Au bout d’un moment on est fatigué des réponses négatives et
anonymes des maisons d’édition (quand elles répondent). Surtout lorsqu’on est
parvenu à une certaine maîtrise de son art.
Le problème est que les maisons d’édition n’ont pas les
moyens de faire face aux arrivages toujours plus croissants de manuscrits.
Forcément, elles écrèment et cet écrémage est sauvage (je repense à cette scène
d’un reportage sur les maisons d’édition où l’on voit un vieux type blasé et
croulant chargé de cet écrémage mettre de côté un manuscrit après la lecture de
deux phrases). La chance pour que son texte intéresse un éditeur est donc
extrêmement faible. Pour ne pas dire quasi inexistante. L’exemple du type qui a
envoyé son manuscrit par courrier et qui est édité demeure l’exception qui
confirme la règle.
Je reste convaincu que pour être édité, il faut être en
contact avec des gens dans l’édition. Et c’est tout à fait naturel. Fréquenter
l’autre, le connaitre, n’est-ce pas également découvrir son univers ? De
plus, en rencontrant d’abord les gens, on suscite en eux l’envie d’en savoir
plus sur votre personne et donc sur vos écrits (même si l’un et l’autre n’ont
strictement aucun rapport). Le blème, c’est que ces gens ne veulent pas
forcément vous voir (et pour cause ! elles savent très bien que cela peut
influer sur leur jugement). Et puis on n’est pas obligatoirement d’un naturel
extraverti.
Que faire alors ? Dans mon cas, soit je continuais à écrire
dans mon coin et à attendre qu’un jour peut-être, un de mes écrits soit lu
totalement et corresponde à la politique éditoriale du moment d’une maison
d’édition (sans que cela me garantisse grand chose). Soit je profitais du
développement de l’e-book pour publier mes œuvres. Le choix fut vite fait. Même
si j’appartiens à la génération qui lit encore des livres papier, en tant
qu’auteur, la publication électronique m’a offert de nouvelles perspectives.
Déjà plus besoin de passer par un intermédiaire pour être publié. Deuxième
point important, j’ai un accès direct avec les lecteurs (même si en réalité c’est
plus compliqué que ça). Enfin, dans ma façon d’écrire, je m’y retrouve (en
effet, j’écris par séries – il y a la série histoires noires qui sont des
contes pour enfants qui ne finissent pas toujours bien, les Super Filles, pôvre
Rémi, le grand Marco, le détective privé Ricky Bone etc… Or comment écrire une
suite, si déjà la première histoire qu’on a écrite n’intéresse pas les
professionnels et n’est pas publiée ?).
Bref, ces trois données ont fait pencher la balance en
faveur de cette formule.
A ce jour, j’ai publié huit écrits sur Amazon. Il est encore
trop tôt pour savoir si, au niveau « du public touché », j’ai eu
raison de prendre cette décision. Cependant, il y a un effet bénéfique indiscutable, je
suis entré dans une dynamique. Bien que l’écriture soit avant tout pour moi un
besoin, je n’ai plus le sentiment d’écrire dans le vide. Et ça, déjà, ça m’a donné
un inestimable coup de fouet !