2021/12/08

La petite sirène (dessin dépressif 35)


 

La méthode Pochettino (Oh non encore du foot)

 


« L’autogestion est le maître mot de ma tactique. Chaque joueur sur le terrain établit sa propre stratégie ce qui ne permet pas à l’adversaire ni à moi d’ailleurs de décrypter le schéma de l’équipe. En fait, plus je développe mon incompréhension du jeu, plus les joueurs gagnent en autonomie et prennent des initiatives. Pour preuve, maintenant ils savent s’autoremplacer ». Pochettino

 

2021/12/05

Aptère (Dessin dépressif 32)


 

Critique de preacher et le roi des mouches par Nicolas Anelka (Oh non encore du foot)

 


 Que ce soit en tant qu’homme ou en tant que footballeur, Nicolas Anelka suscite les controverses. Par contre, en tant que lecteur de bandes dessinées, Nicolas Anelka fait l’unanimité. Reconnu pour son goût sûr en la matière, l’homme est souvent sollicité par ses coéquipiers lorsqu’ils souhaitent s’acheter une œuvre du neuvième art. On raconte aussi que l’attaquant est si sensible à ses lectures qu’une mauvaise bédé lui fera faire un match cracra alors qu’une bonne bédé le transformera en dieu des stades. Aujourd’hui, pour OH NON ENCORE DU FOOT ! Nicolas Anelka nous parle des deux dernières bédés qu’il a lues : Preacher et Le Roi des Mouches.

 

Preacher de Garth Ennis et Steve Dillon : Mes sentiments à propos de cette bédé sont mitigés. D’un côté un scénar attrayant : Dieu a quitté le paradis. Un pasteur possédant le pouvoir de la voix (s’il l’utilise on est obligé de lui obéir) part à sa recherche pour l’éliminer. Dans sa quête, il est accompagné de sa compagne et d’un vampire irlandais. Cependant, l’organisation du Graal qui dirige le monde souhaite s’approprier le pouvoir du pasteur pour préparer l’apocalypse et l’avènement d’un nouveau Christ (qui est demeuré). En parallèle, un cowboy indestructible, le saint des tueurs, a été réveillé pour éliminer le pasteur… Des dialogues qui dépotent avec des tirades du genre : « Ce con là, il m’a sodomisé ma journée ». Des personnages bizarres, tels que tête de fion ou ces frères cannibales vivant dans une mine abandonnée. Et surtout des histoires qui semblent n’avoir aucune limite morale – les petites filles peuvent se prendre une balle dans la tête et les pervers, qui sont nombreux, peuvent s’exprimer pleinement (point de censure)… D’un autre côté, et c’est sans doute le point faible de cette bande dessinée, du fait qu’elle soit une série (66 épisodes), elle traine en longueur. Les digressions sont innombrables – retour sur le passé des différents personnages, histoires annexes – et à la fin, indigestes. De plus, la volonté de montrer qu’on ne s’interdit rien – que cette bande dessinée est progressiste et s’attaque à tous les tabous – oblige les auteurs à en faire trop, à aller dans la surenchère gratuite et gavante à la fin. Trop de violence en efface l’horreur. Cependant, cette bande dessinée mérite d’être lue – Son ton est radicalement différent des autres – véritable boulot sur les dialogues, dessins réalistes et expressifs. Et rien que pour ça, elle vaut le détour !

Note : deux buts en pleine lucarne.

 

 

Le Roi des Mouches de Mezzo et Michel Pirrus (tome 1) : Comment raconter cette bande dessinée ? A vrai dire, elle ne se raconte pas. Dans une ville qui semble être aux Etats-Unis mais qui s’avère être en Europe (un personnage sort de sa poche un billet de 20 euros), des personnages livrent leurs pensées sur les événements qu’ils vivent – Certains reviennent plus souvent que d’autres dont Eric, jeune homme qui boit et se drogue et entretient une relation amoureuse décousue avec deux filles, Sal et Marie. Les dessins sombres et d’une remarquable précision rendent l’atmosphère de cet album à la fois envoutante et oppressante. Malgré les choses qui évoluent, les personnages semblent toujours statiques même quand ils font l’amour. Ils ressemblent à des statues douées de pensées, pensées qui sont admirablement restituées, sans fioritures ou effets de style. L’écueil de « cet exercice » aurait été justement de mettre trop de textes ou de faire trop littéraire. Là, non. Le texte est juste et épouse à merveille le dessin. Les deux se complètent parfaitement, les pensées des personnages habitant véritablement les traits dessinés, comme une projection de leur esprit. Je ne sais pas si d’autres bandes dessinées existent dans le genre, je veux dire, utilisant le mode du monologue intérieur pour dérouler le récit. Pour ma part, c’est la première que j’en lis une sous cette forme et j’ai adoré. Comme on dit dans ces cas là, vivement le tome 2 !

Note : cinq superbes buts dans une rencontre de oufs.

2021/12/03

Critique de Donnie Darko par Raymond Domenech (Oh non encore du foot)

 


 

C’est confirmé maintenant : Raymond Domenech n’est définitivement pas un bon entraîneur de football (il le reconnait d’ailleurs lui-même en privé).  Cependant, il pourra toujours se rabattre dans la critique de films car pour ça, oui, il est bon (Estelle le dit en tout cas). Aujourd’hui, pour OH NON ENCORE DU FOOT ! Raymond nous parle de Donnie Darko.

Souvent, les films aux scénarios trop compliqués ne fonctionnent pas du fait de leur construction laborieuse et casse-gueule. Paradoxalement, Donnie Darko, film de 2001 mais qu’on croirait des années 80 (l’action se passe fin des années 80) appartient à cette catégorie et cependant parvient à conserver son équilibre jusqu’à son dénouement. L’histoire demeure incompréhensible mais à vrai dire, à mes yeux, elle est secondaire. J’ai lu beaucoup d’interprétations à son sujet, mais en soi, ces interprétations n’apportent pas grand-chose. Par contre, le fait qu’elles soient nombreuses signifie que ce film n’a pas laissé indifférent. Sans doute à cause de l’atmosphère angoissante qu’il dégage tout du long. Une scène inattendue débouche sur une autre tout aussi inattendue et ainsi de suite. On est à la fois accroché et surpris. Très souvent désorienté. Donnie, un garçon mal dans ses baskets, s’est créé son univers propre pour supporter l’existence. Dans cet univers, il a un ami imaginaire, Franck, un lapin inquiétant. Ce lapin, apparaissant à n’importe quel moment, lui dicte d’une voix d’outre-tombe ses actes dans un but inconnu.

Dès le début du film, un compte à rebours s’amorce tandis que la voix de Franck prédit la fin du monde. Va-t-elle réellement avoir lieu ? Sous quelle forme ? Quel rôle va jouer Donnie dans cette prédiction ? Quelle est la part de réalité et la part de fiction dans ce récit ? L’adolescent est-il fou et psychopathe ? Le psy que Donnie consulte a tendance à croire que son cas s’aggrave. Tout comme ses parents…

Si ce film possède tous les ingrédients pour ressembler à un thriller, très vite, par ses scènes pittoresques, l’originalité de son ton, ses personnages bizarres, son côté expérimental, il dévie de cette trajectoire. Donnie Darko n’a aucun équivalent. Film OVNI, on pourrait tout aussi bien dire qu’il s’agit d’une tragédie (parfois aussi d’une comédie), d’un récit d’anticipation, d’épouvante ou de science fiction. Inspiré sans aucun doute par ces films de genre, son jeune réalisateur est parvenu à les réunir dans une seule et même œuvre sans que cela ne choque. Au contraire. Le charme de ce film vient justement de ce mélange osé. Même si son récit demeure abscons. C’est la raison pour laquelle, je ne serais pas frileux et mettrai un 4-3-3 pour cette œuvre plutôt qu’un 4-4-2 (mais attention je garde toujours Giroud comme attaquant).