Au clou du spectacle, Élodie s’était
installée à une table en terrasse. Il ne l’aurait pas reconnue si la jeune
femme ne l’avait pas hélé. Elle était toute pimpante avec ses lunettes rouges
et ses cheveux noirs et bouclés. Et surtout ses gros nichons. Étonnamment, Étienne
n’en avait pas gardé le souvenir. Peut-être avait-elle subi une
opération ? Quoi qu’il en soit, c’était une très bonne surprise.
Ils se firent la bise.
- J’ai trop la dalle, l’informa Élodie.
Partant pour une assiette de charcuterie ?
Étienne acquiesça puis lui tendit le DVD.
Elle examina la jaquette attentivement. Une
expression bizarre passa furtivement sur son visage. Un mélange
d’insatisfaction et d’agacement.
- Alors tu as aimé ? lui demanda-t-elle
avec un sourire charmant.
- Je ne dirais qu’une phrase, rétorqua-t-il,
j’ai A-DO-RÉ !
Son sourire s’élargit :
- Génial, non ?
- Brillant. Absolument brillant. De A à Z.
- Brad Pitt est méconnaissable. Je ne pensais
pas qu’il était capable de jouer comme ça. Quant à Sean Penn, égal à lui-même.
Bien qu’il ne se rappelait pas que Sean Penn
était dans le film, il approuva.
Une douce chaleur les cajolait,
exceptionnelle à cette période de la saison. À côté d’eux toutes les tables
étaient occupées. Un grand nombre de passants flânaient s’arrêtant parfois pour
étudier les prix des menus des restaurants.
- Pour ce film, Malick est parvenu au sommet
de son art, reprit Élodie. T’as vu ces incroyables mouvements de caméra. Cette
fluidité ! On a l’impression que le regard coule. Et puis paf ! D’un
coup il s’arrête et devient contemplatif. J’ai adoré cette scène où, de la cime
d’un arbre, on voit les enfants jouer. Comme si le végétal les protégeait du
monde cruel des adultes par son regard bienveillant.
Elle marqua une pause, attendant une réaction
d’Étienne.
- Et moi, bredouilla-t-il, j’ai bien aimé
quand on voit le dinosaure.
Il se gratta nerveusement la tempe.
- C’était vachement impressionnant.
Elodie sourit.
- Ouais, à donf !
Pour accompagner leur plateau de charcuterie
ils prirent deux pintes de bière. Petit à petit, leurs langues se délièrent.
Ils parlèrent de tout et de rien et se racontèrent chacun un peu leur vie (plus
lui qu’elle d’ailleurs). Un bon feeling passait entre eux et il se dit qu’il y
avait moyen d’approfondir leur relation. À la fin de leur troisième bière, il
lui proposa d’aller revoir le film chez lui.
Elle éclata de rire :
- C’est une bonne idée mais je préférerai
chez moi.
- J’ai un écran HD.
- M’en fiche. En plus, je risquerai de
l’oublier et ça annulerait tous nos efforts. Non, on va chez moi.
Il sut qu’il n’y avait plus à insister.
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