Extrait 4 du manuel du savoir vivre d'Hugues de la Crêpe :
Une idée préconçue et absurde veut qu’on adopte un comportement exemplaire une fois à l’intérieur de son transport en commun. Comme si les couloirs y menant étaient vides, dépourvus de personnes. À moins qu’il existe des chemins privés dont je n’ai pas connaissance. Je rigole naturellement. Le savoir-vivre doit s’appliquer dès lors que nous sommes en société. Par conséquent, à partir du moment où nous sommes dans l’enceinte du métro. Et là, je veux aborder le sujet délicat de l’escalator. Le prend-on nécessairement ? Et si on le prend comment le prend-on ? Deux questions primordiales méritant deux paragraphes minutieux d’explications.
Ignorant les règles de savoir-vivre, une grande majorité de gens utilisent systématiquement les escalators qu’ils montent, qu’ils descendent ou qu’ils ne fonctionnent pas. Bref, ils se comportent comme des hamsters dans leur roue colorée et c’est bien dommage. En effet, il suffirait de si peu pour qu’ils s’élèvent, quittent leur statut de rongeur crétin. En commençant par exemple par identifier un escalier mécanique acceptable. Deux conditions à cela. D’abord, l’engin doit être propre. Si ses marches et sa main courante ne brillent pas, s’il ne dégage pas une odeur de lavande ou de brise marine, pas la peine d’y monter ! Il est indigne de votre personne.
Pareillement, il ne doit pas faire de bruit. Un escalator qui grince ou qui couine, c’est l’équivalent d’un gaz qui s’échappe malencontreusement de l’orifice honteux d’un individu. Je vous le demande : après un tel acte, adresse-t-on la parole à cet individu ? Non, on l’ignore et on se détourne de lui. Il en va de même pour un escalier mécanique perturbateur. Ceci étant dit, rien ne vous empêche après d’aller voir des agents de la RATP pour leur signaler les différentes anomalies, ici l’escalator assourdissant, là-bas, l’escalator poussiéreux. Ainsi, vous contribuerez à l’amélioration du service et faciliterez l’accès à ces appareils à ceux qui, de plus en plus nombreux, appliquent mes recommandations.
Maintenant, quel comportement adopter une fois qu’on a repéré un escalier mécanique propre et silencieux ? La dernière chose à faire est de s’y précipiter comme s’il s’agissait d’un cheval d’arçons et que vous alliez exécuter une série de figures complexes. Au contraire, on ralentit l’allure et d’un léger haussement du cou, on observe attentivement les gens dessus. Si le nombre d’hommes est supérieur à celui de femmes on se mettra du côté droit de l’escalator. Dans le cas inverse, on se rangera du côté gauche. Attention, il faut respecter une distance d’au moins cinq marches avec la personne qui vous précède. Ceci fait, on exécute un demi-tour (car oui, c’est à reculons qu’on aborde le transporteur-élévateur). Parvenu au bout du palier inférieur on bondit sur la marche en mouvement, les bras tendus au-dessus de la tête. Le geste doit être souple et harmonieux. De la même manière qu’on exige le silence de l’escalator, on fait en sorte de se réceptionner discrètement dessus (pas de « BING » ou de « BAM » tapageurs). Laissez ensuite retomber ses bras le long de son corps et veillez à ce que la personne qui vous suit soit à distance réglementaire (En cas de non respect, pas la peine de monter tout de suite sur vos grands chevaux et de provoquer en duel l’inconvenant.Toussez exagérément. Cela devrait suffire à provoquer sa marche en avant (étant donné qu’il se tient dos à vous)). À mi-parcours, effleurez du bout du petit doigt la rampe et souriez en montrant toutes vos dents.
Le même retournement et saut sont à effectuer à deux marches du palier supérieur. À cette différence près que vos bras sont cette fois-ci tendus en avant et vos yeux plissés, posture du guerrier qui repart à l’assaut (ou de la sconce qui sort de l’hibernation comme on veut).
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