J’habite un immeuble en banlieue. Le truc
date des années 70, une longue barre blanche constituée de matériaux fragiles.
D’un côté, le parking, de l’autre un cimetière, pas très loin un centre
commercial puis d’autres immeubles, plein d’autres, l’air mal foutus, bizarres.
Des fois, je me demande si les gens qui y habitent sont aussi mal foutus que
leurs bâtiments. Et s’ils ne font pas des trucs bizarres dedans. Genre, des
trafics de pailles ou d’emballages Mac do. Je me demande s’ils poussent des
cris dans les cages d’escaliers comme des dingues en liberté. Ou si au
contraire ils s’entêtent dans le silence, laissant la parole à leurs
téléviseurs tout le temps allumés. Je me demande aussi si ce n’est pas eux que
je vois errer dans le cimetière ou garer leurs bagnoles ou promener leurs clebs
ou faire les courses au centre commercial. Ils ne sont pas si loin d’où je
crèche, après tout. Je parierai même que certains d’entre eux ont acheté un
logement dans mon immeuble, une fois pour voir, pour changer. J’imagine qu’ils
ont été déçus. Au fond, ici ou là-bas c’est du pareil au même. Ils ont dû
trouver chez les occupants d’ici des manies strange. Un type qui passe son
temps à déformer les tringles. Une nana qui rougit, allez savoir pourquoi, à la
vue des boîtes aux lettres. Et ils ont dû se sentir mal à l’aise. Comme là-bas,
chez eux. Comme partout, en fait. Moi, c’est pour ça que je ne pars pas. A quoi
ça sert ?
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