Quand il est entré dans la classe, on
s’est regardés avec Mustapha. Je crois qu’on n’avait jamais vu ça.
Le prof portait un bas de survêt Nike
et des tennis Puma rouges vachement flashantes. Il avait aussi un sweat sur
lequel était dessinée la face méchante du Blade et une casquette à l’envers. Il
a posé son sac à dos par terre, s’est tourné vers nous et nous a tous
dévisagés.
Personne n’a moufté. Faut dire, à la
rentrée personne ne moufte, on attend encore un peu. Mais là, quand même,
y’avait de quoi...
Merde, qu’est-ce que c’était que ce
prof ?
Fadhila m’a fait un clin d’œil. Fadhila
est amoureuse de moi, mais j’ai pas l’intention de coucher avec elle. Ou alors
faudra qu’elle me paye... et en liasses de billets, s’vous plait !
« Ok, les branlos » a fait le
prof « Je m’appelle Olivier Lelour. J’suis vot’ prof principal et
j’enseigne le french... Je répète : Lelour, celui ou celle qui fait une
faute dessus, c’est ma main dans la gueule, pigé ? »
Silence.
Le prof a souri. Il a fouillé dans la
poche de son bas de survête et en a sorti un paquet de clopes. On s’est à
nouveau regardé avec Mustapha.
« Quelqu’un a du feu ? »
a demandé le prof, mine de rien.
Silence encore.
« Bordel ! » s’est
énervé le prof « Vous allez pas me dire que personne ne fume
ici ! »
Là, Dephine a pas pu s’empêcher
d’intervenir : « Mais m’sieur, c’est interdit de de fumer en
classe ! »
Le prof s’est direct mis en face
d’elle. Delphine n’en menait pas large.
« Va au tableau ! » lui
a t-il ordonné en se foutant la clope dans la bouche. Delphine était tétanisée.
Mais je la comprenais : qui a envie d’aller au tableau le jour de la
rentrée.
« Va au tableau ! » a
répété le prof, super durement.
Delphine avait presque les larmes aux
yeux, mais elle y est allée.
« Et maintenant écris mon nom, toi
qui te crois si maline » a continué le prof, avec un sourire sadique.
« Mais... » a fait Delphine.
« Y’a pas de mais ! »
l’a coupé le prof. Puis il a sorti de son autre poche un briquet et s’est
allumé sa clope.
Delphine a pris une craie et a commencé
à écrire le nom du prof. Sa main tremblait. Elle pleurnichait un peu aussi.
Le prof s’est approché d’elle. C’était
une masse, il faisait facile le triple d’elle. « Ca y est, t’as fini, la
maline ? ». Toujours un peu chialante, Delphine a regardé le nom
qu’elle venait d’écrire. Sa main tenant la craie s’est approchée du tableau
puis est revenue le long de son corps. Delphine a acquiescé. Le prof a regardé
le tableau puis Dephine. Sa grosse main a commencé à s’élever dans les airs.
« Non ! » a gémi Dephine en se cachant le visage. Mais à la
place d’une claque, c’est un nuage de fumée qui lui est allé dessus. Le prof a
ricané puis a dit : « T’as de la chance, la maline... Tu as
écrit correctement mon nom. Retourne à ta place ».
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