- Stacy, me dit-il,
affolé. Tu pars et tu ne m’as même pas laissé tes coordonnées.
- OK, soufflai-je, note-les.
- Mais tu ne peux pas
tout simplement m’appeler ? s’étonna-t-il en fronçant les sourcils.
- Ouais, ouais.
Soudain, un coup de klaxon
résonna. Une Lexus rouge s’arrêta à ma hauteur et la vitre teintée du côté
passager s’abaissa.
- Eh Stacy !
brailla Leonardo, qu’est-ce que tu attends pour monter, la fête est loin d’être
finie !
- Ah oui ?
lançai-je d’une voix très calme, où vous allez ?
- On ne sait pas encore mais
ça promet d’être funky, pas vrai les filles ?
À l’arrière de la voiture,
les nanas poussèrent des cris surexcités. Je croisai les bras, plus mystérieuse
qu’une carte divinatoire.
Interdit, le jeune
réalisateur ne cessait de nous dévisager à tour de rôle, Leonardo et moi.
Sentant que la situation lui échappait, il effectuait avec ses lèvres une
gymnastique de plus en plus infecte (merde, par moments, sa bouche parvenait
presque à atteindre une de ses oreilles ou descendait au milieu du menton comme
un mollusque vivant d’origine extraterrestre).
Devant mon absence
d’entrain, Leonardo s’inquiéta :
- Alors, tu
montes ?
- Oui, finis-je par
répondre. Mais à une seule condition.
- Laquelle ?
- Que je sois seule
avec toi.
Un sourire triomphal éclaira
le visage de l’acteur.
- Eh, vous avez entendu
là-dedans ? fit-il à ses groupies et à ses gardes du corps, Stacy me veut
pour elle seule, ce soir, alors descendez, bordel ! Descendez tous avant
que je vous botte votre putain de fion !
Dans un silence consterné,
tout le monde s’exécuta et je crois que si les trois nanas avaient eu à portée
de main un AK47, elles auraient sans état d’âme vidé leurs chargeurs sur moi.
En professionnel
consciencieux, Trevor tenta de convaincre son employeur de revenir sur sa décision.
Leonardo l’envoya paître puis, après que je l’eus rejoint dans le véhicule, il
démarra brutalement.
- Yee Pa !
hurla-t-il comme un cowboy sur son cheval fougueux.
Après le premier virage,
Leonardo m’annonça qu’il avait beaucoup apprécié que je fasse le rapport entre
son dernier film et there will be blood. Sur le plan de la performance
d’acteur, Daniel Day Lewis et lui avaient placé la barre très haut et,
actuellement, il ne voyait personne sur le circuit capable de produire
l’équivalent.
- Tu sais que sur le
tournage, à cause du froid, on a failli m’amputer les couilles, spécifia-t-il
en se les empoignant brusquement. Elles étaient tellement gelées qu’on aurait
dit des cailloux. L’équipe voulait m’envoyer à l’hosto mais j’ai refusé. Et tu
sais ce que j’ai fait ?
- Nan ?
- Je me suis planqué
derrière un sapin et je me suis paluché comme un dingue ! C’était juste
après la scène du combat avec l’ours, un vrai ours, pour ta gouverne. Et ça a
marché ! Porté à ébullition, mon sperme a réchauffé mes boules. Après la
giclée, elles avaient regagné leur volume normal. Comme quoi !
- Je peux les voir ?
Leonardo m’adressa un
sourire concupiscent.
- T’es vraiment une coquine,
toi.
Je ne lui laissai pas le
temps de cogiter et me penchai sur son entrecuisse.
- Une coquine qui sait ce
qu’elle veut, ajouta-t-il en clignant de l’oeil.
Doucement, j’ouvrai la cage
de l’oiseau. Ce salaud bandait déjà comme un malpropre.
- Elle est grosse,
hein ? se vanta-t-il, tout content. Parait-il, Brad en a une plus grosse
mais complétement faignante. Tu confirmes ?
Sans répondre, je lui léchai
le zboub. Il frémit.
- Pour en revenir à ce
que je te disais, ça me fait franchement plaisir de rencontrer une vraie
cinéphile. Comme référence, il fallait le sortir there will be blood.
Généralement, je suis entouré de crétines. Toi, tu en as dans le cerveau... Et
dans la bouche aussi.
Afin d’appuyer son propos,
j’enfonçai son membre dur dans ma gorge. Nouveau frisson de sa part. Malgré sa
volonté de parler, les mots s’arrêtèrent au bord de ses lèvres entrouvertes.
L’espace d’un instant, je le tins, déglutissant son poireau et le renfonçant
dans mon gosier. Sa main me caressa la tête.
D’une voix mal assurée, il
reprit :
- Tu vois, j’ai compris très
tôt que si je voulais devenir un grand acteur, il fallait que je ne tourne
qu’avec de grands réalisateurs, Cameron, Scorsese, Tarantino et j’en passe…
Sa main pressa ma tête,
m’obligeant à ravaler sa poutre.
- Et tu vois, je sais pas si
tu te souviens mais en début de soirée, je t’ai parlé de 2001 l’odyssée de
l’espace...
Pendant cette tirade, alors
que la pression de ses doigts avait faibli, je gardai la bouche pleine, plus
tenace qu’un chien avec son os.
- Et tu vois mon plus grand
regret, continua-t-il, submergé par l’émotion. C’est de ne pas avoir tourné
avec Stanley.
Je pris une grande goulée
d’air. En lui, je sentais la colère monter. Il s’animait. Sa bite tremblait
pareille à un volcan qui se réveille du pied gauche. Ce n’était pas moment de
relâcher mon effort. S’agitant sur son siège, il martela mon palais avec son
gland.
- Quel con tout de
même ! Je venais de faire Titanic
et il meurt ! Qui plus est d’une mort naturelle ! Prends ça
dans les dents, petite salope ! Et encore ça ! Je vais t’en donner de
la mort naturelle ! Tiens ! Et tiens ! Étouffe-toi avec, raclure
de chiotte !
À la limite de l’asphyxie,
je libérai ma bouche de son pipeline gargouillant (entre parenthèses, j’avais
battu mon record d’apnée : une minute et quarante secondes).
Il klaxonna, éclata de rires
et cria :
- Je suis le maître du
mooonnndddeeee !!!!!
Simultanément, un raz de
marée de sperme s’étala sur le pare-brise de la bagnole. D’euphorique, Leonardo
devint livide comme un cancéreux en phase terminale :
- Bordel de merde, je
vois plus rien !
Paniqué, il appuya
brutalement sur le frein. La voiture dérapa et tourna deux fois sur elle-même
comme une toupie. Nous hurlâmes. Fort heureusement, dans ce quartier
résidentiel, la route était large et aucun véhicule ne circulait à cette
heure-là.
Remis de nos émotions, nous
nous regardâmes puis fixâmes la flaque blanche en train de dégouliner sur le
verre teinté, œuvre contemporaine d’une valeur inestimable. Un fou rire
s’empara de nous et il fallut un certain temps avant qu’on regagne notre calme.
- Putain, se contenta
de dire Leonardo en garant sa bagnole et en coupant le contact. Puis il sortit.
Je le suivis, ça puait trop le sperme dans l’habitacle.
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