Du côté américain, on
n’escomptait pas non plus que le vrai président pose ses pieds sur le ring. En
un temps record, une flopée d’ingénieurs militaires construisirent un robot de
combat à l’image de Donald Moumoute. Seul hic, l’original voulait à tout prix
en découdre. Au beau milieu des réunions, il lui arrivait souvent de se dresser
d’un bond, traitant son futur adversaire de tous les noms et effectuant de
ridicules moulinets avec ses poings.
Dans son esprit, il ne
faisait aucun doute qu’il allait gagner, il possédait un direct du droit
dévastateur. De plus, son jeu de jambes était fabuleux, mélange de danse et de
patinage artistique. À la suite de ces vantardises, il se lançait alors dans
une démonstration échevelée, la face rouge et la touffe bringuebalante et
s’arrêtait systématiquement au bout d’une vingtaine de secondes, lessivé.
Il fallut se servir à nouveau
de la ruse du hamburger pour qu’il change d’avis. Du moins pour qu’il accepte
déjà de voir le robot baptisé Moumoutor à l’œuvre.
Dès que la machine, opposée
à une dizaine de détenus provenant de Guantanamo arracha avec sa main le cœur
du premier assaillant, Donald Moumoute fut conquis. Il oublia son idée de
combattre, subjugué par Moumoutor. Quel guerrier formidable ! Il avait
l’air vraiment vivant ! Presque plus vrai que lui-même ! Et quand ses
concepteurs lui précisèrent qu’il était aussi capable de rédiger des tweets, le
président en eut la mèche vibrante. Il faillit embrasser sur la bouche son
double en acier. Déjà, il imaginait la fin de son calvaire, ces nuits blanches
interminables à essayer de produire un message de moins de cent quarante caractères.
Il imaginait également à quelles autres corvées il allait échapper grâce à
cette merveille : les réunions, les réceptions, les interventions, les
discussions en tête à tête (souvent pleines de blancs qui changent les minutes
en heures)... Il allait avoir enfin du temps libre et ainsi, pouvoir partir à
Cancun et se dorer la pilule au soleil (vraiment Donald Moumoute n’était
pas à une contradiction près) !
En attendant cette ère
nouvelle, il se frottait les mains à l’idée de voir bientôt Kon Je Nou la poitrine
perforée et les yeux dilatés par une incommensurable détresse.
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