Souvent,
beaucoup de jeunes femmes viennent me voir et me posent la même question :
Faut-il avoir une tête de pute pour percer dans le porno ? Souvent, je
réponds par une autre question à celle-ci : Ai-je une tête de pute ?
Ce qui déstabilise généralement mes interlocutrices et les plonge dans
l’embarras. Afin de dissiper leur gêne, je précise que je ne suis pas
susceptible et que je ne prendrai pas mal qu’elles me le disent. Au contraire.
Dans ce monde de chacals putrides, l’honnêteté est un diamant qui brille. Et
avoir une tête de pute est sublime. Rassurées par ma déclaration, elles me donnent
alors leur avis et à quatre-vingt-dix-neuf virgule quatre-vingt dix neuf pour
cent il s’avère négatif. « Alors ? vous voyez bien que c’est une
idée préconçue » leur fais-je avec l’air supérieur de celle qui répand la
lumière dans leurs cerveaux embrumés.
À
vrai dire, je les enfume. Car ces jeunes femmes n’ont pas tout à fait tort.
Cependant leur formulation n’est pas tout à fait juste non plus. Naturellement,
quelques actrices ont de vraies têtes de putes et celle qui me vient tout de
suite à l’esprit est Mylène Bruyère, la grande star des années 80. Avec ses
cheveux filasses, ses énormes nichons, sa bouche à engloutir du chibre au mètre
et son regard permanent de chienne en chaleur, cette nana était la lubricité
incarnée. On n’avait pas envie de lui dire bonjour. On avait envie de la
retourner et de lui foutre un bon coup dans le derche. On n’avait pas envie de lui
parler de la pluie et du beau temps. On avait envie de lui enfoncer son calibre
dans la bouche et de défourailler. On n’avait pas envie de manger avec elle. On
avait envie de la bouffer. J’en passe. Cependant, à ma connaissance, aucune actrice
n’a naturellement ce profil incendiaire. Mylène Bruyère reste un cas à part,
une exception, une merveille. Pour les autres, et je m’inclus dans le lot, il y
a un travail à fournir et ce travail consiste à se faire une tête de pute. Là
est toute la nuance. En tant qu’actrices de porno, nous devons donner
l’illusion d’être des salopes. Bien sûr, suivant le talent et le
professionnalisme des protagonistes, cette illusion est plus ou moins réussie. Pour
ma part, je sais que j’y parviens largement. C’est la raison pour laquelle je
suis devenue une star. J’ajouterai même que je suis tellement forte dans cet
exercice que le grand public croit que je suis véritablement une salope. Et que
les jeunes femmes viennent me voir pour me demander s’il est nécessaire d’avoir
une tête de pute pour faire carrière dans le porno.
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