La nénette m’avait
bien chié dessus. Je l’avais pourtant draguée pendant de longues heures avec le
raffinement d’un gentleman et la délicatesse d’un aristocrate désargenté. Elle
m’avait envoyé bouler.
Bien sûr, j’avais bien tenté de remonter le fatal
contre-courant en avançant que j’étais le troisième meilleur coup de la terre
(dire qu’on est le premier fait présomptueux et deuxième looser. Dans
l’imaginaire collectif féminin, le troisième, quelque soit sa spécialité, a le
potentiel pour devenir un jour ou l’autre premier… A condition qu’il se bouge
un peu le uc). Peine perdue. De glace, elle m’avait dit : « Non,
non, franchement, tu me plais pas. Si encore tu avais une vague ressemblance
avec Brad Pitt ». Ce n’était plus la peine d’insister. Dans l’imaginaire
collectif féminin, Brad Pitt est le meilleur coup de la terre. Je me suis barré
avec ma bouteille de rhum vers d’autres horizons. Qu’elle aille se faire mettre
par un sosie de Brad Pitt, cette conne. J’ai remonté au pif un sentier qui
serpentait dans la forêt tout en buvant des petites gorgées de rhum et en
maudissant les acteurs blonds d’hoolywood. On n’y voyait pas à trois pets de
distance tellement il faisait noir. Je crois que si j’avais rencontré Brad Pitt
je l’aurais salué puis lui aurais proposé de trinquer avec moi sans
m’apercevoir de son identité. Au supermarché des bonnes étoiles et des anges,
les blonds ont tout raflé à l’ouverture. Ces enculés n’ont même pas laissé une
miette d’aile à leurs confrères. Les pauvres ont dû se rabattre sur le
supermarché des blagues ouvert 24 heures sur 24 et discount. Visiblement, le
rhum ne favorisait pas les envolées spirituelles. J’avais une putain de gaule.
J’avais une putain de gaule à en perforer mon jean et mon caleçon. J’étais prêt
à me faire un tronc d’arbre même s’il avait une préférence pour Brad Pitt. Ou
même un cactus mais ici y’en avait pas. Bref, j’étais méga motivé. Deux grosses
gorgées de rhum et je sors mon braque bien lourd et bien content (comme le
clebs, le sexe de l’homme adore le plein air). Mon choix s’arrête sur un pin au
bout de mon nez. Je m’approche fixant son tronc sexy. « T’es bien
roulé » dis-je en l’étreignant tendrement. A cet instant, j’entends
derrière moi les feuillages bruisser. Je me retourne. Une truie me regarde
l’air enjôleur. Je zieute le pin puis l’animal. « Désolé » fais-je au
végétal « Mais y’a pas photo ». La trique rangée, je me dirige vers
l’animal qui s’enfonce dans un buisson. Ah, ah, la cochonne est pudique et
soucieuse de sa réputation. Je double-trique puis m’enfonce à mon tour dans le
buisson. Si j’avais bien compté, la femelle devait avoir huit tétons. C’était
comme si j’allais niquer avec quatre femmes ! Un filet de bave à la
bouche, je surgis du buisson tel le diable de sa boîte ! TIN TIN ! La
truie est allongée sur le flanc, complètement abandonnée. Plein de fièvre, je
m’apprête à l’entreprendre lorsque j’aperçois plusieurs porcelets se jeter comme
des morts de faim sur les pis de leur maman. Big débandade ! Les yeux de
la truie cillent. Ils disent : « Franchement ç’aurait été avec
plaisir, t’es pas mal équipé je l’ai vu tout à l’heure, mais j’ai une famille
et des responsabilités, le cul passe après ». Me grattant l’arrière de la
tête, j’ai élevé ma bouteille de rhum à ma bouche. Elle était vide. J’avais
même pas remarqué. Je me suis approché de maman truie, lui ai foutu deux
petites tapes à la cuisse et ai tourné les talons…
Y’a des jours comme
ça, faut savoir être fair-play.
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