2020/11/24

The good doctor (Bernard le canard 12)

Cette bande dessinée n'est pas de moi, elle est de mon pote Rico et c'est un monument d'absurdité. Normalement ce blog ne sert qu'à exposer mes œuvres mais cette série est dotée d'un humour si particulier (pour ne pas dire unique) que je n'ai pas pu résister à l'envie, avec l'autorisation de Rico, de la mettre en ligne. Merci mon pote !

 


 

2020/11/19

Cheese perpétuel (Hollywood Cauchemars 19)


 

Trop occupé à se servir au buffet, J. J. Dujardin n’avait rien capté de la scène. C’était bien les français, ça, un peuple au cerveau colonisé par la panse.

- Je te conseille ces petits canapés à la mûre et au foie gras, dit-il avec son sourire impeccable. Absolument délicieux !

Questions : l’opération pour installer un tel sourire était-elle lourde ? Combien de temps devait-on rester sur le billard ? Et de quels genres d’instruments le chirurgien se servait ?

- Je n’ai pas faim.

- Oh toi, tu n’as pas l’air dans ton assiette (les français et leurs métaphores culinaires !). Le mieux c’est d’en parler.

Nous nous installâmes sur un canapé, prenant au passage deux coupes de champagne. À cet endroit, la musique nous parvenait en sourdine. Kendrick Lamar que j’avais reconnu semblait chuchoter. Les quelques personnes présentes parlaient à voix basses comme partageant des secrets. Peut-être à cause des doux clapotis de la fontaine à proximité. Mais peut-être aussi me faisais-je des idées ?

Bien que j’eus du mal à l’admettre, les propos de Ralph m’avaient chamboulée. Mes tempes bourdonnaient et une salive âcre imprégnait ma bouche.

- Alors, qu’est-ce qui ne va pas ? attaqua de but en blanc l’acteur français.

Son sourire de bouffon me parut si outrageant que je faillis l’envoyer paître. Cependant, je me retins. J’avais besoin de parler ne serait-ce que pour sortir de mon état de confusion.

- J’ai un problème et je n’arrive pas à le résoudre.

Il but la moitié de sa coupe et pour une fois afficha un air sérieux (tout en conservant les coins de ses lèvres en hauteur).

- Lequel ?

- Je ne couche qu’avec des acteurs.

Ses yeux s’allumèrent.

- Et c’est tout ? Je veux dire où est le problème ? En général, les acteurs sont cools et beaux ! Pour preuve ! fit-il en se désignant.

- Mouais, mouais, maugréai-je sans conviction.

- Attends, s’excita-t-il. Je ne sais pas avec qui tu as fricoté mais tu es gâtée ici. Ryan Gosling, James Franco, Matthew McConaughey, tous ont un putain de sex appeal ! (il leva les yeux en l’air, cogitant). Sauf si tu n’as fréquenté que des acteurs de seconde zone. Alors là, je comprends.

- J’ai une tête et un corps à me taper des branquignols ? m’insurgeai-je, hors de moi.

- Non, non, bien sûr, se rattrapa t-il. Et puis tu es avec moi (il réfléchit encore). Et Sean Penn ! Quel monstre ! Tu t’es fait Sean Penn ?

Hochement de tête de ma part.

2020/11/13

La menace (Hollywood Cauchemars 18)

 

 


 

Nous dansâmes encore un peu jusqu’au moment où j’aperçus Ralph en train de nous observer.

- Il y a trop de bruit ici, remarquai-je. Si on allait discuter à l’intérieur.

Finissant son verre, Jean Jérôme Dujardin acquiesça.

Ralph saisit mon bras alors que je pénétrai dans la salle de séjour.

- S’il te plait, Stacy, gémit-il. Donne-moi une chance. Tu ne mesures pas tout ce que je suis capable de faire pour toi.

Je le fusillai du regard. Sur ses joues demeuraient des traces de larmes ce qui accentuait son air pitoyable.

- Ah ouais ?

- Oui, Stacy. Tu vois, depuis que je suis môme, je rêve de faire acteur. Pendant des années j’ai suivi des cours de théâtre puis ai enchaîné les castings pour les pubs, les séries ou le cinéma. Comme tu le sais, je me suis pris pas mal de claques. Cependant, à force d’obstination, je suis parvenu à...

- Je suis contente pour toi, le coupai-je. Seulement, depuis le temps, tu devrais savoir que ce genre de réussite ne me fait ni chaud ni froid. Quand bien même tu deviendrais une star !

- Tu ne comprends pas ce que je te dis, Stacy, cria-t-il en se cognant le poitrail. Pour toi, je vais faire une croix sur mon rêve d’enfance. Je viens de refuser de signer un contrat en or ! Adieu le septième art ! J’arrête tout et me lance dans la restauration rapide ! Oui, tu as bien entendu, Stacy, je deviens un businessman !

À la fin de son speech, il m’adressa un regard plein d’étoiles comme dans les dessins animés. C’était vraiment pathétique et je savais à cet instant là que si je montrais le moindre signe d’indulgence j’allais me le coltiner pour le restant de mes jours (sauf si je le tuais avant). Aussi, je le toisai et rétorquai froidement :

- Ça me fait une belle jambe.

Puis, sans m’accorder le temps de voir l’effet de mon skud, je me retournai.

La réaction de Ralph me surprit. Au lieu de s’effondrer à nouveau, il m’invectiva :

- C’est ça, va rejoindre Jean Dujardin (tiens, il le connaissait). Tu prétends te foutre des acteurs mais tu n’arrêtes pas de courir après eux ! Va, profite, baise avec lui et avec tous les autres de son espèce ! Mais ne viens pas te plaindre après ! Et surtout n’essaye pas de me revoir ou je te ferai la misère ! Tu m’entends ? La misère !... Confident, mon cul ! acheva-t-il en repartant vers le dehors.

2020/11/11