L’idée était pourrie. Donner rendez-vous au Trocadéro aux
supporters du PSG pour fêter le titre de champion de France ne pouvait que
partir en sucette. D’ailleurs, les patrons de bar de l’endroit l’avaient
pressenti, baissant les rideaux de fer de leurs établissements.
2013/05/14
2013/05/11
La femme du coin (Scène de vie 11)
Elle s’est installée dans un coin, contre la
vitre de la façade. À la façon mécanique dont elle s’est dirigée vers la table,
on devine que c’est sa place. Elle aurait pu y aller les yeux fermés. Et elle
aurait certainement tiqué si une personne s’y était trouvée, sans gêne
provocatrice.
Mécaniquement, le vieux garçon ventripotent s’approche d’elle. Il a le visage rouge et blasé. Sa tenue négligée comporte des taches. Quand les clients se font rares, il se poste devant le comptoir et regarde le match de foot sur l’un des grands écrans quadrillant la salle.
À cause du temps maussade, la terrasse est en grande partie vide. Trois magrébins discutent, emmitouflés dans leurs volumineux anoraks. Une femme d’âge mûr et excitée fait des va et vient entre la table et le coin tabac, achetant des gratte-grattes. Un SDF barbu tend un récipient en plastique aux passants pressés et indifférents.
À cause du temps maussade, les clients sont pingres. Ils renâclent à donner un pourboire et quand ils le font, le pourboire est minable. Quelques pièces jaunes aux reflets pâles. Le vieux garçon fait la tronche à cause de ça. Et également à cause de la journée qui s’étire en longueur, qui refuse de finir, qui s’obstine dans le surplace. Il est à peine quinze heures. Un vent rageur balaie la terrasse contraignant les magrébins à plier l’échine. Les nuages de fumée qu’ils expulsent par leurs bouches se déchirent et rendent l’âme.
Au bout de l’avenue, une nuée de véhicules irascibles s’entassent en attendant l’assentiment lumineux d’un feu de signalisation. Des édifices en verre déserts aux logos absurdes se disputent avec les arbres qui reverdissent les regards sans buts. Le gris pesant du ciel, du trottoir et des murs enfle dans les têtes tandis que le froid tenace peaufine ses morsures. Le SDF obtient une cigarette.
Mécaniquement, le vieux garçon ventripotent s’approche d’elle. Il a le visage rouge et blasé. Sa tenue négligée comporte des taches. Quand les clients se font rares, il se poste devant le comptoir et regarde le match de foot sur l’un des grands écrans quadrillant la salle.
À cause du temps maussade, la terrasse est en grande partie vide. Trois magrébins discutent, emmitouflés dans leurs volumineux anoraks. Une femme d’âge mûr et excitée fait des va et vient entre la table et le coin tabac, achetant des gratte-grattes. Un SDF barbu tend un récipient en plastique aux passants pressés et indifférents.
À cause du temps maussade, les clients sont pingres. Ils renâclent à donner un pourboire et quand ils le font, le pourboire est minable. Quelques pièces jaunes aux reflets pâles. Le vieux garçon fait la tronche à cause de ça. Et également à cause de la journée qui s’étire en longueur, qui refuse de finir, qui s’obstine dans le surplace. Il est à peine quinze heures. Un vent rageur balaie la terrasse contraignant les magrébins à plier l’échine. Les nuages de fumée qu’ils expulsent par leurs bouches se déchirent et rendent l’âme.
Au bout de l’avenue, une nuée de véhicules irascibles s’entassent en attendant l’assentiment lumineux d’un feu de signalisation. Des édifices en verre déserts aux logos absurdes se disputent avec les arbres qui reverdissent les regards sans buts. Le gris pesant du ciel, du trottoir et des murs enfle dans les têtes tandis que le froid tenace peaufine ses morsures. Le SDF obtient une cigarette.
2013/04/25
Récupérer son manuscrit (Scène de vie 10)
Le patron portugais et son fils me jettent le même regard
outré : Mais évidemment que Cristiano Ronaldo est le meilleur joueur du
monde !... Il y avait bien longtemps que je n’étais pas venu dans cette
brasserie. A part le fils du patron qui a grossi rien n’a changé. Les plats,
surtout, sont toujours aussi copieux.
Dans mon assiette, trois épaisses tranches de rôti de veau superposées émergent d’une sauce rougeâtre coincée entre une montagne de salade composée et une autre de pommes de terre dauphine. Je vais sans doute prendre cinq kilos. Mais qu’importe, j’ai besoin de force aujourd’hui. Je commande d’ailleurs une deuxième bière, histoire d’atténuer mon angoisse.
Pour une fois, les faits divers dans le journal ne m’absorbent pas. Je peine à les lire et les mélange. Est-ce qu’un animateur célèbre de TV a bien braqué une boulangerie ? Et l’agresseur au marteau a-t-il péri sous une avalanche en faisant du hors piste ?
Le patron me propose un dessert. J’hésite, pensant à ma ligne (je me sens ballonné en ce moment, pas très bien dans ma peau). L’homme sec m’assure que c’est le dessert le plus léger du monde, que je ne vais rien sentir. J’abdique. Un pot rempli de fromage blanc, de miettes de gâteaux et de caramel remplace mon assiette vide… Bah, au point où j’en suis.
Dans mon assiette, trois épaisses tranches de rôti de veau superposées émergent d’une sauce rougeâtre coincée entre une montagne de salade composée et une autre de pommes de terre dauphine. Je vais sans doute prendre cinq kilos. Mais qu’importe, j’ai besoin de force aujourd’hui. Je commande d’ailleurs une deuxième bière, histoire d’atténuer mon angoisse.
Pour une fois, les faits divers dans le journal ne m’absorbent pas. Je peine à les lire et les mélange. Est-ce qu’un animateur célèbre de TV a bien braqué une boulangerie ? Et l’agresseur au marteau a-t-il péri sous une avalanche en faisant du hors piste ?
Le patron me propose un dessert. J’hésite, pensant à ma ligne (je me sens ballonné en ce moment, pas très bien dans ma peau). L’homme sec m’assure que c’est le dessert le plus léger du monde, que je ne vais rien sentir. J’abdique. Un pot rempli de fromage blanc, de miettes de gâteaux et de caramel remplace mon assiette vide… Bah, au point où j’en suis.
2013/04/05
Le sac plastique (Scène de vie 9)
Cinquième étage d’un immeuble. Je me mets au balcon pour
humer l’air de cette fin de journée. Dans le ciel, des nuages bruns dégringolent,
comme trop lourds, remplis de plomb et d’acier. Plus bas, la cours circulaire est
vide. Enfin pas tout à fait.
2013/03/21
Eloge du dopage
Pour ceux qui observent avec attention les hommes et leurs
comportements, il est amusant de noter qu’au sujet du dopage dans le sport, suivant
les circonstances, ce sont les mêmes qui condamnent violemment le dopage –
lorsqu’un cas de dopage est révélé - et
ce sont les mêmes qui s’extasient telles des vierges devant un acteur
bodybuildé lorsqu’un record a été pulvérisé. Ne soyons pas dupes. Plus. Ni
hypocrites. Assez. Non. Il suffit. Temps mort.
2013/03/08
Le caillou
Les
gens ne me calculent pas
La
plupart bute sur moi sans le faire exprès
J’exécute
des roulades plus ou moins chaotiques
Ou
dans la chaussure de l’étourdi m’infiltre
Contrariés
certains shootent sur mon corps indéterminé
Mon
dos pourrait être ma tête
Et
mes fesses ma poitrine
Je
n’ai ni z’yeux, ni bras
Pourtant
j’aurais aimé un jour porter des lunettes
Une
chemise
Personne
ne m’a peint ou chanté
Ou
écrit sur moi un livre
Je
n’ai jamais inspiré un poète
Un
cinéaste ou un musicien
Ceux
qui, par mégarde, m’emportent
Me
rejettent au loin bien vite
En
me maudissant à haute voix
Parfois
des animaux m’avalent
Puis
me régurgitent
Je
ne suis pas nourrissant
Et
n’ai aucune valeur
C’est
la raison pour laquelle on me méprise
Ai-je
été un jour la cause d’une guerre ?
Et
pour me rendre hommage a-t-on élevé d’extravagants édifices ?
Non,
ricaneraient les sages
Ce
serait totalement stupide
Pourtant,
j’ai plus de 100 millions d’années
Et
j’ai fait fortuitement le tour de la terre
A
plusieurs reprises
Je
suis indestructible.
Exercice de sexe n°2 : Brad Pitt, l'arbre et la truie
La nénette m’avait
bien chié dessus. Je l’avais pourtant draguée pendant de longues heures avec le
raffinement d’un gentleman et la délicatesse d’un aristocrate désargenté. Elle
m’avait envoyé bouler.
2013/03/04
2013/02/28
Le bar (Scène de vie 8)
C’est
un bar de déglingos
Les
touristes asiatiques n’y mettent pas les pieds
Préférant
la brasserie rutilante à l’angle de l’avenue
Avec
ses serveurs en tenue proprette
Les
recalés de la vie s’y rassemblent
Asile
au milieu de ce bourbier infâme
Oasis
dans cet ahurissant bordel
Ils
viennent des habitations pas chères
En
briques jaunes ou rouges, aux crasseuses fenêtres
Situées
derrière les rails du tramway qui font comme une frontière
Il
y a cet homme à la gueule fracassée qui fume comme un pompier
Cette
vieille maigrichonne a
vec son béret vissé sur la tête
Qui
boit uniquement des kirs
Ce
petit vieux couperosé et son compère, grand lecteur du Parigo
Monsieur
Pérache, employé dans un ministère
Les
deux cantonniers, Jérôme et Mickaël
Christophe,
Raymond, Ibrahim, Aziz, Marie-Hélène
Ils
restent le temps qu’ils veulent dans le commerce
Scellée
au plafond, une télé diffuse en continu les infos
Les
patrons changent la chaîne quand passe un match de foot
Abdel
qui s’occupe de la cuisine supporte Marseille
J’y
vais régulièrement
Je
m’installe dans un coin, silencieux
Et
bois mon café en contemplant
Des
heures durant
La
rue
Le
tram qui passe et repasse
Ces
naufragés touchants qui se laissent dériver
Indifférents
au sort qui les attend
Et
à eux-mêmes
2013/02/27
Le top 7 des insultes de footballeurs
1 « Va vendre des gaufres avec ta sœur à la
Bourboule ». C’est, parait-il, ce qu’aurait dit Materazzi à Zidane lors de
la fameuse finale du mondial allemand. Tout le monde sait que les footballeurs
détestent les gaufres et s’il y a bien un lieu où ces millionnaires
refuseraient d’aller même avec une prime conséquente c’est bien à la Bourboule
(ville où les gens meurent souvent de crises cardiaques d’ennui). Double chouma
donc à qui est destinée cette insulte. On comprend alors certains réflexes coup
de boulistiques.
2013/02/26
L'ultime bandaison
Les hommes cherchent
souvent un sens à leur vie. Qui sommes nous ? D’où venons-nous ? Où
allons-nous ? sont les questions primordiales qu’ils se posent à certains
moments de leur existence, leur donnant l’expression grave des statues antiques
au visage. Pour les non croyants, le silence qui suit ces questions suscite une
terrible angoisse. Aussi, parmi ces gens, quelques-uns ont décidé de prendre
les choses en main. Ils se sont réunis autour d’un bon gueuleton et ont décidé
de constituer des groupes : le premier groupe serait chargé de répondre à
la question « Qui sommes-nous ? », le second à la question
« D’où venons-nous ? » et le troisième à la question « Où
allons-nous ? ».
2013/02/22
2013/02/21
2013/02/20
Rencontre avec Anelka (Scène de vie 7)
J’ai rencontré le
sosie d’Anelka sur la ligne 3 : D’abord j’ai cru que c’était vraiment lui.
Il était adossé aux portes du wagon, écoutant son lecteur MP3. Habillé classe,
vraiment très classe. Détendu aussi, super détendu. Le type venait sans doute
de sortir de la douche et du massage après des jeux de ballon pépères.
Inscription à :
Articles (Atom)