2019/11/02

Mouton (Métroscopie 133)



Oups, mauvais signe. Je croise du monde sur mon chemin. D’hab’, pas plus de deux ou trois pékins. Soit tout le monde s’est réveillé super à l’avance ce matin, soit, nettement plus probable, je suis en retard. Mon cœur se met à battre la chamade et malgré le froid, des gouttes de sueur glissent le long de mes tempes. Instinctivement, mon esprit entonne cette angoissante litanie : je cours ou je cours pas, je cours ou je cours pas, je cours ou je cours pas…


Mona apparaît à l’horizon. Après une rapide évaluation des distances, je me mets à détaler ! À une époque, j’aurais ralenti le pas et toisé l’engin avec un sourire de fierté : « peuh, j’m’en bats les couilles que tu m’attendes pas, des comme toi y’en a tous les quart d’heure ». Maintenant, j’ai pris le pli et fais comme les autres. Je me soumets à la pression du monde, courant comme un con pour n’importe quoi (et pas grand-chose au bout du compte).

À ma gauche, deux femmes discutent d’un site permettant de savoir à quel montant s’élèvera leur retraite. Un SDF portant un énorme sac rempli à bloc de vieux papiers sales passe en se cognant contre chaque siège du wagon. Au loin, une femme regarde le nombre de pages qu’il lui reste à lire pour finir son bouquin. Et moi, combien de temps me reste t-il avant la fin de cette mascarade ?

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