Au début du repas, ils parlèrent du boulot et
des collègues. Puis la conversation bifurqua sur l’animateur télé qui venait de
mourir si jeune à cause de ses nombreux excès. Valentine déplora sa disparition
avançant qu’il avait aidé beaucoup de gens lors de ses émissions.
« Oui, oui, c’est vrai » reconnut
Alban qui se souvint avoir rêvé de sa mort récemment (en réalité ce n’était pas
tout à fait ça. La personne célèbre qui avait perdu la vie dans son rêve était
un pilote de voiture. Mais l’animateur TV n’avait-il pas le permis ?).
Cela lui fit comme un coup de jus. Le voyant
sursauter sur sa chaise, Valentine s’inquiéta. Quelque chose n’allait
pas ?
Arrivèrent les plats, une lotte rôtie et un
filet de bœuf. Alban secoua la tête pour la rassurer. Non, non, tout allait
bien. Plein d’une surprenante audace, il posa sa main sur la sienne. Enfin,
non, pas tout à fait. Il la regarda, le visage grave. Le serveur remplit leurs
verres. À la fois interdits et fascinés, ils fixèrent la lente montée du vin
gargouillant. La main d’Alban serra celle de Valentine qui pour la première
fois sourit à moitié.
« Comment réagirais-tu si tu pouvais
voir l’avenir ? » dit Alban, une fois le serveur parti. Il ne laissa
pas à Valentine le temps de répondre : « Et si tu savais qu’un virus
mortel va bientôt ravager les trois quarts de la planète. »
Les yeux de la jolie brune s’arrondirent. Sa
main sous celle d’Alban recula légèrement. Sur le front de l’informaticien
apparaissaient des gouttes de sueur. Ses lèvres tremblaient et ses pupilles
étaient devenues énormes. Elle distinguait à leurs surfaces son visage effaré
ainsi qu’en arrière plan le patron du restaurant derrière sa caisse en train de
vérifier les additions.
Maintenant, le débit d’Alban s’était
accéléré. Il avalait certains mots embrouillant par moment ses explications.
D’après lui, à la date fatidique du 31 décembre, le virus se répandrait dans le
monde. Seule l’Australie ne serait pas touchée par ce fléau. C’est pourquoi il
avait vendu son appartement de la banlieue parisienne et acheté deux billets
d’avion pour partir au mois de novembre. À ce stade du récit, il se mit à
bafouiller…
Oui, deux billets d’avion, au cas où
quelqu’un l’accompagnerait. Quelqu’un d’important pour lui, à qui il offrirait
une chance d’échapper à la mort et de commencer une nouvelle existence.
Là, il se tut. Ses paupières clignèrent et il
prit un air de chien battu : « Toi, par exemple. »
- Euh… C’est une blague ? dit Valentine
le plus sérieusement du monde.
Depuis qu’il avait ouvert son cœur, elle
avait cessé de mangé sa viande et ramené sa main vers elle. Son sourire, si
naturel, avait disparu et son visage s’était chiffonné exprimant à la fois
l’inquiétude et de l’effroi. Il comprit alors que s’il s’entêtait dans son histoire,
il allait la perdre irrémédiablement.
Lentement, il saisit son verre de vin et en
avala une gorgée longue comme pour le déguster. Le posant ensuite sur la table,
il lui adressa un sourire chafouin :
- Mais
oui évidemment ! Dire que tu as failli me croire…
FIN
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