Dans le bureau ovale de
la Maison Blanche, Donald Moumoute slalomait entre ses conseillers et ses chefs
militaires disposés en cercle et lui servant en quelque sorte de circuit.
- Une idée, il me faut
une idée ! fulmina-t-il alors qu’il entamait son troisième tour de piste
en un temps record.
C’était un homme
impulsif, incohérent et stupide. Après avoir hérité des usines de perruques de
son père, il avait investi des sommes faramineuses d’argent dans d’autres
entreprises plus ou moins rentables, fait construire une tour de cent cinquante
étages à l’effigie de son ego surdimensionné à New York et perdu tous ses
cheveux. Bref, en grande partie, il avait gaspillé l’héritage paternel et avait
failli se retrouver sans le sous s’il n’avait pas eu la seule idée bonne de sa
vie à ce moment-là : Se lancer en politique. Grâce à son bagout de
colporteur mais aussi sa perruque blonde et profilée, il charma les foules et
devint président des États-Unis. Croyant s’être tiré d’affaire, il se rendit
vite compte que ce « job » n’était pas simple.
Lors d’interviews, il
commettait des bourdes en proférant des choses qu’il ne fallait pas dire. De
plus, plusieurs de ses décisions furent critiquées. Notamment celle concernant
le mur surmonté d’un grillage très fin qu’il voulait ériger à la frontière
mexicaine pour empêcher à la fois les étrangers et les moustiques de venir. Si
bien qu’après juste deux mois d’investiture, il était devenu terriblement
impopulaire. Même la proposition d’offrir une perruque porte-clés à chaque
citoyen n’enraya pas ce phénomène. Donald Moumoute continua de chuter dans les
sondages d’opinion au point de n’avoir plus que la confiance de la moitié de sa
famille (sa femme, un de ses trois garçons et une de ses deux filles)
C’était la raison pour
laquelle il avait réuni sa garde rapprochée dans le bureau ovale. Il fallait à
tout prix trouver une idée pour que les gens l’aiment à nouveau !
Avant d’en émettre une,
son conseiller principal, Paul Robson, un homme au crâne chauve et au regard
divergent, attendit que Donald Moumoute se fatigue de son slalom. En effet,
tant qu’il était en mouvement, il ne servait à rien de lui parler. Il
n’entendait rien ou alors comprenait à peine ce qu’on lui disait.
Au bout d’une dizaine
de tours, l’homme à la crinière synthétique s’épuisa enfin. Paul Robson
patienta encore une vingtaine de secondes, le temps que l’autre reprenne son
souffle puis dit de sa voix sifflante de serpent à sonnettes :
- Éliminons Kon Je Nou.
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