Elle vint dans son bureau trois jours plus
tard. Ses collègues furent étonnés de la voir embrasser Alban comme s’ils
étaient des amis de longue date. Puis, comme toutes les personnes qui pénétraient
ici, de ne pas l’entendre geindre à cause d’un dysfonctionnement quelconque.
Sentant leurs regards interrogateurs posés
sur elle, elle les salua d’une secousse de main puis se posta derrière Alban
avec un grand sourire aux lèvres : « Où m’emmenez-vous, très
cher ? ».
Aux anges, Alban lui montra d’abord ses
photos de Berlin : La porte de Brandebourg, l’Alexanderplatz,
Charliecheckpoint, la Karlmarxallee… Puis celles d’Amsterdam, les canaux,
les coffeeshop, le quartier rouge, le musée Van Gogh…
Commentant chacune avec ferveur, Alban
faisait en même temps de grands gestes désordonnés. On aurait dit un poisson
retrouvant son élément après un douloureux séjour sur terre. Ce n’était plus le
Alban réservé, gauche et à l’aspect malingre, c’était un autre Alban, inspiré,
grandi, allègre.
Parfois, au milieu des photos de paysages qui
défilaient, il apparaissait, la tête nue ou coiffée d’un chapeau en paille, toujours
avec une vieille besace en bandoulière, faisant la pose sur une grande place ou
devant un monument célèbre.
« Tu voyages toujours seul ? »
lui demanda Valentine avec une intonation enfantine dans la voix.
Elle portait une robe blanche à pois rouges
que ses formes généreuses déformaient somptueusement. Notamment ses gros seins
ronds qui frémirent lorsqu’elle posa cette question, intrigués autant qu’elle (hypnotisés
par l’approbation de ces mamelles fantastiques, les collègues hochèrent en
chœur de la tête).
Ce fut le seul moment où Alban perdit un peu
de sa superbe. La mine boudeuse, il expliqua qu’il partait souvent à des
moments où la majorité du monde restait au travail. De plus, et il en était le
premier surpris, rares étaient les personnes qui programmaient leurs voyages très
longtemps à l’avance comme lui…
Valentine remua énergiquement le visage : « Ben
si, moi ! ».
Cette réponse l’ébranla si fortement qu’Alban
s’arrêta de respirer. Très lentement, presque avec crainte, il leva la tête
dans sa direction. La première chose que ses yeux virent fut son opulente
poitrine, ses deux énormes seins mal contenus dans le tissu rouge et blanc.
Puis, au-dessus, son lumineux sourire transfigurant le paysage.
« Et si c’était elle ? »
pensa-t-il en le lui rendant.
(À
suivre)
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