2018/10/01

La gueule de l'emploi (Extrait 2 : Conseils à une amatrice qui veut percer dans le porno









Souvent, beaucoup de jeunes femmes viennent me voir et me posent la même question : Faut-il avoir une tête de pute pour percer dans le porno ? Souvent, je réponds par une autre question à celle-ci : Ai-je une tête de pute ? Ce qui déstabilise généralement mes interlocutrices et les plonge dans l’embarras. Afin de dissiper leur gêne, je précise que je ne suis pas susceptible et que je ne prendrai pas mal qu’elles me le disent. Au contraire. Dans ce monde de chacals putrides, l’honnêteté est un diamant qui brille. Et avoir une tête de pute est sublime. Rassurées par ma déclaration, elles me donnent alors leur avis et à quatre-vingt-dix-neuf virgule quatre-vingt dix neuf pour cent il s’avère négatif. « Alors ? vous voyez bien que c’est une idée préconçue » leur fais-je avec l’air supérieur de celle qui répand la lumière dans leurs cerveaux embrumés.

À vrai dire, je les enfume. Car ces jeunes femmes n’ont pas tout à fait tort. Cependant leur formulation n’est pas tout à fait juste non plus. Naturellement, quelques actrices ont de vraies têtes de putes et celle qui me vient tout de suite à l’esprit est Mylène Bruyère, la grande star des années 80. Avec ses cheveux filasses, ses énormes nichons, sa bouche à engloutir du chibre au mètre et son regard permanent de chienne en chaleur, cette nana était la lubricité incarnée. On n’avait pas envie de lui dire bonjour. On avait envie de la retourner et de lui foutre un bon coup dans le derche. On n’avait pas envie de lui parler de la pluie et du beau temps. On avait envie de lui enfoncer son calibre dans la bouche et de défourailler. On n’avait pas envie de manger avec elle. On avait envie de la bouffer. J’en passe. Cependant, à ma connaissance, aucune actrice n’a naturellement ce profil incendiaire. Mylène Bruyère reste un cas à part, une exception, une merveille. Pour les autres, et je m’inclus dans le lot, il y a un travail à fournir et ce travail consiste à se faire une tête de pute. Là est toute la nuance. En tant qu’actrices de porno, nous devons donner l’illusion d’être des salopes. Bien sûr, suivant le talent et le professionnalisme des protagonistes, cette illusion est plus ou moins réussie. Pour ma part, je sais que j’y parviens largement. C’est la raison pour laquelle je suis devenue une star. J’ajouterai même que je suis tellement forte dans cet exercice que le grand public croit que je suis véritablement une salope. Et que les jeunes femmes viennent me voir pour me demander s’il est nécessaire d’avoir une tête de pute pour faire carrière dans le porno.


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