Ce soir-là, j’allai avec une
amie à une fête dans une villa sur les hauteurs de Los Angeles. Pour une fois,
je ne m’étais pas pris la tête pour me vêtir. Une robe moulante à bretelles et
à paillettes, des talons aiguilles et un petit sac Versace contenant mon
Iphone 7. Mon maquillage était également succinct, un peu de fard et de
rouge à lèvres. En effet, je ne comptais pas m’éterniser. Pendant la journée,
plusieurs mâles m’avaient fait des avances et ça m’avait fatigué. Je savais que
ce soir d’autres viendraient à la charge et je n’en avais pas particulièrement
envie.
Il ne faut pas croire
qu’être une belle femme est simple. Parfois, un féroce désir de rencontrer une
sorcière qui vous transforme en boudin pendant vingt-quatre heures vous
étreint. Juste pour ne plus être regardée et convoitée perpétuellement. Juste
pour avoir la paix pendant son shopping. Bon, mais pas la peine de se faire du
mal pour rien. Quand tu es canon tu dois l’accepter. Qu’importe ce fardeau, tu
dois aller de l’avant. À la limite, consulte un psy, ça t’évitera la tablette
au chocolat croquée en deux coups de mâchoires !
La soirée battait son plein.
Beaucoup de monde. Dont de nombreuses célébrités d’Hollywood. Je naviguai
tranquillement entre les gens, échangeant des banalités quand mon amie que
j’avais perdue de vue m’agrippa le bras.
Son visage était
méconnaissable, agité de tics violents. On aurait dit qu’elle avait aperçu un
loup-garou en érection en tenue de skateur.
- Stacy, me fit-elle en me
montrant la piscine éclairée à l’extérieur. Di Caprio est là !
Je la dévisageai durement,
ne comprenant pas pourquoi elle se mettait dans un tel état pour si peu.
- Merde, mais c’est Di
Caprio quand même ! se justifia-t-elle à demi-hystérique. Il est venu
avec deux gardes du corps qui refoulent les filles qui ne lui plaisent pas.
Les joues rougissantes, elle
ajouta dans un murmure honteux :
- Moi, j’ai été recalée...
Je vais me bourrer la gueule.
Et elle partit vers le bar,
bien décidée à appliquer son programme.
Je levai les yeux en l’air.
Pauvre Linda. Elle était toujours à courir après des chimères. Il était de
notoriété publique que Di Caprio avait un faible pour les blondes. Or, Linda
était brune. Comment aurait-elle pu susciter son intérêt ? Sans réfléchir,
je jetai tout de même un autre coup d’œil vers la piscine. Au niveau de
l’échelle, un attroupement s’était formé. Je distinguai parfaitement les deux
gardes du corps, deux géants en costards aux faciès aussi chaleureux qu’une
facture de gaz. Et derrière les chevelures blondes de jeunes femmes en chaleur.
L’acteur n’était pas visible, mais on devinait sa présence aux hormones
sexuelles qui pétaradaient au-dessus des têtes et qui les enivraient comme un
puissant alcool. Bah, qu’en avais-je à foutre ?
Je
détournai mon regard de la baie vitrée et repris ma conversation avec un jeune
réalisateur qui voulait absolument me donner un rôle dans son film et me sauter
par la même occasion (proposition qui ne m’intéressait pas le moins du monde.
Quant à la baise, il en était hors de question. Le type avait beau avoir la
cote en ce moment, peser plusieurs millions de dollars, il me sortait par les
trous de nez. Trop petit, mal foutu et une manière répugnante de bouger
systématiquement les lèvres).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire