2020/03/25

Le piéton con-connecté



Étant confiné, des tas de questions refluent dans mon cerveau. Par exemple, au hasard, alors qu’il n’y a pas si longtemps je pratiquais assidûment le vélo, j’avais remarqué un truc étrange. Pour moi, je précise. Peut-être cette attitude est-elle normale, je suis tellement loin d’être à la page et de mon époque que c’est peut-être moi qui dysfonctionne (si je puis me permettre d’utiliser ce terme technique relatif au rendement et à la productivité que notre belle société est en droit d’exiger et d’attendre de chaque individu qui la compose). Mais c’est une autre interrogation et elle est chiante. Remarque, à bien y réfléchir, pas plus que celle que je pose en ce moment. Quelle est-elle ?

Qu’est-ce qui se passe dans la tête de certains de mes semblables pour qu’ils traversent la rue sans décoller leur yeux de leur smartphone au moment de traverser la rue ? Et là, j’ajoute : Même quand le feu n’est pas rouge. Perso, j’ai essayé de me mettre dans leur situation. J’ai pris mon vieux Nokia et je me suis jeté à l’eau. Ben, pas moyen de me retenir de regarder la route au cas où un fou du volant, du guidon ou du sans les mains (gyropode) aurait la mauvaise idée de battre son record perso de vitesse.

Les mauvaises langues me rétorqueront : ouais, mais t’as un vieux Nokia. Avec un Iphone dernière génération, tu la traverses cette putain de rue les yeux fusionnés à l’écran, les doigts dans le nez, mon pote.

Soit. May be. Enfin quand même, je ne suis pas sûr. Alors ? Pourquoi eux et pas moi ? Cela vient-il du fait qu’ils ont une confiance aveugle en leurs semblables ? 

En même temps, je me dis qu’ils sont tellement dans leur monde virtuel que je me demande s’ils ont conscience de l’existence réelle de leurs semblables. Peut-être là est la réponse. À moins que cette attitude découle de leur connexion viscérale à leur ego, Facebook, Instragram et autres... Ils ne pensent qu’à eux-mêmes et s’imaginent que les autres sont fascinés par leur existence, un peu comme ces candidats de téléréalité plus vides qu’une enfilade de trous du cul de cachalot : Arrête-toi et Regarde-MOI traverser cette rue. Ne suis-je pas beau ? Ne suis-je pas plus important que toi qui est occupé à la basse tache de conduire un engin ? Freine et admire-moi ! Ce n’est pas souvent qu’on croise un nombril aussi rayonnant que le mien !

Ouais, il y a peut-être un truc comme ça et je l’avoue, à chaque fois que je rencontre à vélo un spécimen de ce genre et que j’y pense, l’envie d’accélérer m’agace les mollets.

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