2020/10/07

Mise au point (Hollywood Cauchemars 16)

 


Je ne me représente pas comme une star, mais comme un acteur qui veut faire des films - Jean Dujardin

 

 

- Écoute, fis-je à Ralph sur un ton ferme. Je veux qu’entre nous les choses soient claires. Pour moi, tu es un ami. Après tout ce qu’on a partagé, tout ce que je t’ai dit, il est impossible que toi et moi on nique.

Non loin de là, la fête battait son plein. Un DJ passait du Drake et les gens dansaient autour de la piscine. Prétextant une chose importante à me dire, Ralph m’avait entraîné vers le fond du jardin et tenté d’enfoncer sa langue dans ma bouche. Sentant le truc venir, je l’avais gentiment repoussé.

Maintenant il me regardait, hagard, comme un boxeur qui vient de se recevoir un direct en pleine tronche et qui lutte pour ne pas tomber au tapis.

- Je suis certaine que tu comprends au fond de toi, dis-je. Là, tu n’es pas dans ton état normal. Tu as bu. Mais tu sais que si on le faisait, ça casserait le lien très fort qui nous unit. Et puis... Et puis j’ai peur de te faire du mal.

À vrai dire, je n’en pensais rien. J’essayais juste de ménager Ralph dont le visage se liquéfiait comme de la cire.

- Je... Je ne suis rien de plus pour toi ? balbutia-t-il. Juste qu’un ami.

Je soufflai.

- Bien sûr que non, Ralph, tu le sais bien. Tu es bien plus que ça. Pour moi, tu es aussi un confident doublé d’un fin psychologue. Grâce à toi, je n’ai pas besoin de suivre une thérapie. Tu me fais un bien fou et me permets de garder mon équilibre.

- Et c’est tout ?

Merde, c’était déjà pas mal. Que voulait-il de plus ? Que je lui masse les poignets ? Jamais je ne m’étais lancée dans de telles explications avec un type de son statut. Des confidents après tout, je pouvais en avoir un paquet. Mesurait-il sa chance ?

Mettant sa maladresse sur le compte de l’alcool, je décidai de faire preuve de mansuétude.

- Non, bien sûr que ce n’est pas tout. À mes yeux, tu es bien plus qu’un confident, un psychologue et un ami. (ses prunelles brillèrent d’espoir et d’étonnement). Tu es un frère et c’est aussi pour cette raison qu’aller plus loin avec toi me gêne. J’aurais l’horrible impression de commettre un inceste.

Cette fois-ci, je ne lui laissai pas le temps de réagir. Tournant les talons, je rejoignis la fête.

Le bruit courait que George Clooney allait y passer et j’étais curieuse de le rencontrer. Attention, je n’éprouvais pas d’attirance spéciale pour lui. D’ailleurs, en général, je ne raffolais pas des acteurs comme la plupart des nanas. Je les trouvais trop superficiels et trop narcissiques et si j’avais couché avec certains, c’était souvent dû au hasard.

Je ne cherchais pas à bosser dans le cinéma et j’estimais plus les entrepreneurs que les saltimbanques. Au moins, les premiers vivaient dans le concret et mettaient chaque matin leurs couilles en jeu (je pense à Steve Job, ce géant aux burnes d’orque, qu’aurait été le monde sans lui ? Comme pour le Christ, je suis convaincue qu’on parlera d’ère avant et après ce génie).

Contrairement aux deuxièmes qui évoluaient dans un monde surprotégé et ne se préoccupaient que d’eux.

Quoi qu’il en soit, je vivais à Hollywood. Tout le monde ici croyait avoir des talents d’acteur. Du vendeur de shoes à l’adjoint au maire. Je m’étais donc adaptée.

2020/10/06

Fouillis (adieu ligne 13)

 

De la caillasse, des dos d’ânes, des peaux de bananes, des tessons de bouteilles, des planches pourries, des épaves de caisses, des cadavres de rats covidés… les rames de la ligne 13 roulent sur tout, sauf sur des rails.

2020/10/05

La panne (Adieu ligne 13)

 

Ah le coup de la panne ! Un grand classique. L'occasion de vivre 1 mois de soirées étudiantes en un voyage (sans l'alcool et le fun)

2020/10/02

Aveux (les mots des autres)

 

Une jeune femme à un gars dans un café avant de lui raconter un grave traumatisme de l’adolescence : « je t’ai tellement teasé que je peux plus me taire maintenant »

La face cachée de Sean Penn (Hollywood cauchemars 15)

 



 Quinze minutes passèrent. Apparemment, Sean avait la notion du temps aussi aiguisée que la notion de distance. Que trafiquait-il ? Était-il allé chercher des instruments de torture dans une cave humide ? Ou échangeait-il son ridicule Yorkshire par un Pitbull enragé dans un chenil secret ?

Un frisson chaud tourbillonna autour de mon corps, hérissant ma chair. Non, il allait surgir comme un fou dans la pièce et me foutre son poing dans la gueule, pétant mes dents de devant. Puis il m’obligerait à une fellation et me tringlerait vite fait. Comme un clebs.

Je glissai ma main sous mon string ficelle. L’idée que Sean Penn me prenne malproprement m’excitait. Sa bite dans ma chatte, mon sang sur la moquette. Et lui grognant et aboyant, semblable à l’animal que j’avais cogné ! Les muscles de son corps en exergue par sa transpiration. Ses dents blanches, ses yeux bleus, sa peau bronzée. Les filets de bave dégoulinant de ses lèvres pareils à des cascades de colère.

- Qu’est-ce que tu fais ? dit une voix frêle.

Confuse, je retirai ma main d’entre mes cuisses et me retournai. Ma confusion crut lorsque mes yeux se posèrent sur Sean Penn. Merde, était-ce bien lui ? L’homme avait totalement changé.

À la place de sa tenue sexy, il portait maintenant un teeshirt trop petit recouvert d’un dessin enfantin (une fusée qui décolle), un bermuda orange avec des ourlets grossiers et des chaussures jaunes à pois verts. Comble de ce festival de couleurs, il tenait également un ballon violet entre ses mains.

- Tu veux bien jouer avec moi, demanda-t-il avec une innocence touchante.

Sonnée par cette transformation radicale, je mis un certain temps à répondre.

- Euh oui, bien sûr...

Un joli sourire flotta sur ses lèvres. Il lâcha le ballon puis shoota dedans. Volontairement hors de ma portée. L’objet alla percuter un vase qui bascula de son support et se brisa par terre. Alors, à l’expression terrorisée de Sean, je compris ses attentes.

- Pardon, Je... Je ne l’ai pas fait exprès, pleurnicha-t-il tandis que je me ruais vers lui, une main en pince pour saisir son oreille.