2021/12/03

Critique de Donnie Darko par Raymond Domenech (Oh non encore du foot)

 


 

C’est confirmé maintenant : Raymond Domenech n’est définitivement pas un bon entraîneur de football (il le reconnait d’ailleurs lui-même en privé).  Cependant, il pourra toujours se rabattre dans la critique de films car pour ça, oui, il est bon (Estelle le dit en tout cas). Aujourd’hui, pour OH NON ENCORE DU FOOT ! Raymond nous parle de Donnie Darko.

Souvent, les films aux scénarios trop compliqués ne fonctionnent pas du fait de leur construction laborieuse et casse-gueule. Paradoxalement, Donnie Darko, film de 2001 mais qu’on croirait des années 80 (l’action se passe fin des années 80) appartient à cette catégorie et cependant parvient à conserver son équilibre jusqu’à son dénouement. L’histoire demeure incompréhensible mais à vrai dire, à mes yeux, elle est secondaire. J’ai lu beaucoup d’interprétations à son sujet, mais en soi, ces interprétations n’apportent pas grand-chose. Par contre, le fait qu’elles soient nombreuses signifie que ce film n’a pas laissé indifférent. Sans doute à cause de l’atmosphère angoissante qu’il dégage tout du long. Une scène inattendue débouche sur une autre tout aussi inattendue et ainsi de suite. On est à la fois accroché et surpris. Très souvent désorienté. Donnie, un garçon mal dans ses baskets, s’est créé son univers propre pour supporter l’existence. Dans cet univers, il a un ami imaginaire, Franck, un lapin inquiétant. Ce lapin, apparaissant à n’importe quel moment, lui dicte d’une voix d’outre-tombe ses actes dans un but inconnu.

Dès le début du film, un compte à rebours s’amorce tandis que la voix de Franck prédit la fin du monde. Va-t-elle réellement avoir lieu ? Sous quelle forme ? Quel rôle va jouer Donnie dans cette prédiction ? Quelle est la part de réalité et la part de fiction dans ce récit ? L’adolescent est-il fou et psychopathe ? Le psy que Donnie consulte a tendance à croire que son cas s’aggrave. Tout comme ses parents…

Si ce film possède tous les ingrédients pour ressembler à un thriller, très vite, par ses scènes pittoresques, l’originalité de son ton, ses personnages bizarres, son côté expérimental, il dévie de cette trajectoire. Donnie Darko n’a aucun équivalent. Film OVNI, on pourrait tout aussi bien dire qu’il s’agit d’une tragédie (parfois aussi d’une comédie), d’un récit d’anticipation, d’épouvante ou de science fiction. Inspiré sans aucun doute par ces films de genre, son jeune réalisateur est parvenu à les réunir dans une seule et même œuvre sans que cela ne choque. Au contraire. Le charme de ce film vient justement de ce mélange osé. Même si son récit demeure abscons. C’est la raison pour laquelle, je ne serais pas frileux et mettrai un 4-3-3 pour cette œuvre plutôt qu’un 4-4-2 (mais attention je garde toujours Giroud comme attaquant).

Effondrement (dessin dépressif 31)


 

2021/12/01

Critique de Délivrance par Raymond Domenech (Oh non encore du foot)

 


Faute d’avoir été un grand footballeur et un grand sélectionneur, Raymond Domenech est un grand cinéphile. Lorsqu’il anime une séance de tactique avec ses joueurs, l’homme cite souvent certains films pour illustrer ses propos. Emporté par sa passion, il lui arrive d’ailleurs souvent d’oublier le foot pour ne parler que de cinéma. Aujourd’hui, pour OH NON ENCORE DU FOOT ! Raymond Domenech nous parle du film Délivrance.

 

Délivrance date de 1972, ça ne me rajeunit pas (quelques bouclettes grisonnantes en plus). Il est considéré comme un film culte (plusieurs des films qui ont suivi s’inspirent de certaines scènes de ce dernier). Il raconte l’histoire d’une bande d’amis qui décident de descendre en canoë une rivière dans la montagne. Ce qui devait être l’occasion de passer du bon temps va tourner au cauchemar…

Beaucoup, après avoir vu ce film, disent que le sujet principal de ce film est la cruauté de la nature sauvage, son hostilité permanente. Je n’ai pas eu cette lecture (après, on va encore dire que j’aime faire mon malin). Les ennuis rencontrés par les quatre amis sont en grande partie provoqués par des hommes, les montagnards, êtres bestiaux et dégénérés.

Ainsi, l’intérêt du film réside dans la tension qu’il règne entre les locaux et ces quatre amis. Le début, avec l’arrivée en voitures des amis dans une ferme qui semble abandonnée, le joueur de banjo difforme et muet, l’échange houleux entre un des habitants de cette ferme et la grande gueule de la bande (Burt Reynolds), pose les fondations de la catastrophe. Il va se passer quelque chose d’horrible mais on ne sait quoi. L’un des amis sent d’ailleurs que cette histoire va mal finir et propose d’annuler la sortie. Ce que le personnage de Burt Reynolds, mégalo et antipathique refusera catégoriquement (est-ce son attitude méprisante envers les locaux, sa suffisance, qui provoque le drame ?)

Ce film a des longueurs et plusieurs dialogues semblent venir tout droit de la cinquième dimension. Cependant, c’est ce qui fait aussi son charme. Tout comme les mystères qui entourent certains événements. L’un des quatre amis a-t-il reçu une balle dans la tête ? Le deuxième montagnard tué est-il véritablement celui qui a participé à l’agression auparavant ?...  Pas de réponse. Mais est-ce important ?

De cette horrible aventure, les trois amis survivants reviendront à jamais traumatisés. Et ils s’éloigneront les uns des autres afin de l’oublier au plus vite.