- Très bonne question, François,
fit l’homme étincelant contre toute attente (les seize autres ministres se
laissèrent tomber sur le dossier moelleux de leur chaise regrettant leur couardise).
Maintenant que je suis au pouvoir, je veux faire une action marquante sur le
plan international. Pour montrer aux autres pays que la France est de retour
dans le game (comme il était jeune et dans l’air du temps, il employait souvent
des termes anglo-saxons).
2019/11/10
2019/11/09
Instantané (Métroscopie 140)
Station
pont de l’Alma, le soir. Quatre mendiantes coiffées d’un foulard appuient sur
tous les boutons d’une machine distribuant des boissons et des friandises dans
l’espoir vain d’obtenir quelque chose. Je les fixe pendant de longues secondes,
décelant dans cette scène la remarquable illusion qu’a réussi à créer notre
société à paillettes : Faire croire aux pauvres que les choses sont à
portée de main alors qu’elles ne leurs appartiendront jamais.
2019/11/08
Good bye Argenteuil (Métroscopie 139)
C’est peut-être la dernière fois que je
foule la gare d’Argenteuil. Marrant, je ne ressens aucune émotion. Derrière
moi, une ado chiale. Peut-être ressent-elle instinctivement l’avenir naze qui
l’attend, les trains, les bus et les métros à prendre, les courses vaines dans
les couloirs sombres, les bousculades, le stress, les maux de ventre et, of
course, le salaire misérable.
2019/11/07
Record à battre (Métroscopie 138)
Mon quai est vide, Romi vient de passer.
Comme un zombe, je me poste dans ma zone d’attente habituelle (qui se situe au
niveau des deux derniers wagons du train). S’il n’y avait pas un froid mordant,
je m’endormirai presque à regarder les gens passant à la queue leu leu dans les
tourniquets comme des moutons.
2019/11/06
Méthode de lecture rapide (Métroscopie 137)
Royal ! Au moment où je grimpe les
escaliers menant à la voie number one, Mona entre en gare ! Sur le quai,
entre les gens qui sortent tous azimuts
des wagons et ceux qui veulent y pénétrer, c’est le bordel ! Je me demande
d’ailleurs s’il ne serait pas judicieux d’installer des ronds points et des
panneaux de signalisation afin d’ordonner tout ça.
2019/11/05
La meurtrière délicate (Métroscopie 136)
Petit crachin doux. Devant la gare, les
militants socialistes ne sont plus là. Je suis encore sous le choc d’avoir
entendu un type tout à l’heure dire à un autre : « Moi, j’aime
bien l’éducation nationale ». Néanmoins, je regagne très vite mon instinct
de chacal pour devancer une grosse bonne femme essoufflée au niveau des tourniquets.
2019/11/04
Le râleur (Métroscopie 135)
Un type me tend un tract devant la gare.
Je prends et mate : Ségolène Royal. Comme il n’y a pas de poubelles sur
mon trajet, je survole rapide. Le papier est plein de formules toutes faites et
nazes. Même le vent est plus loquace (parfois je me demande si les concepteurs
de ce genre « de document » ont conscience qu’on ait un cerveau).
2019/11/03
Un président jeune et fougueux (Crise internationale 1)
Inquiets, les ministres s’installèrent à leur place dans la salle. Cette réunion n’avait pas été prévue et aucun n’en connaissait le sujet. Tandis que chacun conjecturait dessus à mi-voix, le président de la République entra, droit comme une canne à pêche de compétition. Il était beau et lumineux. Sans doute venait-il de faire du sport dans la salle de musculation spécialement construite à côté de son bureau dans l’Élysée ? En tout cas, il pétait la forme comme à son habitude ! À tel point qu’il s’était mis à coacher son coach personnel au bout de deux semaines ! Un temps record !
2019/11/02
Mouton (Métroscopie 133)
Oups, mauvais signe. Je croise du monde
sur mon chemin. D’hab’, pas plus de deux ou trois pékins. Soit tout le monde
s’est réveillé super à l’avance ce matin, soit, nettement plus probable, je
suis en retard. Mon cœur se met à battre la chamade et malgré le froid, des
gouttes de sueur glissent le long de mes tempes. Instinctivement, mon esprit
entonne cette angoissante litanie : je cours ou je cours pas, je cours ou
je cours pas, je cours ou je cours pas…
2019/11/01
C’est mieux en retard (Métroscopie 132)
Une femme clown court après son bus. Si
aujourd’hui même pour aller au cirque y’a du stress où va le monde. Sur le quai
de ma gare, je ne reconnais aucune tête dans le cul…J’ai la mauvaise impression
d’être à l’avance. Effectivement, en zieutant le tableau d’affichage des
départs, je remarque que je vais prendre le RER de 7 heures quarante (Romi) au
lieu de celui de cinquante (Mona). Les boules. Commencer la semaine en arrivant
à l’avance est encore plus déprimant que d’être en retard toute la semaine. On
a le désagréable sentiment de se renier.
2019/10/31
Ambiance nouvelle (Métroscopie 131)
Alors que j’arpente le quai de ma gare, hagard, un
hennissement se fait entendre. Hum. Soit ils ont décidé de foutre une ambiance
champêtre en croyant nous relaxer (ce qui n’est pas du tout le cas. Le
hennissement... comment dire... fait se crisper (sans doute parce qu’on a peur
de se recevoir un coup de sabot dans la gueule)). Soit, après un audit de deux
semaines coûtant plusieurs millions d’euros, ils ont estimé que le cheval pouvait
tout à fait exécuter les tâches d’un employé SNCF pour un salaire diminué de
moitié.
2019/10/30
La nouvelle qui tue (Métroscopie 130)
Ouch ! le siège du wagon sur lequel
je m’assois est froid ! Un jour, il faudra penser à créer un détecteur de
siège qu’une personne a occupé quelques minutes auparavant.
2019/10/29
Le complot des costards cravates (Métroscopie 129)
Mains dans les poches, je remonte un courant de collégiens
dans les vappes. La nuit enveloppe encore les cités banlieusardes. Des gens qui
doivent habiter près de leur taff ou alors sont au chômage, baladent leurs
cleps. Il y a aussi une femme de ménage qui nettoie les vitres des portes
d’entrée d’un immeuble avec son chiffon usé et multi-tâches. Je m’arrêterai
bien boire un café dans un rade mais si je m’exécute, je rate Mona et ça, c’est
impensable. Mona est le dernier RER qui me permette d’arriver pile-poil à
l’heure au boulot (et donc de conserver ma dignité)… S’il n’arrive pas en
retard.
2019/10/28
Retour du monde (Métroscopie 128)
Ca y est, le monde est revenu. J’essaie de deviner dans
les expressions des visages, qui est là depuis la semaine dernière et qui
commence à bosser aujourd’hui. Pas très dur. Les gens de la première catégorie
ont l’air résignés et absents, ceux de la seconde affichent une grimace de
dégoût et de prémisses de gerbe... Bah, ça leur passera d’ici deux, trois
jours.
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