Oups, mauvais signe. Je croise du monde
sur mon chemin. D’hab’, pas plus de deux ou trois pékins. Soit tout le monde
s’est réveillé super à l’avance ce matin, soit, nettement plus probable, je
suis en retard. Mon cœur se met à battre la chamade et malgré le froid, des
gouttes de sueur glissent le long de mes tempes. Instinctivement, mon esprit
entonne cette angoissante litanie : je cours ou je cours pas, je cours ou
je cours pas, je cours ou je cours pas…
Mona apparaît à l’horizon. Après une
rapide évaluation des distances, je me mets à détaler ! À une époque, j’aurais ralenti le pas et toisé l’engin
avec un sourire de fierté : « peuh, j’m’en bats les couilles que tu
m’attendes pas, des comme toi y’en a tous les quart d’heure ». Maintenant,
j’ai pris le pli et fais comme les autres. Je me soumets à la pression du
monde, courant comme un con pour n’importe quoi (et pas grand-chose au bout du
compte).
À ma gauche, deux
femmes discutent d’un site permettant de savoir à quel montant s’élèvera leur
retraite. Un SDF portant un énorme sac rempli à bloc de vieux papiers sales
passe en se cognant contre chaque siège du wagon. Au loin, une femme regarde le
nombre de pages qu’il lui reste à lire pour finir son bouquin. Et moi, combien
de temps me reste t-il avant la fin de cette mascarade ?
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