Deux petits vieux s’installent à la terrasse
déserte d’un café.
Lui est noir, maigre, avec une barbe blanche
et porte un costume en velours jaune
trop grand.
Elle est vêtue d’une veste courte et sombre
qui doit avoir son âge, d’un jean et de tennis bon marché. Sa paire basique de
lunettes lui mange le visage.
C’est le jour du marché. La grosse fromagère
grelotte derrière son étalage. Des clients aux mines renfrognées passent en
coup de vent dans l’allée, mal fringués comme s’ils avaient quitté leur lit
dans l’urgence.
Un vent frisquet fait claquer les bâches.
L’une des tables rondes de la terrasse est recouverte d’une flaque d’eau de
pluie. Une goutte tombant d’on ne sait où la froisse.
Le petit vieux et la petite vieille
commandent le café.
Elle boit d’un trait sa boisson puis s’allume
une clope. De la fumée s’échappe de tout son visage qui, au contact de l’air,
se morcèle et se désagrège.
Lui suçote sa tasse. Il est tordu sur sa
chaise, fil de fer usé et indémêlable. Ses mains tremblent.
Ils ne se regardent pas
.
.
Régulièrement, elle se nettoie l’oreille,
tirant sur sa tige comme si elle contenait de l’oxygène. Et sa peau recrache.
Le petit vieux termine son café.
Alors, toujours silencieux, ils se lèvent, se
prennent la main et s’éloignent.
Dans sa tasse, la petite vieille a planté leurs
bâtonnets de sucre comme un bouquet de fleurs.
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