante et jouissive. Lorsque la balle sort du terrain, je vibre. Je sais qu’il va y avoir une touche. Je sais qu’un joueur va prendre le ballon avec les mains et ça me fait plein de choses partout. Je ne comprends pas ceux qui soupirent à cet instant. Ont-ils une pierre à la place de l’organe sensible ? Quand on leur demande pourquoi ils réagissent ainsi, ils répondent qu’il n’y a pas d’action, qu’une touche c’est chiant et coupe le match dans son élan sublime voire le hache jusqu’à le rendre insipide. C’est comme si l’on arrêtait le compte à rebours d’une fusée pour qu’un astronaute se change, l’espace d’une minute, en ballerine, ajoutent certains, très fiers de cette image bancale et douteuse. Que répondre à pareilles sottises ? Le haussement d’épaules parait la meilleure réplique. Des heures d’explications ne suffiraient pas à convaincre ces pisse-froid. Pourtant, s’il y avait une chose à dire, une seule chose, c’est bien celle-ci : si l’on aime le foot, alors on l’aime totalement, dans toutes ses phases de jeu. Et la touche en est une. Indubitablement. Qui ne sait pas l’apprécier ne sait pas apprécier une partie de football. Qui applaudit uniquement aux buts marqués n’est pas un vrai passionné de football. Tout au plus peut-on dire que c’est un touriste mais un passionné de football, ça non (je n’irai pas jusqu’à dire que si on n’a pas eu d’orgasme devant un magnifique passement de jambes, on ne l’est pas non plus, mais presque). Au contraire, celui ou celle qui vit par tous les pores de sa peau le football, savoure la touche… Il voit le joueur saisir à pleines mains le ballon comme un fruit savoureux, hum. Il le voit en train de le peloter ou le toucher à ses endroits les plus sensibles afin de le posséder. Il le voit enfin l’élever en se cambrant comme on donne son ultime coup de boutoir fracassant. Il comprend la nécessité du geste, sa splendeur. Et il en redemande.