Les jours suivants, Guy se
comporta de façon identique. Il visita deux fois Maryline pour ses besoins sexuels,
délaissant brutalement sa femme. Cependant, malgré ce changement, il devint
irascible. Quelque chose n’allait pas avec la poupée gonflable. Elle ne lui
donnait pas suffisamment de plaisir. Alors pour oublier sa frustration, il se
défoulait sur Catherine, lui reprochant tout et n’importe quoi comme lors de la
brève période sans coït.
Catherine eut le douloureux
sentiment de revenir à la case départ. À cette différence près qu’elle ne
pouvait plus rien y faire. Maintenant, Guy ne semblait plus éprouver de désir à
son égard. Il ne cherchait même plus à la baiser.
Pourtant, Catherine avait
fait des efforts pour raviver la flamme. Abandonnant ses blouses ternes et ses
pantalons informes (tenues dont la fonction première consistait à ne pas
susciter d’excitation), elle s’était mise à porter des robes colorées et
transparentes, plutôt courtes et plutôt décolletées.
Elle avait également
recommencé à se maquiller et à se parfumer. Tout ça pour un résultat nul.
C’était à peine si Guy avait remarqué le changement.
Obsédé par sa Maryline, il ignorait
Catherine, sauf pour déverser sa bile contre elle. Le couple battait de l’aile.
Catherine ne reconnaissait plus son mari.
De moins en moins souriant,
Il commençait à perdre l’appétit. Les petits plats qu’elle lui préparait ne le
transportait plus comme avant. Il en laissait souvent la moitié dans son
assiette à la manière des enfants vite lassés par la nourriture. Une barbe
touffue au visage, il errait dans la maison tel un SDF qui marche au radar et
se fiche de tout. Il ne passait plus qu’épisodiquement à son club de modélisme
et s’affairait de moins en moins longtemps au montage de son Heinkel HE-111H-3.
Inquiète, Catherine en avait
fait part à sa fille sans révéler la raison de cette dépression.
« Super ! »
s’était réjouie Annabelle. « Il ne t’embête plus comme ça ! Peut-être
a-t-il pris un coup de vieux ? Tu sais, parfois ça arrive sans prévenir.
Du jour au lendemain tu n’as plus la même vigueur. Tu bandes mou, ton désir est
brouillé, tu n’arrives plus à le décoder. Miss andropause rapplique. Papa va
avoir certainement besoin d’un petit temps pour se faire à l’idée de cet état
nouveau. Mais ne te bile pas, je suis certaine qu’il va s’en remettre ».
Catherine avait acquiescé à
ses propos et sa fille, sentant son manque d’enthousiasme, avait
ajouté : « Mais enfin, je ne te comprends pas. Tu devrais être
contente à l’heure qu’il est ! Papa ne te harcèle plus ! Tu es enfin
tranquille ! Tu devrais sauter de joie, rire, chanter, faire la
fête ! Souffler chaque jour les bougies de chaque coup non tiré, nom de
dieu ! ».
À cette tirade, Catherine
avait senti son cœur se comprimer violemment. Non, contente, joyeuse, elle ne
l’était pas. Il fallait regarder la vérité en face. D’abord parce que son mari
n’allait pas bien. Ensuite parce que la cause de son mal être venait de cette
maudite poupée gonflable. Marilyne la chaudasse. Qui l’eut cru ? Catherine
ressentait de la jalousie pour un objet sans âme.
Si un jour on lui avait
annoncé ça, elle aurait certainement ri de son rire douillet tout en devenant écarlate. Elle se serait écriée : « Moi ?
Jalouse d’une poupée gonflable ? Oh non, je ne crois pas ! ». Et
pourtant, l’inconcevable était bel et bien en train de se réaliser. Catherine
en voulait à Maryline d’envouter son mari.
Malheureusement, elle était
dans l’incapacité de l’atteindre. Guy verrouillait toujours la porte de sa
chambre et elle n’osait pas lui demander la clé. « Pourquoi
faire ? » se serait-il gaussé avec un air vicieux. Pas question de se
mettre dans cette situation honteuse ! De toute façon, elle évitait soigneusement
tout sujet se rapportant à Maryline. Elle craignait trop que Guy ne lui dise
ses quatre vérités dans un moment de fureur. Car n’était-ce pas elle qui
l’avait ramenée ici et, qui, en fin de compte, avait provoqué son désarroi ?
Non, si elle avait un compte à régler c’était avec Maryline et elle
seule ! Aussi voulut-elle récupérer la clé de la chambre.
Problème, Guy la portait
toujours sur lui. Il lui fallait donc attendre qu’il s’endorme pour mettre la
main dessus. Pendant plusieurs nuits, elle reporta le vol par crainte qu’il ne
la surprenne. Puis un soir (après une journée où Guy avait passé un temps
infini dans la chambre de Maryline), sa rage l’emporta.
(À
suivre)
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